C'est dans la nuit du 4 au 5 novembre que l'on revient à l'heure normale, et comme à l'habitude, on recommande de profiter de l'occasion pour vérifier l'état des piles des détecteurs de fumée. Mais s'ils ne fonctionnent plus, qu'est-ce qu'on en fait? Y a-t-il une façon prudente de s'en débarrasser étant donné qu'ils contiennent des matières radioactives?

La Commission canadienne de sûreté nucléaire ne laisse planer aucun doute: les détecteurs de fumée peuvent être jetés en toute sécurité à la poubelle, mais pas dans le bac de recyclage ni de compostage. En fait, au Canada, seule la Colombie-Britannique offre le service de recyclage de détecteurs de fumée. L'an dernier, 89 000 avertisseurs de fumée et de monoxyde de carbone y ont été recyclés. Le programme, en vigueur depuis 2011, compte maintenant sur près de 200 points de dépôt un peu partout dans la province.

«Les détecteurs de fumée ont de toutes petites cellules radioactives, explique Sonia Authier, coordonnatrice des programmes de ReGeneration, qui a le mandat de gérer le recyclage de déchets spéciaux en Colombie-Britannique. On fait affaire avec des organismes spécialisés dans le démantèlement des détecteurs pour séparer les matériaux recyclables des cellules radioactives. Ces composants sont ensuite envoyés dans des sites d'enfouissement sécurisés.»

Le recyclage des détecteurs de fumée se fait en vertu de la Responsabilité élargie des producteurs (REP), un principe selon lequel les entreprises sont responsables de la gestion en fin de vie des produits qu'elles mettent sur le marché. Au Québec, les détecteurs de fumée ne sont pas ciblés par la REP.

Radioactivité à l'état de trace

Il est toutefois bon de savoir que les composants radioactifs des détecteurs de fumée affichent un niveau de rayonnement extrêmement faible. Enfermée dans une enveloppe d'acier inoxydable, la petite quantité d'américium 241 n'émet qu'une infime quantité de rayonnement mesurable à l'extérieur de l'appareil. Selon la Commission canadienne de sûreté nucléaire, elle est si faible que le niveau annuel moyen de rayonnement qu'une personne reçoit d'un détecteur de fumée représente 0,01 % de la dose de rayonnement naturel présent dans la nature.

Un comptoir de granit, qui est constitué de magma refroidi, peut lui aussi renfermer certains isotopes radioactifs - bien souvent de l'uranium, du radium et du thorium à l'état de trace; il peut donc s'avérer aussi «radioactif» qu'un détecteur de fumée.

La fabrication des alarmes à ionisation a néanmoins été soumise à des normes qui prévoient une centaine de tests différents pour chaque appareil. Ils doivent aussi respecter les normes de radioprotection pour être distribués. Aussi bien dire que l'impact environnemental des composants radioactifs d'un détecteur de fumée est quasi nul.

Le problème vient plutôt des autres pièces de l'appareil - le plastique, la fibre de verre et le métal, entre autres. Considérant le fait que les détecteurs de fumée ne sont pas dangereux pour la santé, ReGeneration recommande ainsi aux consommateurs de la Colombie-Britannique qui n'ont pas encore accès à un point de dépôt de conserver leurs appareils usés ou périmés jusqu'à ce que le service soit offert dans leur secteur. On pourrait donc faire de même au Québec en espérant qu'un service de recyclage soit un jour offert chez nous.

Comment ça fonctionne?

Les détecteurs de fumée domestiques sont aussi appelés détecteurs de fumée à ionisation. Dans la chambre de détection de l'appareil, les particules alpha émanant de l'américium 241 créent une ionisation dans les molécules d'air, ce qui permet de conduire l'électricité entre deux bornes de charge positive et négative. Lorsque la fumée présente dans l'air atteint une certaine concentration, elle interrompt le courant électrique, et le dispositif électronique du détecteur déclenche l'alarme.