En 1935, le baron belge Louis Empain achetait un vaste domaine de 7000 acres près de Sainte-Marguerite, en bordure des lacs Masson, du Nord et Dupuis. Son but: y créer une communauté récréative luxueuse axée vers le sport et les loisirs. C'était la naissance du domaine l'Estérel. Pour ce projet ambitieux, le baron avait engagé l'architecte belge Antoine Courtens. On y vendait des chalets en bois rond à 5500$ et des villas, de style Art déco, à 7000$. Une somme imposante, en pleine crise économique.

S'il ne reste plus grand-chose de cette ère, le domaine a conservé le goût de la récréation luxueuse. Car l'Estérel est toujours la terre des gens bien nantis. Les propriétés, installées sur de vastes terrains de plus de 36 000 pi2, sont soignées, souvent recherchées et inhabituelles. Les prix sont en conséquence.

 

Celle-ci ne fait pas exception. Sise sur un terrain à l'embouchure des trois lacs, elle a pris la place d'une autre que son propriétaire avait achetée et démolie pour y construire celle qu'il avait en tête.

On ne parle pas ici d'une propriété banale mais d'un projet unique qui a pris plus de deux ans à réaliser: une habitation à l'esprit japonais.

Le propriétaire, Québécois de souche qui ne souhaite pas être identifié, avait acquis un goût pour l'Orient. «Notre résidence principale était épurée, à la façon asiatique. J'aimais cette atmosphère.» À force de s'imprégner de la culture orientale, il en est venu à imaginer une résidence secondaire dont l'architecture lui rappellerait le Japon.

Ne sachant par où commencer, il s'est adressé au consulat du Japon, qui lui a recommandé Nicole Bérard, propriétaire d'une maison d'importation d'antiquités japonaises et chinoises à Montréal appelée Galerie Tansu. Plus important pour notre propriétaire, Mme Bérard concevait, depuis 1992, des aménagements de décors zen et contemporains. C'est donc elle qui a pris les rênes pour gérer le chantier dans son entièreté.

La valeur de cette maison, jolie et superbement située au fond d'une baie, réside dans les mille détails qui la composent. Chaque centimètre a été réfléchi: de la grille à l'entrée au jardin du bord de l'eau, en passant par les fenêtres et les détails architecturaux et décoratifs, on se sent ici... et ailleurs. Selon Nicole Bérard, la maison n'est pas véritablement japonaise mais représente une «résidence qui allie confort et tradition aux allures japonisantes».

Pour le néophyte, l'effet est saisissant. Avec la grande porte d'entrée où un grand panneau à lattes de bois qui glissent de gauche à droite pour révéler les visiteurs. Et sitôt passé le seuil, le vaste placard dont les trois portes représentent un soleil taillé dans le bois. L'intérieur abrite du rangement et des tiroirs discrètement installés au fond.

Dans les pièces communes, le bois est omniprésent. Au sol, des lattes de 6 pouces en cumaru aux teintes rouille. Sur les murs, des moulures en acajou. Dehors, la grande galerie en ipé accessible par les nombreuses portes fenêtres. Chaque planche a été triée pour éviter les noeuds. Pour les 2000 pi2 du sol de l'étage, le propriétaire a déboursé plusieurs dizaines de milliers de dollars. Excessif, sans doute, mais le résultat est impressionnant.

Même de l'extérieur, la propriété surprend. Les deux paliers bénéficient d'une galerie qui encadre presque toute la maison. Les façades sont percées de fenêtres ceinturées par des moulures en bois et divisées par du cèdre. Celles des chambres sont également protégées par des stores blancs de l'intérieur mais rouges vus de l'extérieur, couleur fétiche des orientaux censée apporter prospérité, chance et bonheur à ses occupants.

Les autres stores, dans les pièces communes, sont en bambou, assemblés à la main. À part les antiquités, les meubles récents ont été fabriqués par des artisans selon les suggestions de Mme Bérard. Le plafond est composé de lattes tressées en bambou et de poutres en acajou.

Les armoires de la cuisine sont en cerisier. Les lattes des portes courent à l'horizontale, très japonisantes elles aussi. Les comptoirs sont en granit marbré inusité avec des tons maïs et anthracite.

Il y a trois chambres, dont deux de taille modeste. Des armoires encastrées servent au rangement de la principale. Les salles de bains attenantes sont luxueuses quoique assez petites.

Une partie de la maison sert aux invités avec cuisine, salle de bains et séjour.

Le propriétaire quitte pour aménager dans une résidence plus petite, du genre condo hôtelier. Mais il restera tout près, promet-il.

LA MAISON EN BREF

Construite en 2007

Huit pièces dont trois chambres

Trois salles de bains

Garçonnière avec cuisine complète pour invités ou traiteurs

Prix demandé : 2 250 000 $

Agent : Éric Léger, Groupe Sutton

Laurentides E.L. 450-227-7474