Le scénario se produit invariablement chaque automne: quelques jours ensoleillés accompagnés de temps doux et voilà que les coccinelles asiatiques commencent leur invasion aérienne, souvent par milliers.

Elles sortent de leur torpeur pour tenter de se trouver un abri confortable où passer l'hiver. Et quoi de plus agréable qu'une maison bien isolée? Si bien que rapidement, murs, portes et fenêtres sont recouverts par ces jolies bestioles en quête d'un refuge. 

Mais autant elles sont appréciées pour leur efficacité à combattre les pucerons de toutes sortes, autant elles ne font pas bon ménage dans la cuisine ou la chambre à coucher. Elles peuvent sortir de leur cachette en plein hiver, mais surtout dans les premiers jours du printemps pour essayer de s'évader à l'extérieur. Pour plusieurs, ce sera le début d'un cauchemar. Faute de nourriture, elles mourront en quelques jours par centaines. Si vous les manipulez, elles dégageront une odeur nauséabonde qui peut provoquer une allergie chez certains. 

Quelques conseils

Voici quelques conseils pour éviter de vous retrouver au printemps avec une armée de coccinelles. 

Vérifiez les interstices qui pourraient leur permettre de se faufiler à l'intérieur, notamment les soffites ou encore les grillages d'aération (3 à 4 mm de dimension maximale), surtout du côté sud et sud-ouest. Il faut aussi bien calfeutrer les ouvertures qui mènent dans les combles, des endroits prisés des coccinelles. Si vous avez enlevé vos moustiquaires, ce qui est fréquent à cette période de l'année, évitez d'ouvrir les fenêtres si des coccinelles sont en vue. 

Lorsque vous ouvrez une porte couverte de petites bêtes à bon Dieu, il est évident que plusieurs profiteront de l'invitation. C'est le temps de sortir l'aspirateur portatif. «Mais pas besoin de les éliminer, fait valoir Martine Giroux, de l'Insectarium de Montréal. Relâchez-les au jardin ou loin de la maison.» 

Certains vous diront qu'elles mordent ou qu'elles pincent. «C'est exceptionnel. J'utiliserais plutôt l'expression "mordiller", insiste Martine Giroux, de l'Insectarium de Montréal. Elles ne vous attaqueront pas et sont évidemment sans danger.»

Un prédateur vorace

Originaire d'Asie, la coccinelle asiatique a été d'abord importée aux États-Unis en 1916 à des fins de lutte biologique. Les lâchers se sont toutefois multipliés dans les années 70 et 80 pour contrôler les pucerons dans les amandiers, une opération considérée comme un succès. L'insecte a progressivement migré vers le nord pour apparaître au Québec en 1994. Il serait maintenant présent partout au pays. Il a aussi été introduit en Amérique du Sud, en Afrique du Nord et en Europe, notamment en France, où on constate le même phénomène d'invasion automnale. 

D'une longévité de deux ans, très prolifique (de deux  à trois générations par année), la coccinelle asiatique offre une livrée très variable, souvent fort jolie, certains spécimens étant dotés de 14 points noirs caractéristiques alors que d'autres de couleur orange ou rouge en sont complètement dénués.

Prédateur vorace, la coccinelle asiatique dévore une foule d'insectes, surtout des pucerons, et s'adonne au cannibalisme sur une grande échelle en période de disette. Elle serait l'une des causes du déclin de quelques-unes des 70 espèces de coccinelles indigènes du Québec.

Entomologiste-conseil chez Desjardins Environnement à Chicoutimi, Robert Loiselle déplore que ces invasions automnales incitent les gens à utiliser des pesticides pour éliminer les coccinelles. Il conseille d'installer une grande boîte noire fermée contenant des feuilles mortes sur une galerie près d'un mur. Faites-y une fente assez grande pour permettre le passage des coccinelles, qui viendront s'y réfugier en grand nombre. Il suffira ensuite de les remettre dans la nature ou au jardin, conseille-t-il. Mais dès que la fraîcheur reviendra, l'invasion prendra fin. Soyez patients!