Les foyers à l'éthanol créent une belle ambiance, dégagent de la chaleur et s'installent facilement. Mais tous ne sont pas sécuritaires. Constatant que certains modèles représentent un réel danger, les services de sécurité incendie commencent à se mobiliser pour prôner l'utilisation de foyers homologués selon une norme ULC.

«Plusieurs produits importés de Chine ne sont pas conçus selon les normes nord-américaines et ne devraient pas être utilisés tant qu'ils n'ont pas été testés», estime Jean-Guy Ranger, chef de la division prévention du Service de sécurité incendie de l'agglomération de Longueuil.

 

«Il y a des foyers à l'éthanol sur le marché qui fournissent 40 000 BTU, alors que selon la norme ULC, les appareils ne peuvent pas dépasser 10 000 BTU, déplore-t-il. Certains appareils, de plus, sont mal fixés au mur et peuvent être soulevés, et le liquide peut se renverser à l'intérieur du foyer et sur le sol. Plusieurs n'ont aucune protection devant les flammes. En s'approchant, les vêtements peuvent s'enflammer. D'autres, mobiles, peuvent être placés près de rideaux. Cela m'inquiète, car ceux qui utilisent ce type d'appareil sont souvent en copropriété, dans des immeubles comptant plusieurs logements. S'il y a un incendie, celui-ci se propagera rapidement. Les syndicats de copropriété devraient réglementer là-dessus et exiger que seuls les appareils homologués soient utilisés.»

C'est chose faite dans l'agglomération de Longueuil, qui englobe la ville de Longueuil et les municipalités de Saint-Bruno-de-Montarville, Brossard, Boucherville et Saint-Lambert, où il est interdit d'utiliser des foyers à l'éthanol non homologués au Canada selon la norme ULC/ORD-C627.1. Le Service de sécurité incendie envisage même la possibilité de poursuivre ceux qui contreviennent au règlement en encourageant l'utilisation des appareils non homologués.

«Les foyers à l'éthanol sont à la mode, constate Carole Morin, propriétaire de la Boutique Chaleur, à Longueuil, qui offre des foyers à l'éthanol homologués ULC, fabriqués au Québec. Plusieurs les achètent sous le coup de l'émotion, comme ils achètent une paire de bottes.»

Décoflame, de Granby, est le premier manufacturier québécois à obtenir l'homologation ULC.

Le processus a été ardu, avoue Normand Carle, agent manufacturier qui fait la promotion des foyers à l'éthanol Décoflame. Les appareils ont échoué aux tests trois fois avant de finalement obtenir l'homologation ULC. Ils ont été perfectionnés au fil des 22 tests passés, gagnant notamment une vitre (pour éviter que le feu ne sorte de la chambre à combustion au moindre courant d'air), une double paroi (pour éviter que le mur arrière ne s'enflamme), un deuxième brûleur (en cas de débordement, l'éthanol se retrouve dans un autre contenant et non pas dans le foyer) et un dispositif pour éteindre le feu avant d'ouvrir la vitre.

«Cela nous a pris près d'un an et demi et cela a coûté très cher, souligne Ryan Chomiuk, copropriétaire de l'entreprise. Nous avons constaté les risques associés à l'utilisation de produits non approuvés.»

Les deux modèles de Décoflame, dotés de vitres coulissantes et faciles à remplir, coûtent environ 2100$ et 2300$.

Autre mise en garde: il ne faut surtout pas chercher à économiser en achetant de l'éthanol bon marché. Les appareils sont conçus pour être utilisés avec leurs propres combustibles certifiés ÉcoLogo, qui répondent à des exigences précises. Il ne faut pas non plus remplir le réceptacle alors qu'il est encore chaud. Il risque de s'enflammer.