Le gouvernement ontarien est en voie de réglementer l'industrie de l'inspection en bâtiment afin que ceux qui s'y adonnent répondent à certains critères. Au Québec, les consommateurs sont laissés à eux-mêmes depuis de nombreuses années et rien n'indique que la situation changera de sitôt.

« On a été la première province à demander de réglementer l'industrie ; si ça continue, on va être la dernière à le faire. » Au cours des années, le président de l'Association nationale des inspecteurs et experts en bâtiment (ANIEB), Gérald Smith, a vu la Colombie-Britannique et l'Alberta encadrer la profession d'inspecteur, mais il ne peut que constater l'immobilisme québécois en la matière.

« On a commencé à faire front commun en 2002. À l'époque, j'étais président de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec. On n'a pas eu droit à des oreilles très attentives. Pourtant, le consommateur paye, à ses risques, une maison de 200 000 $ ou 600 000 $ », dit-il.

Les risques, dans ce cas-ci, c'est d'avoir affaire à un inspecteur qui n'a aucune qualification pour l'emploi et qui laisse échapper bien des défauts dans une maison.

« N'importe qui peut se dire inspecteur préachat et il a le droit de le faire parce que personne ne lui interdit de porter ce titre-là. On a vu plusieurs cas où des gens s'étaient fait avoir par des inspecteurs sans compétence, on a vu des rapports d'inspection qui étaient de moins d'une page », dit Guy Giasson, agent de communication à l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC).

En conséquence, l'ACQC comme les principales associations d'inspecteurs demandent que des balises soient établies par le gouvernement.

« On demande qu'un encadrement réglementaire soit mis en place de façon à ce que ça protège mieux les consommateurs. »

- Guy Giasson de l'ACQC

« Est-ce que ça passe par une formation minimale ? Un organisme d'autoréglementation ? Un ordre ? On veut s'asseoir pour s'entendre sur une seule demande », dit Guy Giasson, qui souhaite organiser en 2017 un colloque qui réunirait les différents groupes concernés par la question. Pour l'instant, chacun « a ses propres objectifs », constate-t-il.

Les deux principales associations d'inspecteurs en bâtiment font front commun et ont embauché un lobbyiste pour faire des démarches auprès du gouvernement. « On aura bientôt dépensé 500 000 $. On a frappé à la porte de tous les ministères liés au dossier, à l'Office des professions, au ministère des Finances, à la Régie du bâtiment, à l'Office de la protection du consommateur. C'est une patate chaude, tout le monde se la lance », dit Pascal Parent, président de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ).

Il déplore que les Québécois soient tenus dans le noir quand ils font affaire avec un inspecteur. « Il y a beaucoup de gens qui font de l'inspection sans assumer aucune norme de la pratique, aucune réglementation, aucune déontologie et qui ne sont pas assurés », dit-il.

Ceux qui cherchent un inspecteur préachat doivent également se dépêtrer dans les associations qui les regroupent selon des critères différents. N'est-ce pas aussi entretenir une certaine confusion auprès du public ? Un inspecteur expulsé d'une association pourrait-il adhérer à une autre ?

« Je n'ai pas de contrôle sur les autres associations, dit Pascal Parent, de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec. Mais on travaille de concert pour avoir une même réglementation. » Les deux principales associations qui représentent les inspecteurs en bâtiment, l'AIBQ et l'ANIEB, pourraient aussi s'unir. « C'est quelque chose qui est sur la table, reconnaît Pascal Parent. Nous avons 400 membres et il va falloir les consulter », dit-il.

COMMENT CHOISIR ?

D'ici à ce que des balises claires soient tracées par Québec, l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC) recommande de se fier aux inspecteurs qui sont membres d'un ordre professionnel, par exemple l'Ordre des technologues, des ingénieurs ou des architectes. « Il y a un esprit de protection du public qui y est accolé : les ordres ont un comité de discipline, un syndic, une bonne assurance responsabilité pour erreur et omission », dit Guy Giasson. Ces trois ordres ont d'ailleurs regroupé leurs membres inspecteurs sur un même site.

Notons que tant l'AIBQ que l'ANIEB requièrent de leurs membres qu'ils souscrivent une assurance responsabilité professionnelle.