Bon an mal an, quelque 200 000 ménages québécois changent de domicile à l'occasion du 1er juillet, «journée nationale du déménagement». Saviez-vous que votre maison - de la hauteur des plafonds à la forme du mobilier ! - peut influencer votre façon de penser, votre créativité et votre santé ? Les scientifiques s'intéressent de plus en plus à la question. Grâce aux neurosciences notamment, ils obtiennent maintenant des réponses.

Formes rondes, formes bellesPour maximiser l'effet de détente dans une pièce et faire fuir le stress, il serait préférable de l'équiper d'un mobilier aux contours arrondis. C'est ce qui ressort des travaux du neuroscientifique Moshe Bar de la Harvard Medical School, cités dans le magazine Scientific American Mind (avril/mai 2009). Placés devant une série d'objets, les sujets ont dit préférer ceux aux formes arrondies. La raison ? Les objets droits, aux contours aiguisés et aux coins pointus, seraient synonymes de danger. D'ailleurs, l'amygdale, partie du cerveau impliquée dans le processus de peur et de désir, est davantage sollicitée lorsqu'on regarde des objets exempts de courbes.

Trucs pour compenser un mobilier aux contours aiguisés et aux coins pointus ? On ajoute des objets de décoration aux formes rondes : lampes, vases, coussins, carpette.

Et la lumière fut

Une maison baignée de lumière favoriserait une bonne santé, nous donnerait une dose d'énergie et nous aiderait à garder un moral d'acier. La lumière du soleil agirait même comme un puissant antidouleur. Après une intervention chirurgicale, les patients consomment moins d'analgésiques lorsqu'ils récupèrent dans une chambre ensoleillée. En 2003, une expérience menée auprès de 89 patients ayant subi une opération à la moelle épinière au Centre hospitalier de l'Université de Pittsburgh l'a démontré. Dans les cinq premiers jours, les patients installés dans les chambres ensoleillées ont eu recours à 22 % moins d'analgésiques que ceux dans les chambres ombragées. L'effet était encore plus prononcé chez les jeunes patients.

La lumière naturelle favorise par ailleurs les capacités cognitives, selon une étude californienne (1999) effectuée auprès de 21 000 élèves du primaire pendant une année scolaire. Dans les classes ensoleillées, les enfants ont amélioré leur capacité de lecture plus rapidement (de 26 %) que leurs camarades des classes plus sombres. En mathématiques, ils ont également fait des progrès plus rapides (de 20 %).

Une maison sombre, sans lumière naturelle, affecte les rythmes circadiens, soit notre cycle de veille et de sommeil. L'horloge biologique s'en trouve sens dessus dessous. Selon diverses études, le manque de lumière est notamment lié à la mal absorption de certains nutriments (comme le calcium), à la fatigue, à la dépression, au trouble affectif saisonnier, à une baisse de l'efficacité du système immunitaire. Des études en laboratoire ont même montré une augmentation de la consommation d'alcool chez des rats qui étaient plongés dans la noirceur. On ouvre les rideaux !

Des trucs pour compenser un manque de lumière ? On recommande une lumière DEL (diode électroluminescente) et des lampes à spectre complet durant le jour.

Une question de plafond

Un artiste s'épanouira davantage dans un atelier aux plafonds élevés. Le comptable ? Il travaillera plus efficacement dans un petit bureau. La hauteur des plafonds affecte notre façon de penser et notre créativité, suggèrent des chercheurs de l'Université du Minnesota. Deux pieds peuvent faire la différence ! Les auteurs de l'étude publiée en 2007 ont demandé à 100 sujets de regrouper 10 sports selon des catégories de leur choix. Les associations ont été beaucoup plus abstraites et émotives chez les sujets qui se trouvaient dans la pièce au plafond de 10 pieds que chez ceux dans la pièce au plafond de 8 pieds.

Un plafond haut incite donc à penser plus librement. À l'inverse, un plafond de 8 pieds, associé à un sentiment de confinement, inspire une pensée plus détaillée et statistique. C'est d'abord une question de perception, notent cependant les chercheurs. «Nous pensons que nous pouvons obtenir les mêmes effets en manipulant la perception de l'espace», ont déclaré les chercheurs au magazine Scientific American Mind (avril/mai 2009).

Des trucs pour créer une illusion d'espace ? On installe des miroirs et on opte pour une peinture de couleur claire.

Voir vert

Des chercheurs américains ont remarqué que, après une opération, les patients qui ont une chambre avec vue sur des arbres passent moins de temps à l'hôpital et demandent moins d'antidouleurs que ceux qui ont vue sur un mur de briques. Selon des psychologues de la Rutgers University, des fleurs près du lit ou à l'extérieur favoriseraient l'émergence d'émotions positives et augmenteraient le sentiment de satisfaction face à la vie.

Les enfants exposés aux espaces verts, depuis les fenêtres de la maison, obtiendraient de meilleurs résultats à des tests d'attention, selon une étude de la Cornell University (2000). À l'école, la concentration et les performances scolaires s'en trouveraient aussi améliorées. Des chercheurs de l'Illinois suggèrent qu'un espace de jeu vert serait particulièrement bénéfique aux élèves souffrant d'un trouble de l'attention.

Des trucs pour maximiser l'effet du vert ? On se concocte un jardin intérieur. On dispose les fauteuils avec vue sur la cour, on dégage les fenêtres, on installe des boîtes à fleurs.

Un tapis et des amis

Les tapis, bons pour la santé ? Pas directement. Mais des chercheurs américains ont noté que la présence de tapis dans les chambres d'hôpital incite les visiteurs à passer plus de temps au chevet des malades. Le support social, plus soutenu, favoriserait une guérison plus rapide !

La maison idéale ?

«La relation à la maison n'a rien d'anodin, affirme le psychologue français Patrick Estrade, auteur de La maison sur le divan (éditions Robert Laffont). La maison est essentielle pour forger notre personnalité, elle est le reflet de notre rapport à autrui. Nous y cherchons sécurité, chaleur, nourriture et amour. C'est l'endroit où l'amour se vit, se dit et se fait. C'est aussi l'endroit où l'on crée. On chante, on écrit de la poésie, on joue de la musique.»

«La maison idéale, c'est d'abord celle où on se sent entouré, aimé, indique l'auteur. Quand il y a des conflits, la maison vibre très mal. On ne se sent pas à sa place et ça se répercute sur notre santé. On souhaite une maison ouverte, mais intime à la fois, avec des objets qui nous représentent. On doit s'y sentir bien.»