Vous filez le parfait amour avec l'élu de votre coeur et êtes prêt à passer à l'étape de la cohabitation? Voici quelques conseils pour éviter que vos belles assiettes neuves ne finissent en... projectiles.

Vous filez le parfait amour avec l'élu de votre coeur et êtes prêt à passer à l'étape de la cohabitation? Voici quelques conseils pour éviter que vos belles assiettes neuves ne finissent en... projectiles.

 D'entrée de jeu, les psychologues Yvon Dallaire et Yves Dalpé, tous deux spécialistes des relations de couple, insistent pour dire qu'il faut prendre le temps de se fréquenter avant de s'engager.

 «Au départ d'une relation, on est davantage dans la passion, dans le rêve, dans le fantasme», constate M. Dallaire, auteur du livre Qui sont ces couples heureux? Les fréquentations, qui sont de nos jours trop souvent escamotées, note-t-il, doivent servir à connaître l'autre et ainsi voir si les deux personnes sont compatibles. M. Dallaire estime qu'il faut environ un an et demi pour voir l'être aimé tel qu'il est réellement, sans lunettes roses.

 Yves Dalpé a aussi pu remarquer que les couples qui emménagent ensemble dans un délai d'un an ne durent généralement pas. «Vite arrivé, vite parti», illustre le psychologue et auteur de l'ouvrage L'infidélité n'est pas banale. Même si on a envie de vivre ensemble, mieux vaut se visiter jusqu'à ce qu'on soit certain d'être prêts à faire les compromis qu'exige la vie commune.

 Faire un voyage peut permettre d'en découvrir beaucoup sur la personnalité de l'autre, conseille M. Dallaire. Faire des tests de cohabitation de plusieurs jours, voire de quelques semaines, donnera une bonne idée de la vie à deux qui vous attend, en vous plongeant dans le bain du quotidien!

 Chez toi ou chez moi? Évitez d'aller vous installer dans l'appartement ou la maison actuel d'un des deux tourtereaux, conseillent les deux psychologues, parce que celui qui prend place dans le territoire de l'autre risque de ne pas se sentir chez lui. Des changements dans la décoration peuvent faire office de compromis, mais l'idéal reste de se reconstruire «un nouveau nid», soutient M. Dallaire. «Et c'est si agréable d'avoir un projet commun, ajoute M. Dalpé. Ça forge le couple en même temps, ça donne une histoire encore plus commune.»

 Un coin personnel

 Au moment de choisir l'appartement ou la maison, prévoyez un petit coin personnel. Si vos finances le permettent, réservez une pièce par individu, que chacun pourra façonner à son goût et qui servira de refuge ou de pièce de décantation après une chicane. Dans ce lieu, pas de compromis à faire : vous pourrez placarder sur vos murs les affiches de votre groupe favori ou y garder des bébelles qui vous sont chères mais déplaisent à votre douce moitié. Si vous n'avez pas l'espace pour réserver deux pièces, vous pourriez partager la même, en la séparant à l'aide d'une toile ou d'une bibliothèque. M. Dalpé juge nécessaire d'avoir un espace bien à soi. «Si ce n'est pas possible, il y a un prix à payer pour ça. Les deux pourraient finir par manquer d'intimité. Il peut y avoir des frictions qui pourraient être évitées autrement.» Dans le cas où votre budget ne permet pas l'espace supplémentaire, M. Dallaire propose simplement de se trouver un coin personnel à l'extérieur de la maison, sur un banc de parc, voire dans un café.

 L'argent

 Sujet sensible s'il en est un, l'argent est une des deux sources principales de conflit, souligne M. Dallaire. «Dans un couple, on est trois : toi, moi et nous. Donc idéalement, on a trois comptes : chacun un compte personnel, et un compte conjoint, auquel on participe au prorata de nos revenus», fait-il valoir.

