Peut-on vivre en condo avec un chien sans importuner les voisins? Absolument, mais il faut parfois prendre certaines mesures pour le faire bouger pendant la journée et éviter qu'il ne dérange les voisins.

Courtière immobilière spécialisée dans le marché haut de gamme, JJ Jacobs demeure au chic Roc Fleuri, au centre-ville de Montréal. Elle veille au bien-être de sa belle Tiffany, un caniche royal, s'assurant qu'elle ne jappe pas et qu'elle fait amplement d'exercice.

Ses trucs? Lorsqu'elle est avisée de l'arrivée de visiteurs, Mme Jacobs évite qu'ils sonnent. Elle ouvre la porte de son appartement-terrasse pour les accueillir. Tiffany, par ailleurs, a été habituée à remuer une cloche à vache installée près de la terrasse lorsqu'elle veut aller dans son petit coin à l'extérieur. Elle fait par ailleurs de longues promenades et se délie quotidiennement les jambes en compagnie de Stephen Pugh, un employé de Mme Jacobs qui prend à coeur cette responsabilité.

«J'ai entraîné Tiffany de façon à ce qu'elle ne dérange personne, précise-t-elle. Si nous attendons l'ascenseur et que quelqu'un a peur des chiens, je prends l'ascenseur suivant. En même temps, la présence des chiens dans un immeuble en copropriété est très positive. Les gens se parlent davantage quand ils en croisent.»

Au Roc Fleuri, qui comporte une soixantaine de condos, un peu plus de 10% des copropriétaires possèdent un chien, estime-t-elle.

Beaucoup de jeunes habitant seuls ont des chiens, constate le promoteur Jacques Vincent, coprésident de Prével, très actif dans Griffintown. «Au Lowney, où il y a beaucoup de célibataires, il y a plus de chiens qu'aux Bassins du Havre, dit-il. C'est comme leur enfant.»

Camp de jour pour chiens

Les entreprises offrant des services de garde et de toilettage pour les animaux se multiplient dans la région de Montréal.

Il y a cinq mois, Liliana Abruzzese et Cara Schwartz ont ouvert leur sympathique commerce Ruff Ruff près de la station de métro Papineau, dans un secteur en pleine mutation où se construisent plusieurs immeubles en copropriété. Beaucoup de leurs clients profitent de leur service de garde, désirant que leurs chiens soient actifs pendant qu'ils sont au travail. Ayant été stimulés toute la journée, leurs compagnons sont plus calmes le soir.

«Nous répondons à un besoin, constate Cara Schwartz. Certaines personnes, qui prévoient rentrer tard, nous laissent leur clé et nous demandent de ramener leur chien chez eux en fin d'après-midi. Nous nous assurons qu'il ait mangé et fait ses besoins. Après une journée bien remplie, il pourra rester seul quelque temps sans problème!»

Matthew Bergeron y amène sa chienne Maggie les jours où sa conjointe et lui travaillent tous les deux. «Avant, on la laissait seule dans l'appartement, mais elle manquait d'exercice, explique-t-il. Elle a tendance à japper. C'est mieux pour elle. Elle peut socialiser, au lieu de rester huit heures seule. On vient jusqu'à trois fois par semaine et on lui fait parfois donner son bain. C'est pratique!»

Le coût d'une journée au camp de jour chez Ruff Ruff? 25$.

«Beaucoup de couples vivent en condo et n'ont pas d'enfants, observe Liliana Abruzzese. Ils veulent de gros chiens. Or, il faut les aider à dépenser leur énergie.»

Photo François Roy, La Presse

Liliana Abruzzese, chez Ruff Ruff, donne des soins aux chiens.

Tout près du canal de Lachine

Dominique Firetto, qui évolue depuis son adolescence dans le milieu canin, s'est lancé en affaires dans le quartier Pointe-Saint-Charles, non loin de Griffintown. Son commerce, Adorable Doggytown, offre des services de garde, de toilettage et de pension haut de gamme. Lors des séjours de plus d'une journée, les chiens et les chats sont amenés sur la Rive-Sud, dans une vaste propriété de 60 000 pi2.

La clientèle visée? Les gens d'affaires habitant des condos de luxe, qui travaillent énormément. «Les chiens deviennent une charge, souligne M. Firetto. Des services comme les nôtres leur enlèvent une épine du pied.»

À l'automne, il installera deux tapis roulants dans son gymnase intérieur. Pour faire bouger encore plus les chiens qui ont un surplus d'énergie.

ruffruff.ca

www.doggytown.ca

Photo Sarah Mongeau-Birkette, La Presse

Dominique Firetto a fondé Adorable Doggytown, dans Pointe-Saint-Charles. Les chiens qui profitent du service de garde dépensent de l'énergie pendant la journée.

Davantage de parcs pour les chiens

En ville, les aires d'exercice canin sont pris d'assaut matin et soir. De nouveaux voient le jour à Montréal, à mesure que se construisent des tours d'habitation. C'est notamment le cas au centre-ville, à l'intersection des rues Bonaventure et Lucien-L'Allier, ainsi qu'à Saint-Léonard, à l'intersection de la rue Jean-Talon Est et du boulevard Provencher. Ces espaces verts clôturés permettent aux chiens de courir en toute liberté. Ils contribuent aussi à créer une communauté, estime Alan DeSousa, maire de l'arrondissement de Saint-Laurent. C'est pourquoi une aire d'exercice canin a été intégrée dans le parc aménagé l'an dernier, dans le quartier Bois-Franc. «Ils permettent aux voisins de tous les horizons de se rencontrer et de tisser des liens», croit M. DeSousa. Ces parcs soulèvent aussi les passions. Au pied du mont Royal, à deux pas du centre-ville, le vaste parc Percy-Walters, adopté depuis des décennies par les amoureux des chiens, est notamment réaménagé pour faire une plus grande place aux enfants. Cette décision suscite beaucoup de critiques. Car dans les environs, allègue-t-on, les compagnons à quatre pattes sont plus nombreux que les bambins.

Photo Olivier Jean, La Presse

Henry Brisson habite près du parc Percy-Walters, situé au pied du mont Royal, à deux pas du centre-ville. Sa femme et lui se relaient et y emmènent leur chienne Heidi quatre fois par jour.