Jean Labbé habitait un quartier cossu de Québec quand il a obtenu un emploi à Montréal. En déménageant dans la métropole, il souhaitait retrouver un milieu comparable: arbres matures, tranquillité et le reste. Une connaissance lui a parlé de la Cité-Jardin du Tricentenaire, à Rosemont, et c'est ainsi qu'il a atterri sur un terrain de 5000 pi2 planté d'épinettes, dans une unifamiliale comportant deux chambres à coucher.

Sa compagne, originaire de Cuba, maintient l'une des chambres à une température de 26 degrés. Pas facile, l'hiver montréalais... surtout qu'elle a dû quitter un emploi qu'elle affectionnait à Sillery.

Dans les années 40

Cette maison fut construite en 1945 à l'est du Jardin botanique et du futur parc Maisonneuve. À l'époque, c'était un champ. Aucun arbre en vue, comme en font foi les photographies aériennes de l'époque publiées dans Une cité-jardin à Montréal (Éditions du Méridien, 1988). M. Labbé a déniché en ligne, dans une bibliothèque ontarienne, un exemplaire de ce livre écrit par Marc H. Choko, professeur à l'UQAM.

Un tract promouvait ainsi en 1942 l'acquisition d'une maison à Cité-Jardin (les majuscules sont de l'Union économique d'habitations, laquelle avait pour but de rendre la propriété accessible pour tous): «La maison garantit la santé physique et morale de la famille. La petite propriété garantit le salut de la société. L'industrie du bâtiment garantit l'activité économique du pays. Travailler à mieux loger notre peuple, c'est travailler pour nos familles, notre société, notre prospérité.»

Il en coûtait moins de 13 400$ pour acquérir l'un des trois modèles de maisons proposés aux travailleurs - la petite ou MC1, la moyenne ou MC2 et le chalet suisse. Il faut aujourd'hui débourser de 550 000$ à 750 000$ selon Richard Jaeger, président de l'Association des résidants de Cité-Jardin.

Le prix est supérieur dans le cas d'un «chalet suisse» (le modèle le plus grand), caractérisé par environ 1200 pi2 de surface habitable par étage, selon le courtier Jean-Pierre Bissonnette, qui dit avoir vendu au moins une quinzaine de maisons à Cité-Jardin en carrière.

Si les champs ont disparu, le charme opère toujours, et pas qu'auprès des enfants (nombreux à affluer dans ces rues à l'Halloween). Des médecins travaillant à l'hôpital voisin, entre autres, convoitent ce secteur, selon M. Bissonnette: «Cela prend une à deux semaines pour vendre une maison à Cité-Jardin, en moyenne», affirme l'agent. «À condition que le prix soit compétitif.»

Petite maison rénovée

La maison de M. Labbé fait partie des «petites». Elle mesure 27 pieds sur 27.

Il y a deux espaces de stationnement privés.

À la mi-décembre, une seule autre propriété était annoncée à vendre dans le même secteur, rue des Cèdres (à 649 000$).

L'attrait de la maison de M. Labbé réside dans les rénovations des trois dernières années. L'électricité et la plomberie ont été remises à neuf en même temps que la cuisine (armoires en stratifié, ajout d'un îlot et d'un vaisselier, surfaces et revêtement de plancher en céramique). Le plancher de la salle à manger a été remplacé par des lattes de bambou. Des portes françaises séparent cette pièce de la cuisine.

Le propriétaire a décloisonné l'ancien vestibule et aménagé une salle d'eau au rez-de-chaussée, près du vestiaire. Résultat: une pièce à aire ouverte dès l'entrée.

Au fil des rénovations, M. Labbé a eu l'agréable surprise de découvrir des pierres dissimulées dans une section du mur de la salle de séjour. «Les joints étaient tout noircis», dit-il. Il les a refaits. De la porte-fenêtre, on aperçoit la cour orientée sud-ouest donnant sur le parc Cité-Jardin - le noyau central, en forme de maracas, autour duquel s'articulent les sept rues en cul-de-sac du quartier. Juste cette cour sans voisin à l'arrière, «ça vaut 50 000$», estime M. Bissonnette, vendeur.

Mais qu'importe la proximité d'un espace vert quand notre chien est mort... Littéralement. La nouvelle année apportera au couple un nouvel animal de compagnie et un emploi, sinon un logis, dans le sud. Non pas à Cuba, plutôt à Ville-Marie ou dans le Plateau que lorgnent M. Labbé et son amie.

La propriété en bref

> Prix demandé: 579 000$

> Année de construction: 1945

> Pièces: 7 " 1 salle de bain " 1 salle d'eau

> Évaluation municipale: 404 500$

> Impôt foncier: 3262$

> Taxes scolaires: 709$

> Courtier: Jean-Pierre Bissonnette, Re/Max Alliance, 514-725-2522