Si de l'eau suinte, au sous-sol, à l'angle de la dalle de béton et du mur de fondation, il y a une forte probabilité de dysfonctionnement du drain français, selon Bernard Guillot, directeur technique chez LCS/Drains secours de Québec et de Lévis.

«L'examen du drain par caméra, d'accord. Mais si elle n'arrive pas à faire son chemin en raison d'une congestion de boue tenace, ça ne veut pas dire qu'il faille creuser une tranchée tout autour de la maison et tout reprendre. Voyons donc...» s'indigne Bernard Guillot. On peut procéder d'abord au vidage, par succion mécanique, du conduit. Puis faire un diagnostic précis à la caméra. Elle montrera où, le cas échéant, il est abîmé. Ou bien à quel endroit un bouchon indélogeable de boue s'est formé. Ensuite, on effectuera les réparations qui s'imposent.

«Comme, dans le corps humain, on réprime le gras des artères et on fait des pontages plutôt que d'implanter un nouveau coeur, ici on chasse les débris et on raccommode les parties descellées», dit M. Guillot par analogie.

Longue durée de vie

Car estimer qu'un drain a une espérance de vie utile de 20 ans relève du mythe. Preuve, plaide M. Guillot, on recense encore des drains de grès ou de béton, vieux de 40 à 50 ans, encore solides et fiables.

Sauf qu'ils peuvent avoir été fracturés par une racine d'arbre. C'est, du reste, là précisément où seront exécutés les «pontages». Sans obligation de se lancer dans de vastes chantiers qui seraient, du coup, des gouffres financiers et qui entraîneraient une dévastation troublante du terrain.

Pour sa part, Michel Lamontagne, pdg de Drainages de la capitale de Charny, est à perdre patience devant les drains dysfonctionnels de maisons qui non seulement sont neuves, mais de haut prix.

«Leur débit varie de 250 à 325 gallons à l'heure suivant une pente normative de 1 %, alors qu'il devrait être de 400. Autant dire qu'ils ne sont pas efficaces. Sans compter que plusieurs jamment carrément», dénonce-t-il. Ils ne fournissent donc pas lors de grosses pluies et, au printemps, avec la fonte des neiges.

Lors de chantiers de construction, a-t-il observé, les travailleurs font la semelle (footing) et les murs de fondation, se déplacent dans la tranchée, font débouler de la terre environnante, pratiquent à la petite pelle un couloir dans celle-ci, y dépose le drain sur un sol mouilleux et sans aucun gravillon. Lorsqu'on remblaie, par la suite, le drain est écrasé et en perte immédiate de rendement.

«Ultérieurement, l'eau monte dans le drain entraînant avec elle la terre», maugrée-t-il. L'acquéreur, lui, n'en sait rien, puisque le mal est six pieds sous terre. Il l'apprend lorsque le drain ne fournit plus et que l'eau s'insinue dans le bas de la fondation et «transpire» dans son sous-sol. Cela survient quelques années, voire quelques mois à peine après qu'il eut pris possession.

Scandaleux! fulmine M. Lamontagne. Tandis qu'il signale qu'un grand nombre de maisons de luxe construites ces 10 dernières années en sont affligées. «Un drain de fondation, consciencieusement installé, tient bon de 40 à 45 ans. La vie utile de ceux-là pourrait ne pas durer 10 ans», fulmine-t-il.

L'idéal, enfin, est de pourvoir de buses ou de «cheminées» les coins opposés de la fondation pour l'examen périodique du drain aussi bien que pour son entretien. «Les constructeurs d'habitations sérieux le font», se félicite Bernard Guillot. Cependant que ces accès s'avèrent particulièrement utiles pour les drains qui sont sans cesse colonisés par l'ocre ferreuse.