En quoi consiste le travail de l'inspecteur en bâtiment? À réaliser un examen visuel attentif, d'un oeil plus exercé que celui du client moyen, des systèmes et des composants d'une maison. Comment choisir le bon? Voici quelques pistes.

L'inspecteur travaille surtout avec ses yeux, qui lui permettront de repérer d'éventuels problèmes dans un bâtiment. En effet, il n'utilise pas d'appareils (thermographe, niveau au laser), à l'exception d'un testeur électrique. Le protocole de travail de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ) ajoute toutefois l'usage d'un détecteur d'humidité des matériaux, «dans le but de confirmer ou pas la présence d'humidité aux endroits suspects et nulle part ailleurs». Les deux récentes conventions d'inspection préachat (AIBQ et www.inspectionpreachat.org) permettent aussi à l'inspecteur de piquer un composant structural apparemment détérioré, par exemple avec une petite pression de tournevis.

«L'inspecteur doit impérativement entrer dans le grenier et dans le vide sanitaire, si c'est faisable», affirme l'ingénieur René Vincent, expert en bâtiment (Centre d'inspection et d'expertise en bâtiment du Québec). Il ajoute: «L'inspection préachat, c'est chercher l'indice, un peu comme le jeu des huit petites différences. L'inspecteur ne découvre pas de vice caché, mais bien des éléments qui y mènent.»

Rapport écrit

Dans son rapport écrit, l'inspecteur note ses observations ou coche l'élément correspondant sur une liste. Si un indice évoque un possible vice caché, il recommande une expertise complémentaire.

«L'inspecteur doit se garder d'interpréter ses observations visuelles, soutient l'ingénieur Vincent. Ce faisant, il pourrait enlever des munitions à son client, en cas de poursuite en cour: un juge pourrait considérer que l'acheteur était au courant du problème pour lequel il poursuit le vendeur. Si le parquet est décollé et que le vendeur dit: «C'est parce que j'ai laissé une plante à cet endroit», l'inspecteur doit se contenter de noter cette réponse dans son rapport.»

Quant à l'expertise complémentaire, elle est à considérer: elle permet d'aller au fond des choses et, s'il y a un motif raisonnable, d'annuler la vente pendant qu'il en est encore temps.

Choisir un inspecteur

On estime qu'il y a au Québec environ 500 inspecteurs membres d'associations ou d'ordres professionnels, sur un total de 700 ou 800 inspecteurs.

«Commencez à chercher un inspecteur en même temps qu'une propriété, conseille Bernard Marois, ingénieur et évaluateur agréé. Une fois l'offre d'achat déposée, ça ne laisse plus assez de temps.»

Céline Viau, directrice générale de l'Ordre des évaluateurs agréés du Québec et participante à la rédaction des normes de pratiques publiées au www.inspectionpreachat.org, indique: «Nous recommandons de choisir un membre d'un ordre professionnel, autrement dit un architecte, un ingénieur, un technologue ou un évaluateur agréé. Avec eux, le public a des recours prévus dans le Code des professions.»

Si un inspecteur n'est pas membre d'un ordre ou d'une association, Denys Aubert conseille d'exiger absolument une preuve écrite d'assurance. Une solide expérience est un atout, de même que la référence d'un client satisfait. Le président de l'AIBQ déconseille vivement «les beaux-frères inspecteurs» et «les rapports écrits sur le seuil de la porte». Par ailleurs, il est bon d'avoir vu un rapport écrit par l'inspecteur et de le trouver facile à comprendre.

Légalement, un courtier immobilier qui recommande un inspecteur est tenu d'avoir vérifié si ce dernier détient une assurance responsabilité, s'il se conforme à une norme de pratique reconnue et s'il remet des rapports écrits. Il doit également fournir plus d'un nom. Cependant, choisir un inspecteur non lié à un courtier écarte tout conflit d'intérêts ou apparence de conflit d'intérêts, font remarquer certains observateurs.

Vous pensez en savoir assez pour faire l'inspection vous-même? «C'est risqué, il y a trop à savoir, prévient René Vincent», qui s'apprête à donner un séminaire où on détaille 300 défauts ou indices de défauts de construction.