Laurence Vincent désirait depuis longtemps écrire un texte pour mettre de l'avant les réalisations de son père, Jacques Vincent, promoteur immobilier et fondateur de la société Prével. Elle souhaitait aussi lui exprimer sa reconnaissance pour tout ce qu'il lui a appris. Ce texte, qui se voulait d'abord privé, a pris de l'ampleur pour devenir le livre Bâtir Montréal à la table 45.

L'élément déclencheur? La perspective de célébrer les 40 ans de l'entreprise, en septembre. L'idée a germé au printemps. La jeune femme, qui vient d'avoir 37 ans, s'est attelée à la tâche les samedis et les dimanches matin, se levant avant que le réveille-matin sonne à 5 h et écrivant jusqu'à ce que son conjoint revienne avec les enfants à midi.

«Ce n'était pas le bon temps pour écrire, dit-elle en riant. Je venais de prendre la coprésidence de l'entreprise, mes enfants ont 7 ans, 4 ans et 2 ans.»

«Mais je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais.»

Elle a eu du plaisir à faire des recherches dans les revues de presse, qui l'ont amenée à découvrir les débuts ardus de l'entreprise et la ténacité de son père. Elle en a appris davantage sur ce dernier, qu'elle a côtoyé professionnellement pendant 15 ans alors qu'elle faisait graduellement sa marque au sein de la firme.

Pendant la rédaction, elle a aussi eu du plaisir à se rappeler les moments précieux partagés autour de la table 45 au restaurant Graziella, rue McGill, depuis qu'elle a 22 ans. Ces lunchs hebdomadaires avec Jacques, comme elle l'appelait au bureau, lui ont permis d'apprivoiser le monde des affaires et de développer une relation de connivence avec son père.

Moment de réflexion

Ce livre, elle l'a d'abord écrit pour elle-même. «Cela m'a permis de comprendre le chemin parcouru et de voir le rôle que Jonathan Sigler, qui est maintenant mon associé, a joué dans mon évolution, révèle-t-elle. Cela m'a aussi donné l'espace pour réfléchir à ce que je veux faire à l'avenir.»

L'ouvrage est susceptible d'intéresser un vaste public par la variété des sujets touchés : l'entrepreneuriat, la promotion immobilière, la relation père-fille, la conciliation travail-famille et, bien entendu, la relève, qui doit être un choix réfléchi, insiste-t-elle.

Évidemment, Laurence Vincent met en lumière les projets immobiliers réalisés par Prével depuis ses tout débuts, dont Anjou sur le Lac, Village Saint-Louis à Lachine, Les Quais de la Commune dans le Vieux-Montréal, Le Lowney et L'Impérial dans Griffintown, Le 21e Arrondissement à la limite du Vieux-Montréal, Le Séville et Union sur le Parc, dans l'ouest du centre-ville.

Elle rappelle le désir constant de son père de créer des milieux de vie, sa soif d'innover et sa volonté de favoriser l'accès à la propriété. 

Le concept de chalet urbain et l'idée des microcondos de 400 pi2, c'est d'abord dans les bureaux de l'entrepreneur qu'ils ont pris forme, à Montréal. Griffintown, par ailleurs, a repris vie de prime abord grâce à l'audace des dirigeants de Prével et de l'École de technologie supérieure (ETS).

Au fil des pages, Laurence Vincent expose ses trois défis: sa jeunesse, le fait d'être une femme dans un univers d'hommes et son choix de devenir promoteur immobilier (une classe d'entrepreneurs mise à rude épreuve, dénonce-t-elle).

Sa façon sans prétention de composer avec les obstacles rencontrés ainsi que la chaleur de sa relation avec son père ajoutent une autre dimension au récit. Avec émotion, elle confie que pour elle, accepter de devenir coprésidente de l'entreprise, à compter du 1er janvier 2018, s'accompagnait d'un dur sacrifice. Elle devait en effet renoncer au plaisir de travailler quotidiennement avec son père. Il leur reste, le plus longtemps possible, leurs repas hebdomadaires à la table 45!

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Bâtir Montréal à la table 45. Laurence Vincent. Éditions Septentrion. 168 pages. 19,99 $ (version papier) ou 14,99 $ (versions PDF ou électronique). Les droits d'auteur seront remis à Moisson Montréal.

Image fournie par Prével

Laurence Vincent, coprésidente de Prével, rend un vibrant hommage à son père, Jacques Vincent, dans le livre Bâtir Montréal à la table 45.