Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente
Érigée au cœur du Vieux-Varennes, face au fleuve Saint-Laurent et à ses couchers de soleil, cette résidence plus que centenaire a l’éclectisme inscrit dans ses poutres. Comme un refus de s’ancrer dans un style ou dans une époque.
David Chabrely et son conjoint, Sébastien Louault, ont repris ce destin en main lorsqu’ils l’ont acquise il y a cinq ans. Pendant le long confinement de 2020, alors que d’autres faisaient du pain et des casse-têtes, le couple a investi énormément de temps pour redonner du pep à sa demeure ancestrale, à coups de pinceau, de papier peint (beaucoup de papier peint !) et de meubles chinés sur Marketplace, puis restaurés. En résulte un décor étudié et harmonieux dans son hétérogénéité.
« On aime les vieilles pierres, on adore l’histoire, mais ça reste qu’on a 40 ans et qu’on vit dans notre époque actuelle aussi, remarque David Chabrely. On aime à la fois le vieux et on essaie d’y mettre des touches un peu plus modernes. »
Des changements esthétiques essentiellement puisqu’il n’est pas question pour eux de toucher aux éléments architecturaux qui caractérisent cette maison bourgeoise. Majestueuses moulures décoratives, discrets vitraux aux fenêtres, planchers de pin à l’étage : plusieurs composantes d’origine ont été conservées au fil du temps et du passage des occupants.
Construite en 1915 par Joseph Trudeau, un entrepreneur important du village à l’époque, la résidence est inscrite au Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Elle a été baptisée Maison Arthur-Durocher, du nom de son deuxième propriétaire. Sa succession l’a possédée jusque dans les années 1960. Sur le site du Répertoire, l’évaluation d’inventaire du patrimoine bâti salue son architecture typique du début du XXe siècle, mais souligne aussi son éclectisme. Alors que son volume imposant, son toit asymétrique et sa tourelle relèvent du style Queen Anne, sa majestueuse galerie sur trois façades, décorée de colonnes en bois, est plutôt d’influence pittoresque. D’autres éléments comme la corniche à modillons, les linteaux de pierre et la tôle à la canadienne constituent pour leur part des « composantes plus traditionnelles ». Participe aussi à cet éclectisme un agrandissement à l’arrière, en pierres, qui aurait été construit dans les années 1980.
Attachés à l’histoire
Son architecture élégante est ce qui a séduit David Chabrely et Sébastien Louault. Originaires du centre de la France, ils sont amoureux des lieux qui portent une histoire. « On vient tous les deux de la campagne, souligne M. Chabrely. On est habitués à vivre dans de vieilles pierres, de vieilles fermes restaurées. Comme on baignait là-dedans, c’était évident pour nous que c’était une vieille maison qu’on voulait. »
C’est cet amour de l’ancien qui les a menés à Varennes. Installés à Montréal depuis leur arrivée au Québec, ils souhaitaient quitter la métropole pour un endroit plus paisible.
« On a visité plusieurs maisons centenaires et on a vu l’annonce de celle-ci qui ne nous correspondait absolument pas ! lance M. Chabrely. Parce que beaucoup trop grosse [16 pièces au total], on n’est que deux. On s’est dit : “On va faire nos curieux, on va quand même aller la visiter parce qu’on aime les vieilles pierres et qu’on aime voir comment c’est fait là-dedans.” Quand le courtier nous a ouvert la porte, on avait fait un pas dans la maison et on s’est dit : “OK, c’est elle !” » Ils ont essayé de se raisonner en se disant qu’ils n’avaient pas besoin de cet espace. En vain. Un mois plus tard, ils déposaient une offre d’achat.
La luminosité, les fenêtres en avant avec les petits vitraux, le toit et la tourelle avec de petites tuiles qui sont extrêmement rares nous ont plu. Le ferblantier n’a vu ça que deux fois dans sa vie. Il a dû faire des moules exprès pour faire des tuiles.
David Chabrely, propriétaire
Cure de rajeunissement
C’est que même si la maison était en assez bon état au moment de l’achat, les propriétaires ont dû, à la demande de leur assureur, refaire la toiture qui approchait de sa fin de vie utile. Des travaux complexes vu la forme asymétrique du toit et les règles entourant la rénovation de maisons classées patrimoniales. Les tuiles de tôle, qui avaient été peintes en noir il y a plusieurs années, ont été remplacées par de nouvelles, dans leur couleur d’origine, par l’entreprise Ferblantier Artisan-Art Métal, spécialisée dans la restauration de toitures ancestrales. Celle-ci a aussi refait la galerie qui commençait à montrer des signes de vieillissement.
« On a tellement été contents des travaux qui ont été faits que j’ai copiné avec le patron et je suis parti travailler avec eux ! », indique David Chabrely, qui travaillait auparavant dans le milieu hospitalier.
Cette restauration a valu aux propriétaires le prix du Mérite architectural 2022 dans la catégorie bâtiment patrimonial de la Ville de Varennes, une récompense qui souligne « les efforts des propriétaires pour l’embellissement urbain varennois au cours de l’année précédente ».
Aujourd’hui, ils estiment qu’ils ont apporté à la maison ce qu’ils pouvaient lui apporter. Un classique de cette rubrique serait de dire que la maison est devenue trop grande pour eux. Mais, dans leur cas, elle l’a toujours été. Voilà qu’ils sont prêts à la quitter, avec le désir de trouver un grand terrain sur lequel repose une plus petite maison.
Rectificatif : Une version précédente de l’article mentionnait que cette demeure a été baptisée Maison Arthur-Boulanger, du nom de son deuxième propriétaire. Or, il s’agit de la Maison Arthur-Durocher.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 1 089 000 $
Année de construction : 1915
Description : Maison patrimoniale située dans le Vieux-Varennes. Seize pièces réparties sur trois étages, dont trois chambres, un bureau, deux salles de bains et une salle d’eau ainsi qu’un vaste studio aménagé dans les combles. Garage pour deux voitures, spa et piscine creusée. Nombreux travaux effectués depuis 2018 (toiture, gouttière, galerie, peinture, fenêtres et piscine).
Dimensions du bâtiment : 34 pi 4 po x 46 pi 9 po (irrégulières)
Superficie du terrain : 9036 pi2
Évaluation municipale (2020) : 506 500 $
Impôt foncier (2023) : 3314 $
Taxe scolaire (2022) : 464 $
Courtier : Cédrick Charpentier-Jouan, RE/MAX Signature