La brique et le mortier nous parlent: voici comment interpréter quelques-uns des signaux qu'ils émettent pour réclamer des soins. Et comme les traitements peuvent être très coûteux, ouvrez l'oeil!

Mortier de maquillage

Sur le mur arrière d'un bâtiment presque centenaire, une mince couche de mortier a été appliquée sur de vieux joints friables. «Cette couche de mortier, c'est du "patchage", dit l'expert en enveloppe de bâtiment Denis Brisebois. Elle ne résistera même pas trois ans. Il faut plutôt effectuer un véritable rejointoiement, en évidant les joints de mortier sur environ 2,5 cm de profondeur, puis en appliquant un mortier de chaux (plutôt que de ciment).»

Dégradation accélérée

Peinturer un mur de brique, c'est signer son arrêt de mort. La peinture rend imperméable la surface de la brique et du mortier. L'humidité qui cherche à sortir de ces matériaux fait d'abord éclater la peinture, puis la surface de la brique. L'humidité emprisonnée accélère aussi le vieillissement du mortier, qui devient très friable. Si le mortier est friable sur toute sa profondeur, c'est le mur au complet qui devra être refait à neuf.

Symptôme ici, problème là

Sur un coin avant d'un vieux duplex, cette fissure en diagonale grimpe en s'élargissant. Pour trouver la source du problème, on trace une droite perpendiculaire à la fissure, qui nous mène à un coin de la fondation plus bas à gauche. «C'est flagrant. Il y a un affaissement de la fondation et il faut la faire examiner», dit Germain Fillion, directeur général de l'Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec.

Mariage forcé

Le joint de mortier à la rencontre de ces deux bâtiments est brisé. C'était prévisible: le mortier a peu de flexibilité et chacun des parements réagit de façon indépendante aux variations de température et d'humidité. Pour combler la jonction et prévenir les infiltrations d'eau, on doit plutôt appliquer un scellant souple. Il subira sans broncher les moindres mouvements des murs de brique.

Photo André Dumont, collaboration spéciale

Cette fissure en diagonale grimpe en s'élargissant, ce qui est inquiétant quant à l'état de la fondation de l'immeuble.

Brique qui «pète au frette»

La brique du sommet de ce mur a été changée, mais pas celle à la hauteur des fenêtres. L'analyse de l'expert Denis Brisebois: « La brique éclatée avait probablement des dommages invisibles lorsque la brique du haut a été changée. Aujourd'hui, elle a perdu sa patine de surface. Elle absorbe plus d'eau et elle éclate à chaque épisode de gel. Elle est finie, elle doit elle aussi être changée. » 

Nouvelle fenêtre, nouveaux problèmes

Une nouvelle fenêtre a été ajoutée au sous-sol. Le linteau (le béton au-dessus de la fenêtre du bas) s'est fissuré, ce qui a provoqué un affaissement et d'amples fissures dans la brique au-dessus. Pour stabiliser le parement de brique, Denis Brisebois suggère l'ajout d'un long fer angle (une pièce d'acier en forme de L) au sommet de la fondation. Restera ensuite à consolider et sceller le béton fissuré. 

Séparation périlleuse

La différence d'épaisseur visible de la brique entre le bas et le haut de la fenêtre est un signe sans équivoque: il y a un ventre de boeuf! La fenêtre est bien fixée à la structure du bâtiment, tandis que la brique cherche à s'en séparer. Les attaches métalliques qui retiennent le parement de maçonnerie sont vraisemblablement détériorées, ce qui permet au mur de tanguer dangereusement vers l'avant. Cette portion de mur doit être démontée et refaite à neuf.

Photo André Dumont, collaboration spéciale

Il ne faut pas peinturer un mur de brique, sous peine de rendre sa surface imperméable et d'ainsi empêcher l'humidité d'en sortir.