Au pied du mont Rougemont, un couple d'artistes a transformé, à la sueur de leur front, une vieille grange datant du 19e siècle en une spectaculaire maison-atelier-musée, dont tous les planchers, et parfois même les murs et les plafonds, sont recouverts de mosaïques! 

Au pied du mont Rougemont, un couple d'artistes a transformé, à la sueur de leur front, une vieille grange datant du 19e siècle en une spectaculaire maison-atelier-musée, dont tous les planchers, et parfois même les murs et les plafonds, sont recouverts de mosaïques! 

Ce fut le projet de vie de la peintre-mosaïste Claude Gagnon, dite «La Claude», et de son mari, Normand Choquette, un couple bien connu dans la région. Cependant, la maladie les force aujourd'hui à se départir de leur habitation, devenue une oeuvre d'art en soi. Ils font donc appel à des artistes, des musiciens ou encore simplement à des amateurs d'art pour préserver ou continuer leur oeuvre.

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L'histoire de cette grange surprend. Elle aurait été construite en 1860, puis aurait subi trois déménagements, dont le dernier, moins grand, a consisté à la déplacer sur une assise de béton. Lorsque le couple de Saint-Lambert l'a acquise, «sur un coup de tête», dixit Claude Gagnon, elle était alors dans un piteux état. «Ça m'a pris deux ans de travail pour la décrotter et faire le ménage», raconte l'artiste en me faisant visiter les lieux.

Mais cet ancien entrepôt de foin recelait un énorme potentiel. Juste par sa démesure, elle avait de quoi combler les plus grands fantasmes: profonde de 72 pieds, large de 32 pieds et dotée d'un toit cathédral de plusieurs étages de haut. Adepte de fresques murales, «La Claude» allait enfin posséder tout l'espace nécessaire pour exposer ses oeuvres, dont sa monumentale fresque «Ainsi m'a parlé Zarathoustra», son hommage à Nietzsche.

 Outre toutes les possibilités d'aménagement qu'elle fournissait, la grange possédait quelques détails architecturaux intéressants par sa forme et ses qualités esthétiques, comme des fenêtres en façade ornées de boiseries sculptées, très étonnant pour un entrepôt de foin, et sa magnifique charpente apparente.

Avant d'y habiter, tous les murs, les poutres et les portes ont été décapés. Claude Gagnon a commencé par la suite son travail de titan, recouvrant presque tous les planchers de gigantesques mosaïques, mais aussi certains murs, des plafonds et même une cuvette! «C'est ici, à Rougemont, que j'ai découvert ma vocation de mosaïste», me raconte-t-elle. Infatigable, elle tente présentement de terminer une autre mosaïque, cette fois sur le plancher d'une mezzanine.

 Mais ça ne s'arrête pas là. Chaque pièce porte la signature de l'artiste. Elle fit construire une piscine intérieure tout en longueur (32 pieds par six), justement pour faire... des longueurs. Les escaliers qui mènent à l'étage et aux différentes mezzanines ont été dessinés par Mme Gagnon et conçus par des artisans-forgerons. Quant à la cuisine, elle a été fabriquée avec de vieux blocs de verre, de vieilles portes ornées de vitraux et, bien sûr, avec de la céramique. Partout, les matériaux proviennent principalement de la récupération.

La pièce la plus spectaculaire: l'atelier de l'artiste, qui ferait sans aucun doute bien des envieux chez la gent artistique. Assez grand et haut qu'on y a déjà donné des prestations, dont un spectacle-bénéfice du couple Yvon Deschamps et Judi Richards, en 2006. Et de la lumière, en veux-tu, en v'là? La maison possède 52 ouvertures, dont une grande quantité de puits de lumière.

 Coup de foudre

Sur le terrain, ne cherchez pas de pancarte «à vendre». «Ce n'est pas un oubli, assure Martin Chagnon, l'agent immobilier responsable de la vente, car on sait que cette propriété ne sera pas acquise par un passant, mais par un amoureux d'art. Il pourrait aussi bien venir de Montréal que de l'international», dit-il.

 Une chose est sûre: le ou les acheteurs devront être fortunés, le prix demandé étant fixé à un million de dollars. «Puisqu'il n'existe aucun comparable au Québec, on a établi le prix de vente en fonction des heures que l'artiste a consacrées à retaper le bâtiment et à l'enjoliver de ses oeuvres», explique M. Chagnon.

Travaillant surtout à Outremont et Westmount, cet agent a l'habitude des propriétés coûteuses, mais il sait que celle-ci ne sera pas facile à vendre. «J'ai accepté le mandat, car j'aime les défis et j'apprécie sincèrement l'oeuvre de "La Claude". À mon avis, ça va se vendre par coup de coeur. Ça pourrait prendre un mois, deux mois ou même un an», dit-il.