Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

Marie Verville a longtemps fait passer ses obligations de mère avant ses envies artistiques. Ce temps est maintenant révolu. L’ancienne chambre de son fils, qui vole désormais de ses propres ailes, est devenue son antre bien à elle.

« J’ai manqué ma vocation », affirme cette rédactrice-traductrice, sans regret dans la voix. « Je suis une touche-à-tout depuis toujours. Quand j’étais petite, je faisais du macramé, du dessin ou de la pyrogravure. Aujourd’hui, je me verrais bien enseigner l’art. Mais quand j’étais ado, je ne savais pas à quoi ces envies de dessiner ou de peindre pouvaient me servir. »

C’est ainsi que, sans savoir où se diriger, Marie a fait des études en éducation spécialisée au cégep, suivies d’un baccalauréat en communication à l’université. Puis elle est entrée au service du marketing d’une entreprise financière, où elle a travaillé pendant une douzaine d’années.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

« C’est ma pièce juste à moi », explique Marie Verville.

La passion pour les arts visuels n’était cependant pas très loin. En dilettante, à la fin de la vingtaine, la jeune mère de famille qu’elle était à l’époque a suivi des cours d’aquarelle. Mais, comme il est difficile de concilier langes et pinceaux, elle a dû se résigner à ranger toiles et boîtes de couleurs pour quelque temps.

Lorsque son employeur a décidé de fermer son service du marketing sans réorienter ses employés, Marie s’est retrouvée à prendre des contrats de rédaction, puis de traduction, pour joindre les deux bouts. De fil en aiguille, elle est devenue travailleuse autonome sans jamais se sentir véritablement à sa place.

« Le syndrome de l’imposteur, je l’ai ressenti toute ma vie. Quand tu sors de l’université en communication, tu as appris plein de choses sans être bonne dans quoi que ce soit. Je me suis creusé une niche en traduction parce que je suis douée en anglais, mais je n’ai ni certification ni agrément ni rien », confie-t-elle.

« Juste à moi »

Son sentiment d’accomplissement, elle l’obtient aujourd’hui en peignant de magnifiques toiles dans le joli atelier d’art qu’elle s’est aménagé dans l’ancienne chambre de son fils, avec la bénédiction de son conjoint.

« Paul est mon plus grand admirateur et mon agent », dit l’artiste, en riant.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Marie Verville à l’œuvre dans son atelier d’art

Je ne suis pas une professionnelle. La peinture n’est pas mon gagne-pain, mais je participe à des expositions où des amateurs d’art aiment et achètent mes toiles. Je rencontre d’autres artistes à des ateliers. C’est là que je me réalise.

Marie Verville

Un air de bazar règne dans la pièce où Marie a posé son chevalet, près d’une fenêtre, dans un coin. De belles toiles sont accrochées aux cimaises qui font le tour de l’atelier. Outils d’artiste et matériel de toutes sortes traînent ici et là, emplissant la tranche et la table de coupe. Deux grandes armoires ont l’air d’un étalage en désordre chez Omer DeSerres, son magasin de prédilection.

« C’est le fouillis total, reconnaît Marie avec une bonne part d’autodérision. Mon chum, qui aime l’ordre et le rangement par-dessus tout, n’a pas le droit de venir faire le ménage ici. C’est ma pièce juste à moi. »

Cet atelier est rapidement devenu une partie importante de l’identité de Marie. « Quand je m’installe ici, je m’abandonne. Je reviens à ce que je suis, parce que j’ai maintenant du temps. C’est moi, c’est mon repaire. Je m’estime chanceuse d’avoir cet espace-là. »

Vous avez également une pièce chouchou dont l’histoire mérite d’être racontée ?

Écrivez à notre collaborateur