Lyse Jalbert, 60 ans, a la beauté des descendantes des Filles du Roi transplantées au Saguenay. Jambes fines, teint de porcelaine. Sa vie a changé quand son mari a trouvé du travail en Afrique.

«On a fait appel à moi pour participer au démarrage de projets miniers en Afrique de l'Ouest», explique André Beaulieu, yeux bleus, d'un ton calme. C'était dans le nord de la Guinée en 1990. «Cela nous coûtait 25$ US la minute pour appeler au Québec avec un téléphone satellitaire. Mais une bonne bouteille de chablis coûtait 2$.»

Son expérience dans le domaine minier l'a mené en Indonésie puis en Nouvelle-Calédonie.

Mme Jalbert possédait une galerie d'art en Estrie. Elle prenait l'avion pour aller visiter son mari à l'autre bout du monde.

Mais pour la Nouvelle-Calédonie, ils décident de partir à l'aventure, ensemble cette fois. C'est ainsi qu'ils ont vendu leurs biens à l'automne 2001 pour déménager à Nouméa, la capitale. Ils se sont réveillés devant un lagon bleu brillant sous le soleil le premier matin. Ils resteront quatre ans dans ce «paradis».

À leur retour au Québec, M. Beaulieu avait 57 ans et l'intention de ralentir ses activités. Les deux se sont acheté un «petit pied-à-terre» près du métro Laurier. «Tout d'un coup qu'on repartirait?»

Cela faisait environ un an qu'ils étaient revenus quand ils se sont amourachés de cette maison de campagne, de l'environnement surtout, un terrain riverain de presque 8 acres, à Brigham. Une localité que ni l'un ni l'autre ne connaissait. «Nous l'avons trouvée sur l'internet.»

Pour aller à l'épicerie ou faire du ski, ils doivent conduire jusqu'à Bromont, Cowansville ou Farnham. Le printemps, ils entendent les grosses grenouilles, de leur galerie. «C'est une bonne thérapie au stress du travail [que d'habiter ici], mais il faut aimer vivre à l'extérieur», souligne M. Beaulieu.

Un sentier privé

Une section du terrain est marécageuse. Pour l'exploiter, M. Beaulieu a fait construire une passerelle longue de 50 mètres au-dessus.

Le préretraité a entrepris d'élaguer sa forêt en coupant ici et là des végétaux pour mieux voir de son bureau le marécage et son écosystème. «Aussi, parce que cela me donne quelque chose à faire», confie l'homme, en marchant dans le sentier qu'il a aménagé jusqu'à la rivière Yamaska. Plus près de la maison, il y a une piscine creusée et clôturée. Une horticultrice a conçu l'aménagement paysager.

Deux frères pompiers venaient de rénover l'habitation lorsque le couple l'a acquise en 2007. «La plomberie, l'électricité, l'isolation et le système de chauffage ont été refaits», affirme Mme Jalbert.

Elle a appris qu'un notaire y a habité dans les années 30. D'élégantes boiseries ornent les pièces de vie et caractérisent cette maison singulière.

Le style architectural s'inspire du mouvement Arts and Crafts, style qui intègre des éléments artisanaux. Ce mouvement est né d'un besoin d'individualisation durant la deuxième révolution industrielle. Le gabarit des fenêtres en constitue l'élément le plus parlant. Les propriétaires ont pensé les remplacer par des fenêtres écoénergétiques. Ils se sont ravisés suivant les conseils d'un spécialiste, parce que cela aurait enlevé les carreaux actuels pour les remplacer par des vitres plus grandes. On aurait alors supprimé l'effet graphique de répétition des carreaux.

La nouvelle salle de bains principale a tout pour plaire, baignoire sur pattes, beaucoup d'espace, en plus de vue apaisante (c'est vrai). Elle se trouve au rez-de-chaussée. Il y a deux chambres à ce niveau et deux autres au demi-étage au-dessus.

«Nous avons ajouté un foyer au gaz dans la salle de séjour parce que c'est important d'être autonome à la campagne», indique M. Beaulieu. Le propane alimente la cuisinière aussi.

La cuisine est récente (2006) et les électroménagers sont inclus.

Une cave à vin maintient naturellement la température à 16 degrés au sous-sol (non aménagé).

De Madagascar à Gran Canaria

Cela ne faisait que quelques mois qu'ils habitaient ici qu'une entreprise ontarienne offrait un nouveau défi à M. Beaulieu: directeur des Ressources humaines d'une mine à Madagascar! «Il y a un exotisme rattaché à ce nom, les épices, la beauté, mais c'est un peu dévasté par la déforestation», nuance le principal intéressé après deux ans vécus dans cette île.

«C'était difficile de vivre là», renchérit sa femme. Vu le climat politique tendu, elle revenait souvent à Brigham, préférant vivre dans cette maison relativement isolée que dans leur bungalow malgache entouré de jardins odoriférants...

Quelqu'un venait régulièrement ici en leur absence, assure-t-elle. Pour veiller au bon fonctionnement de la pompe à eau, entre autres.

La toiture vient d'être remplacée.

La maison est en vente à 549 000$. C'est presque 200 000$ de plus que l'évaluation municipale. «Le prix est justifié par l'importance des travaux réalisés au cours des dernières années, la construction d'un garage détaché sur l'emplacement d'une ancienne écurie et la construction de la passerelle», indique le couple.

Pourquoi vendent-ils? «Nous sommes trop nomades pour garder cette maison», répond Mme Jalbert.

Une nouvelle aventure culturelle les attend. En Espagne, cette fois. Ils loueront une villa aux îles Canaries. De là, M. Beaulieu montera à bord d'un avion pour aller travailler en République islamique de Mauritanie. Un autre bon filon à exploiter pour ces deux personnes qui ont de la difficulté à rester en place.