Pas facile de déménager écolo. Anne-Marie ne sait pas que faire de son réfrigérateur. Il est en bon état, malgré sa couleur «jaune or» qui témoigne de son âge, mais elle déménage dans un logement où les électroménagers sont fournis.

Pas facile de déménager écolo. Anne-Marie ne sait pas que faire de son réfrigérateur. Il est en bon état, malgré sa couleur «jaune or» qui témoigne de son âge, mais elle déménage dans un logement où les électroménagers sont fournis.

 «J'ai appelé tous les commerces d'électros usagés de mon bottin de quartier; personne n'en voulait, à cause de son âge», raconte-t-elle. Même l'entreprise qui le lui a vendu, en octobre dernier, a refusé de le reprendre, ajoute Anne-Marie.

Chaque année, les nombreux déménagements du 1er juillet apportent sur les trottoirs de Montréal une foule d'objets et de déchets: meubles cassés, vieux réfrigérateurs, chaises de plastique, téléviseurs. Abandonnés par des locataires pressés, fatigués ou sans ressource pour les déplacer, ces «déchets encombrants» seront éventuellement ramassés par les services municipaux et envoyés aux ordures sans être triés. Or, plusieurs de ces objets pourraient avoir une deuxième vie.

Chaque année, il y aurait 150 000 tonnes de déchets encombrants laissés en bordure des rues à Montréal, et 630 000 tonnes de poubelles «en sacs verts», estime Jean-Pierre Panet, de la Direction de l'environnement à la Ville de Montréal.

«On encourage les gens à ne pas jeter à la rue ce qui peut encore servir, explique-t-il. Ils peuvent tout aller porter dans les écocentres ou dans des organismes.» Certains d'entre eux offrent d'ailleurs un service de transport gratuit, mais impossible de faire ramasser les objets encombrants autour du 1er juillet, les horaires des camions étant déjà complets. «Il faut s'y prendre à l'avance, établir les contacts avant son déménagement», souligne Johanne Riverin, de Recyc-Québec. À l'écocentre de la Côte-des-Neiges, un service de transport peut aller chercher les matières résiduelles dans un délai raisonnable moyennant des frais de 100 à 400 $.

Des écocentres débordés

Près de 60 % de ce qui est apporté aux écocentres est recyclé ou réutilisé. Mais en ce moment, les six centres de la région de Montréal n'arrivent pas à satisfaire la demande. Plus tôt cette semaine à l'écocentre de la Petite-Patrie, lors du passage de La Presse, les citoyens faisaient la queue dans leur voiture pour entrer sur le terrain et laisser leurs planches de bois, briques, portes-fenêtres cassées, restes de peinture ou autres meubles désuets.

«Pendant la période des déménagements, il y a une augmentation de 30 % des matières résiduelles apportées aux écocentres», note Johanne Riverin. Pour permettre à plus de citoyens de déménager écolo, les écocentres ont fait une exception en ouvrant trois dimanches consécutifs, du 19 juin au 3 juillet.

Dans les arrondissements les plus mouvementés, les opérations spéciales de collecte des ordures s'organisent. «On met le paquet pendant un mois, explique Jacques-Alain Lavallée, de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Des camions sillonnent les rues de l'arrondissement quotidiennement, de la mi-juin à la mi-juillet.» Les gros morceaux abandonnés demeurent le principal problème, selon lui, mais une attention particulière est accordée aux ruelles. «C'est interdit et ça peut être dangereux de laisser des déchets encombrants dans les ruelles, affirme-t-il. Les gens continuent à le faire par habitude.»

Le principal danger, selon Hélène Boisvert, de la Direction de l'environnement à la Ville de Montréal, c'est de laisser traîner des résidus domestiques dangereux comme des restes de peinture, des solvants, des huiles et des produits nettoyants. Deux solutions écologiques permettent aux citoyens de s'en débarrasser proprement: les apporter à un écocentre ou les déposer à la collecte itinérante qui sillonne les quartiers de Montréal au printemps et à l'automne.

Pour recycleurs du dimanche

Les «dépôts sauvages» laissés dans les rues font peut-être le malheur des écologistes et des Travaux publics de la ville. Mais rien de mieux pour trouver un complément à votre mobilier, une télé d'âge avancée ou du bois pour alimenter vos feux au chalet.

Que peut-on trouver dans les rues et ruelles au lendemain du 1er juillet?

«Des électroménagers, cuisinières et frigos surtout, armoires, sommiers, sofas; j'ai même déjà vu des cuvettes de toilettes et des coffres-forts», répond Jacques-Alain Lavallée, de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Au détour des rues, il est possible de tomber aussi sur des chaises de plastique, des fauteuils, des téléviseurs, des matelas.

Dans quels quartiers se retrouvent les objets les plus prisés- ceux qui sont encore en état de servir? «Outremont, Westmount, le Plateau», là où les gens «jettent leurs choux gras», affirme un homme dans la soixantaine, rencontré au hasard d'une rue du Plateau Mont-Royal, traînant avec lui un panier d'épicerie pour ramasser quelques trouvailles.

Les trottoirs des quartiers centraux- Ville-Marie, Plateau Mont-Royal, Rosemont-Petite-Patrie, notamment-, recèlent des babioles de toutes sortes, puisque ce sont les arrondissements où le nombre de déménagements est le plus élevé, croit Diane André, chef d'équipe aux matières résiduelles à la Ville de Montréal.

Mais qui dit choix ne dit pas nécessairement qualité. Le constat est toutefois le même partout: les objets de qualité disparaissent très vite, que ce soit à Rosemont ou à Outremont. Avis aux intéressés.

Où aller?

Vous pouvez aller porter vos vieux meubles, électroménagers ou vêtements réutilisables aux endroits suivants:

> Écocentres

> Armée du Salut

> Renaissance Montréal

> Société de Saint-Vincent de Paul

> AMRAC (Atelier de meubles recyclés d'Ahuntsic/Cartierville)

> Organisme Dans la rue

Les écocentres ouverts le 1er juillet:

> Écocentre de la Côte-des-Neiges

6925, chemin de la Côte-des-Neiges

> Écocentre d'Eadie

1868, rue Cabot

> Écocentre de l'Acadie

1200, boul. Henri-Bourassa Ouest

> Écocentre de Rivière-des-Prairies

11400, rue Léopold-Christin

> Écocentre de Saint-Michel

2475, rue des Regrattiers