Deux Lambertois ont métamorphosé leur maison de plain-pied. Ils lui ont ajouté deux ailes qu'on distingue à peine du bâtiment original en passant devant, rue Dulwich. S'envolera-t-elle au prix demandé de 1 487 000$?

Marie-Josée Germain, 49 ans, et Mario Noël, 50 ans, ont payé cette maison 382 200$ en 2008 - pour une surface habitable deux fois moins grande.

Ils travaillent dans l'aviation et se disent passionnés de rénovation. C'est leur deuxième projet ensemble.

«On a dépensé 1,2 million», estime M. Noël qui se dit «très imbécile de ses mains, mais extrêmement difficile».

Dans l'intimité de son salon, Mme Germain révèle qu'elle a été diagnostiquée d'un cancer. Elle s'estime chanceuse. De s'en être remise, évidemment. Chanceuse aussi d'avoir eu l'occasion de focaliser son attention sur autre chose que la chimiothérapie pendant les 14 mois qu'ont duré ces travaux.

«Le soir, on prenait des marches et on venait nettoyer le chantier. On balayait, on mettait les poubelles au chemin. Quand les ouvriers revenaient le lendemain, ils avaient leurs bouteilles d'eau dans le frigidaire», dit-elle.

Les deux logeaient dans une résidence louée près de là, question de ne pas habiter le lieu à rénover. «Sinon on est toujours pris à rabouter, à faire venir l'électricien trois fois plutôt qu'une...»

Extérieur ton sur ton

Un certain Pierre Dansereau a conçu l'aménagement paysager. Des plantes entourent la piscine. Certaines branches tombent dans l'eau salée, à la demande des propriétaires, qui ne voulaient pas d'un trottoir. Trop commun.

L'extérieur en brique et en pierre n'a pas changé, sauf pour du lambris de peuplier jaune torréfié ajouté en façade. Des maçons ont refait les joints. Ils ont récupéré les briques retirées lors de l'agrandissement, pour les réutiliser. Il en manquait pour compléter leur travail. Alors ils en ont intégré de nouvelles, brunes, orange, beiges... Résultat? Une trame qui se fond plutôt bien dans le paysage. Saint-Lambert peut dormir tranquille.

M. Noël avait lu dans La Presse un article parlant de «panneaux isolants structuraux» fabriqués à Victoriaville (par Prestige Panel Solution). Ces sandwiches de mousse, qu'on imbrique les unes dans les autres, isolent désormais les murs et la toiture. Les effets de cette métamorphose se font surtout sentir à l'intérieur.

En effet, ce qu'on appelle l'entretoit a disparu, exposant tous les conduits de ventilation.

De nombreuses poutres en acier et sources de lumière artificielle donnent au visiteur l'impression de se trouver dans un club de nuit ou sur le plateau de tournage d'un film de science-fiction.

Mode oblige, la plupart des planchers sont en béton, lustrés de trois couches d'époxy. Radiants partout!

Nouvelle décoration

Les propriétaires croyaient avoir trouvé «leurs» acheteurs il y a quelque temps, mais la transaction espérée a fait chou blanc. Entre-temps le bleu des pièces communes s'était démodé, glisse Mme Germain. La déco «datait de deux ans»... Alors ce fut reparti mon kiki.

Le designer Andy Rioux est venu récemment actualiser le look du salon, de la salle à manger et du coin repas avec du blanc (assises des banquettes, murs) au lieu du bleu.

Le trio a conservé l'essentiel de la cuisine comme les comptoirs en granit gris et la table du coin repas, en quartz noir. Des galets de rivière, peints noirs comme le plafond, délimitent le coin repas sur le sol.

De l'ardoise - autre produit très tendance - recouvre le vestiaire érigé devant l'entrée du garage, près de l'aile des enfants.

L'aile des enfants

C'est l'aile la plus spacieuse des deux. Elle abrite deux chambres au niveau supérieur. Des lofts plutôt: il y a une mezzanine pour les matelas et en dessous, un séjour et des rangements personnalisés. Des échelles en fer forgé permettent d'accéder aux deux mezzanines. Sylvain Roy (Le Forgeron de Mirabel) a réalisé l'ensemble du mobilier métallique.

Il faut descendre au sous-sol pour trouver une troisième chambre et les salles de bains. Corrigeons: c'est une salle de bains et demie, l'une avec WC et lavabo séparés, l'autre avec douche et comptoir-lavabo sans WC. Tout cela pour accommoder les trois jeunes adultes qui vivaient ici lors des travaux. (Trois des cinq membres de cette famille reconstituée résident toujours dans la maison.)

«Il n'y a aucun fil qui pend», souligne M. Noël dans la salle de jeux équipée d'un téléviseur suspendu près d'une table de billard. Une grande cuisinette flanque ce lieu. Moult suspensions éclairent un bar flambant neuf. Localisée sous le bâtiment d'origine, cette section du sous-sol abrite aussi des salles de cinéma maison et de lavage.

L'aile des parents

Chose inhabituelle, la salle de bains des maîtres et leur penderie se trouvent complètement isolées sous leur chambre. Oui, au sous-sol. «Mario et moi travaillons sur des horaires variables. On a moins l'impression de déranger l'autre quand on se lève la nuit pour prendre une douche.»

Il faut donc emprunter d'autres escaliers que ceux de l'aile des parents pour rejoindre les autres parties du sous-sol. Original, vous dites?

Cette habitation, les propriétaires se sont amusés à la rendre spéciale. Les marches de l'un des trois escaliers sont faites de «verre éclaté» translucide. Ce n'est là qu'un exemple de leur volonté d'étonner.

M. Noël conclut l'intrigante visite en opinant que «c'est une maison pour un intraverti». De l'extérieur, elle n'a l'air de «rien». Mais à l'intérieur...

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La propriété en bref

Prix demandé: 1 487 000$

Année de construction: 1954 ou 1955

Nombre de pièces: 16 dont 4 chambres + 1 salle de bains et demie + 2 salles d'eau

Évaluation municipale (2011): 690 000$

Impôt foncier (2011): 8830$

Taxe scolaire (2010): 1998$

Contact: Richard Neault, Re/Max du Cartier, 514-706-4663