Plusieurs quartiers sont bordés de lignes à haute tension. Quel impact les champs magnétiques peuvent-ils avoir sur les résidants de ces maisons? Vous habitez une maison située à proximité d'une ligne à haute tension ou bien vous songez à en acheter une? Y a-t-il des risques liés aux champs magnétiques émis par les pylônes ?

Plusieurs quartiers sont bordés de lignes à haute tension. Quel impact les champs magnétiques peuvent-ils avoir sur les résidants de ces maisons? Vous habitez une maison située à proximité d'une ligne à haute tension ou bien vous songez à en acheter une? Y a-t-il des risques liés aux champs magnétiques émis par les pylônes ?

 Certains vous diront oui, d'autres vous diront non. Les lignes à haute tension sont soupçonnées d'accroître les risques de leucémie chez les enfants, en particulier à cause des champs magnétiques de fréquence extrêmement basses (CFEB) qu'elles émettent. Le British Medical Journal a publié en juin 2005 une étude montrant un risque relatif limité, mais réel, de leucémie infantile pour les enfants résidant à proximité (de 0 à 600 mètres) d'une ligne à haute tension.

 La question est suivie de près par de nombreux organismes de santé publique dans le monde. Les inquiétudes soulevées par certaines études ont conduit les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une branche de l'OMS, à ajouter en 2001 les champs magnétiques sur la liste des produits «peut-être» cancérigènes dans sa catégorie 2B, au même titre que d'autres produits dont les gaz d'échappement et le DDT.

 Selon Paul Héroux, professeur au département de médecine de l'Université McGill et ancien chercheur chez Hydro-Québec, les risques de l'exposition aux champs magnétiques sont biens réels aux yeux de la communauté scientifique. «La situation est claire. On pense que les champs magnétiques, à une certaine intensité, ça donne la leucémie chez les enfants. On ne peut pas garantir à 100 % (...) mais on a des institutions qui chapeautent la recherche sur le cancer et il faut écouter ce qu'ils disent», affirme-t-il, faisant référence à l'étude du CIRC.

 Paul Héroux souligne que les preuves ne permettent pas de croire que le danger est le même pour les adultes. «Les maisons qui sont situées près des lignes à haute tension ne devraient donc pas être habitées par des gens qui ont des très jeunes enfants», conseille-t-il.

 Pas de réglementation

 Hydro-Québec se fait rassurante sur les champs magnétiques et soutient qu'il est très rare que des enfants soient soumis à des doses supérieures à 0,2 microtesla (mesure électrique). Des études démontrent que des effets nocifs peuvent survenir lors d'une exposition prolongée supérieure à 0,4 microtesla. Mais selon Paul Héroux, d'autres études ont trouvé des augmentations statistiquement significatives au-dessus de 0,2 microtesla. Les pylônes émettent de 6 à 8 microtesla, mais à une quarantaine de mètres de distance, le corps n'en capte plus qu'entre 0,05 et 0,3.

 La société d'État rappelle que les autorités canadiennes de santé publique n'ont encore émis aucun règlement pour réduire l'exposition du public aux CFEB. Dans son site Web, Santé Canada indique que «des lignes directrices ne sont pas nécessaires parce que les données scientifiques ne sont pas assez fortes pour conclure que des expositions normales causent des problèmes de santé».

 Au Québec, un groupe de travail mandaté par le ministère de la Santé a remis en mai 2000 un rapport qui a passé en revue l'état de la connaissance scientifique sur la question. Sa conclusion ? Rien ne prouve que l'exposition chronique aux champs magnétiques émis par les lignes à haute tension augmente les risques de développer un cancer. Les experts ajoutaient également que si un jour on devait en trouver la preuve, les effets sur la santé humaine seraient sans doute extrêmement faibles. Une mise à jour de ce rapport est actuellement en voie d'être finalisée à l'Institut national de santé publique, mais les conclusions n'ont pas beaucoup changé.

 «Les études que nous avons analysées ne permettent pas de statuer sur le risque en tant que tel et elles ont de la difficulté à établir le niveau d'exposition à ne pas excéder», explique Daniel Gauvin, consultant expert auprès du ministère de la Santé sur les champs magnétiques. Il ajoute que des études en laboratoire sur des animaux ont montré que l'exposition aux champs magnétiques peut être associée à l'augmentation d'incidence de certains cancers (mais pas les leucémies), cependant, les niveaux de champs nécessaires à l'apparition de ces phénomènes néfastes sont sans commune mesure avec ceux observés à proximité des lignes à haute tension.

 «Peut-être, on dit bien, peut-être il pourrait y avoir un lien entre l'exposition aux champs magnétiques et des cas de leucémie chez les enfants. (...) Il n'y a pas lieu d'investir des sommes astronomiques relativement à ce risque-là, car il demeure tellement incertain que les dépenses ne seraient pas justifiées», indique M. Gauvin.

 Le groupe, qui va faire paraître son nouveau rapport d'ici quelques semaines, recommande quand même la prudence et entend continuer de suivre le dossier de près.