De loin, les vieilles cheminées de maçonnerie affichent fière allure. Il suffit cependant de les examiner d'un peu plus près pour y découvrir les affres du temps : briques éclatées, joints de mortier évidés, couronnement fendu, solins rouillés...

Les vieilles cheminées de maçonnerie peuvent encore rendre de bons services pendant plusieurs années. Mais très souvent, on a tout simplement oublié de les entretenir.

Les cheminées ont la vie dure : perchées en hauteur, elles subissent les assauts du vent, de la pluie et de la glace. Quand l'eau s'insère dans le mortier ou la brique et que le temps se refroidit subitement, le gel fait littéralement éclater ces matériaux.

La cheminée de maçonnerie qui se prolonge sur le côté de la maison est elle aussi exposée aux intempéries. Quand sa fondation est inadéquate, elle peut même tendre à se détacher de la maison.

En inspection préachat, je vois très souvent les problèmes suivants : 

• absence d'un chapeau pour empêcher les précipitations de pénétrer dans la cheminée

• couronnement de béton fissuré

• briques éclatées

• joints de mortier fissurés ou évidés

• solinage endommagé à la jonction de la cheminée et de la toiture

Tous ces problèmes ouvrent la porte aux infiltrations d'eau, qui peuvent endommager la cheminée et l'intérieur du bâtiment. D'ailleurs, je trouve régulièrement des dommages par l'eau au plafond, près de la cheminée.

Cheminée abandonnée

N'importe quel maçon compétent peut réparer l'extérieur d'une cheminée. Si celle-ci ne sert plus, il pourra la condamner de façon adéquate.

De nombreux vieux bâtiments de la région de Montréal ne sont plus chauffés au mazout. La cheminée est pourtant restée. Même si elle est scellée de l'intérieur, la cheminée évacue énormément de chaleur vers l'extérieur. Pour réduire les frais de chauffage, on peut la bourrer de laine isolante à sa base et à sa sortie en hauteur, avant de la fermer pour de bon à l'aide de plaques métalliques.

La cheminée hors d'usage peut aussi servir à recevoir l'air vicié des sécheuses, des hottes de cuisinière ou des salles de bains. Il est alors préférable de la gainer d'un conduit d'aluminium, afin que l'humidité soit bel et bien acheminée vers l'extérieur.

PHOTO ANDRÉ DUMONT, COLLABORATION SPÉCIALE

Les cheminées hors d'usage laissent échapper énormément de chaleur hors du bâtiment.

Ramoner et inspecter

La vieille cheminée de maçonnerie sert encore ? L'inspecteur préachat n'est pas qualifié pour déterminer si elle est sûre. Il est fortement recommandé de la faire ramoner et inspecter par un ramoneur qualifié, idéalement membre de l'Association des professionnels du chauffage (APC) et détenteur d'une licence de la Régie du bâtiment du Québec. Coût : entre 150 $ et 250 $.

« Dans notre métier, il y a trois charlatans pour chaque ramoneur qualifié. N'importe qui peut passer un Q-tip géant dans une cheminée. Mais pour l'évaluer dans son ensemble, il vous faut un expert », dit Stéphane Bouffard, PDG d'ABC Ramonage.

Le ramoneur qualifié utilisera un projecteur nautique ou une caméra pour examiner le chemisage (l'enveloppe intérieure de la cheminée).

« Pas moins de 95 % des cheminées de maçonnerie ont besoin d'être chemisées à neuf. » - Stéphane Bouffard

Le chemisage sert à prévenir les fuites de gaz de combustion vers l'intérieur des logements et aussi à contenir un éventuel feu de cheminée. Quand les boisseaux d'argile d'une cheminée de maçonnerie sont abîmés, on peut tout simplement faire insérer une gaine métallique semblable à celle des cheminées neuves.

Si cette cheminée est reliée à un vieux foyer de maçonnerie, il serait judicieux d'y encastrer un foyer de dernière génération. « Vous cesserez de laisser entrer de l'air froid par la cheminée quand elle ne sert pas, et avec votre nouveau foyer, vous pourrez vraiment chauffer la maison », affirme Stéphane Bouffard, qui est aussi vice-président de l'APC.

Cheminées métalliques

Depuis un peu plus de 30 ans, les cheminées sont composées de conduits à double paroi préfabriqués en usine. Elles sont très sûres, à condition de subir un ramonage régulier.

Voici les premiers signes de défaillance d'une cheminée métallique : 

• coulisses ou picots de rouille, rouille aux jonctions

• bosses et autres déformations

• chapeau absent

• support défaillant

À la suite d'un achat immobilier, il est fortement recommandé de faire ramoner la cheminée métallique, même si le vendeur prétend l'avoir fait récemment. Un bon ramoneur fera par la même occasion un diagnostic de son état. Prévoir entre 100 $ et 200 $.

PHOTO ANDRÉ DUMONT, COLLABORATION SPÉCIALE

Plus récentes, les cheminées métalliques doivent quand même être inspectées lors de chaque ramonage.