 M. Dallaire suggère de faire une «assemblée générale annuelle», pour prévoir un budget pour l'année. Le contenu du budget conjugal peut être très variable et inclure par exemple l'hypothèque, la ou les voitures, l'épicerie, un montant pour le voyage annuel ou même les dépenses pour le souper hebdomadaire au restaurant.

 On confie ensuite la gestion de cette bourse commune à une seule personne, «pour éviter de parler d'argent à toutes les semaines ou à chaque fois qu'il arrive une dépense imprévue», précise M. Dallaire.

 Ainsi, les fonds personnels laissent de la place pour les dépenses impulsives. M. Dallaire propose cette façon de procéder dès que la vie commune commence, même pour des couples assez jeunes, qui vivent en appartement.

 Pour M. Dalpé, qui croit aussi qu'il faut partager les frais au prorata des revenus, le mot-clé est transparence.

 Trop de gens refusent de dévoiler leur salaire ou leurs épargnes et placements à leur conjoint. «Pourquoi faire des cachettes sur quelque chose qui a autant d'importance?» s'interroge-t-il. Cela dénote de la méfiance.

 Tâches

 Comment se séparer les tâches? Selon M. Dalpé, le secret est de s'asseoir et de déterminer qui fera quoi et de coucher le tout sur papier. «Plus on est concret et plus on planifie, moins on a de chances que ça accroche.» Yvon Dallaire croit qu'il faut faire attention à la recherche de l'égalité des tâches. «On ne calcule pas, note-t-il, (en disant) "moi, je vais faire le repas si tu fais la vaisselle".» Il suggère que chacun choisisse les tâches qui lui déplaisent le moins, pour ensuite séparer les autres. Et embaucher un homme ou une femme de ménage s'avère souvent un bon investissement, affirme-t-il.

 Consensus?

 Par ailleurs, M. Dallaire indique qu'on ne doit pas chercher à toujours s'entendre, ni chercher à le faire. «La recherche du consensus, c'est souvent plus dommageable qu'autre chose.» Mieux vaut accepter de donner un peu plus de pouvoir à l'un ou à l'autre, selon les atouts de chacun. «Pour la décoration, ça peut être à la femme si elle a un plus grand sens esthétique, alors que l'homme peut avoir plus de pouvoir sur l'aménagement des meubles», explique le psychologue.

 Meubles : la dure sélection

La cohabitation entraîne aussi le dédoublement de meubles et d'accessoires. Ici, il faudra faire des compromis pour savoir quel sofa aura le privilège de trôner dans le salon du couple. «C'est un bon champ de bataille», lance le psychologue Yves Dalpé. «Ce n'est pas nécessairement facile, parce qu'on s'attache à ses affaires, ça fait partie de soi, et c'est là que la petite lutte de pouvoir peut jouer», avance-t-il. Ce qui importe, c'est que chacun puisse s'affirmer pour ne pas laisser partir des morceaux qui lui tiennent trop à coeur, tout en étant prêt à faire des compromis.

 L'organisatrice professionnelle Michèle Paris, fondatrice de l'entreprise En place, suggère de faire l'inventaire des biens pour cibler les doublons. Pour les articles superflus, il faudra alors prendre une décision : est-ce qu'on les garde, est-ce qu'on les entrepose, à la maison ou ailleurs, ou est-ce qu'on s'en débarrasse? Si on choisit d'entreposer, il faut se demander si les coûts et l'énergie que cela prendra en valent vraiment la peine, précise Mme Paris. Il sera aussi utile d'avoir une liste précise des objets entreposés, et dans quelle boîte on peut les trouver! Une fois que les articles que chacun veut garder seront identifiés, il faut aussi faire un plan d'aménagement, pour s'assurer que notre tri a été fait de façon réaliste et qu'il y aura bel et bien une place pour chaque objet, affirme Mme Paris. Finalement, même si chaque personne tient à ses choses, le résultat doit être harmonieux, ce qui peut signifier se départir de certains articles chéris...