Saint-Lambert, 29 mai 2012. Pendant que l'orage se déchaîne à l'extérieur, Chantal Mantha suit attentivement les activités du mouvement étudiant à la télévision, dans son agréable bungalow des années 50. «De l'eau dans la cave? Pas ici!», répond-elle à son fils Jules, 18 ans, qui téléphone de chez sa petite amie, à quelques rues de là, où l'inondation en est déjà à quatre pouces.

«Nous avions des infiltrations d'eau dans notre habitation précédente, raconte-t-elle, et j'étais contente que ce cauchemar soit derrière moi.»

Chantal est tout de même descendue au sous-sol... qui était bel et bien inondé. «Ça venait de la toilette. Un classique cas de refoulement d'égout. L'eau avait dû jaillir comme un geyser, car les murs étaient mouillés en hauteur. La marée a glissé en dessous d'une plateforme de quatre pouces qui couvre une partie du sous-sol, sans passer dessus. Nous avons enlevé une partie du liquide à l'aide d'une pompe empruntée au voisin. Les deux derniers pouces, il a fallu vider avec des seaux.»

Le 1er juin, la société de nettoyage recommandée par l'assureur installe un déshumidificateur et deux puissants ventilateurs. À la fin du mois d'août, Chantal reçoit un chèque de l'assureur. «Ça nous indemnise pour les deux tiers des travaux, estime-t-elle. Heureusement, je n'ai pas perdu beaucoup de biens.»

Clapets manquants

Le refoulement d'égout survient lorsque les conduites d'égout municipales, surchargées par la pluie, débordent, ce qui fait refouler l'eau vers les maisons. Un désagrément qui peut être évité au moyen d'un clapet antiretour. Ce dernier se pose sur le tuyau d'évacuation des eaux usées de la maison. Cette pratique de prévention n'était pourtant guère courante, il y a quelques décennies à peine.

Si bien que ce fameux 29 mai, 760 foyers de Saint-Lambert ont été inondés. «Les seuls voisins épargnés, rapporte Chantal Mantha, avaient profité de rénovations, dans le passé, pour installer un clapet antiretour.» À Montréal, la Ville a reçu 3765 réclamations pour dégâts d'eau relatifs au 29 mai, la plupart dans le sud de l'île. Un règlement municipal oblige maintenant les Montréalais à faire poser un clapet antiretour au moment de rénovations, de constructions neuves ou après un refoulement d'égout. Les citoyens peuvent signaler le 311 pour recevoir la visite d'un inspecteur qui examinera l'état de la tuyauterie et fera ses recommandations.

Ni Chantal ni son fils n'ont souffert de problèmes de santé, mais Jules n'a plus sa chambre au sous-sol. «En conséquence, il vit davantage chez son père, dit sa mère. Dommage...»

Attestation de séchage

«Le plus difficile dans une telle histoire, c'est de prendre les bonnes décisions, affirme la Lambertoise. Car plusieurs entrepreneurs donnent des avis contradictoires.»

La raison, explique Gino Dechamplain, du laboratoire Enviro-Option, c'est qu'on a affaire à deux industries distinctes: l'industrie après-sinistre et l'industrie de décontamination microbienne. La première arrive dans les 24 ou 48 heures pour enlever l'eau et assécher les matériaux. «À ce propos, l'assureur et le client devraient toujours demander une attestation d'assèchement, préconise M. Dechamplain. Simplement des données prises à l'humidimètre, cet appareil qui mesure l'humidité dans la profondeur du matériau.» La décontamination, de son côté, se fait une fois l'eau enlevée et la source éliminée.

Bilan microbien

«Si les surfaces ont été mouillées plus de trois ou quatre jours [possibilité de contamination fongique] ou s'il y a eu refoulement d'égout [contamination bactérienne], il faut un spécialiste en décontamination microbienne et un nettoyage en profondeur, insiste M. Dechamplain. On ne prend pas un refoulement d'égout à la légère. De plus, si on fait fonctionner des ventilateurs sans enlever les matériaux contaminés, ça brasse l'air, ce qui propage les microorganismes.»