Rester plus longtemps chez ses parents permet parfois de mettre assez d'argent de côté pour acheter une première propriété. Mais le stratagème fonctionne seulement si on quitte le nid familial avant 25 ans, selon une nouvelle étude de Statistique Canada.

Rester plus longtemps chez ses parents permet parfois de mettre assez d'argent de côté pour acheter une première propriété. Mais le stratagème fonctionne seulement si on quitte le nid familial avant 25 ans, selon une nouvelle étude de Statistique Canada.

 La proportion de propriétaires, chez les adultes dans la trentaine, augmente de 60,9% à 73,6% selon qu'ils soient partis à 16-17 ans de chez leurs parents, ou à 24-25 ans. Mais chez ceux qui sont partis après 25 ans, la probabilité d'être propriétaire quand on est dans la trentaine diminue. Elle est de 60,9% chez ceux qui ont attendu à 28-30 ans pour voler de leurs propres ailes, une proportion identique à ceux qui sont partis dès qu'ils ont eu l'âge du permis de conduire. En d'autres mots, les émules du film Tanguy n'en profitent pas pour économiser en vue d'une mise de fonds.

 «Nous avons eu l'idée de cette étude en voyant les résultats d'un sondage, en avril dernier, où les jeunes affirmaient qu'ils restaient plus longtemps chez leurs parents en vue d'économiser pour l'achat d'une maison», explique l'auteur de l'étude, Martin Turcotte. «Visiblement, cette hypothèse n'a aucun écho dans la réalité.»

M. Turcotte a vérifié si le statut familial ou le revenu changeait la forme de la courbe de la propriété dans la trentaine, en fonction de l'âge du départ du domicile familial (augmentation jusqu'à 25 ans, diminution par la suite). «Nous avons aussi vérifié les raisons pour lesquelles les jeunes retournent au domicile familial après l'avoir quitté, une stratégie que nous avons appelé boomerang. Très peu d'entre eux disaient que c'était pour économiser. La principale raison était la fin des études: les jeunes revenaient chez leurs parents pendant qu'ils cherchaient un emploi.»

 Le «boomerang» ne diminuait pas non plus la probabilité d'être propriétaire la trentaine venue. Sauf pour un sous-groupe de «boomerang», ceux qui revenaient chez papa et maman parce qu'ils avaient perdu leur emploi. Selon M. Turcotte, cette donnée ne permet toutefois pas de penser que les gens moins susceptibles d'accéder à la propriété ont des caractéristiques qui leur nuisent généralement dans la vie, et qui pourraient expliquer pourquoi ils restent chez leurs parents jusqu'à la fin de la vingtaine.

 «Tout ce qu'on peut dire, c'est que les gens qui restent tard chez leurs parents ne le font pas pour économiser en vue d'acheter une maison», dit M. Turcotte, qui ne veut pas se hasarder à une hypothèse pour expliquer ce phénomène. Peut-on considérer que les gens qui restent longtemps au domicile familial sont aussi des gens qui n'attachent pas beaucoup d'importance à être propriétaire de leur logis? «Ça serait une explication valable», se limite à dire M. Turcotte.

 C'est la première fois que Statistique Canada recueille des données individuelles sur l'accès à la propriété (les données remontent à 2006). «Auparavant, on ne mesurait que la propriété des ménages, ce qui était normal quand les gens partaient de chez leurs parents jeunes, dès qu'ils étaient adultes, mais qui faussait les données aujourd'hui, parce que beaucoup d'adultes restent chez leurs parents pendant l'université», dit M. Turcotte. L'analyse, commanditée par la SCHL, pourrait être refaite dans quelques années pour voir si le prix de l'immobilier modifie la forme de la courbe.