Médecin à la direction de la santé publique et à l'Hôpital thoracique de Montréal, Louis Jacques est aux premières loges pour constater les méfaits des moisissures sur la santé humaine.

Outre les symptômes souvent associés aux champignons microscopiques, comme la rhinite allergique, l'aggravation de l'asthme et la pneumonite d'hypersensibilité, le médecin observe tous les jours d'autres effets, parfois très graves: urticaire, eczéma, fatigue chronique, fibromyalgie, maladies inflammatoires, problèmes digestifs, troubles de la mémoire ou du sommeil...

Les personnes les plus à risque sont les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes malades, âgées ou immunodéprimées et celles atteintes d'une affection du système respiratoire.

Cependant, tous ne sont pas atteints. «Dans une même famille, on a fréquemment des personnes sans symptômes et deux personnes affectées, un enfant et un adulte», rapporte le médecin, auteur principal de l'étude sur la santé respiratoire des enfants montréalais (voir «Un mal répandu»).

Et que dire de la dépression qui s'installe chez la personne atteinte... qui quitte parfois un logement pour déménager dans un autre pas plus salubre. «Cela fait ressortir l'importance d'avoir des logements sociaux de qualité», souligne M. Jacques.

En vertu de la Loi sur la santé publique, un médecin doit signaler à la municipalité un édifice qu'il soupçonne d'être une source de maladie pour les occupants. De son côté, la Ville de Montréal a autorité pour exiger des correctifs, suivant le Règlement sur la salubrité, l'entretien et la sécurité des logements.

Les moisissures se trouvent également chez les plus nantis, poursuit le médecin. «Si des personnes sont malades dans leur nouvelle maison, il se peut qu'il y ait une dalle de béton non étanchéisée, des murs non asséchés ou non traités après un dégât d'eau, une robinetterie qui fuit goutte à goutte, un tuyau qui suinte...»