Elle semble avoir été arrachée à des horizons au soleil plus généreux pour être rempotée au cœur d’une forêt d’érables centenaires de Saint-Sauveur. Et si la greffe a réussi, c’est notamment grâce à son propriétaire, qui s’était donné pour mission de la choyer tout en lui inculquant comment épouser nos hivers.

« Cette maison-là, quand je l’ai vue, c’est comme certaines femmes que j’ai rencontrées dans ma vie : je savais que je serais dans le trouble, mais je suis quand même allé de l’avant », confesse, mi-amusé, Raynald Mercille, qui a eu un coup de foudre pour cette demeure des Laurentides à l’architecture singulière, il y a plus de 25 ans. Même si le premier rendez-vous a déraillé : un autre prétendant lui a ravi sous le nez la première vente de la propriété.

Lorsqu’elle fut remise sur le marché, M. Mercille eut cette fois sa chance. Le hic, c’est qu’elle avait été totalement dépouillée de ses atours. « La maison avait été cannibalisée, il y avait des trous partout, tout ce qui s’enlevait avait été démonté : bains, éviers, etc. », se souvient le nouvel occupant, conscient que des investissements massifs seraient nécessaires pour la remettre d’aplomb. À cœur vaillant, rien d’impossible ; subjugué par le charme de son style atypique, il lui a, au fil d’un quart de siècle, prodigué les soins utiles à son intégration.

On parle ici d’intégration, car pour Raynald Mercille, cette demeure a été comme catapultée depuis de lointains horizons.

Pour moi, elle se serait égarée dans une forêt centenaire du Québec. Je lui trouve un style californien, c’est une maison que l’on verrait plus dans le sud des États-Unis.

Raynald Mercille, propriétaire

Évoquons les 18 puits de lumière installés sur le toit – un pari osé pour un tel climat – ainsi que les abondantes fenêtres et baies vitrées, sans oublier les grands volumes, avec plafonds hauts et passages très larges.

Pour décupler une lumière extérieure déjà très pénétrante, la blancheur initiale des murs et des plafonds a été restaurée dans toutes les pièces. Accentuant encore davantage ces airs du Sud, des tuiles de terre cuite mexicaines tapissent intégralement le sol. « On y trouve des empreintes de pattes d’animaux, signe qu’elles ont séché sur les plages du Mexique. Quand elles viennent, mes petites-filles Alice et Florence s’amusent toujours à rechercher ces empreintes. Elles devront faire le deuil de leurs excursions d’enfant », se chagrine quelque peu M. Mercille. Par ailleurs, quel drôle de hasard que la maison soit implantée sur le chemin de La Calaca ! – vous savez, ces figures de squelettes mexicains.

  • L’architecture est plutôt originale pour la région.

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    L’architecture est plutôt originale pour la région.

  • Derrière, une grande terrasse ensoleillée permet de profiter de la nature.

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    Derrière, une grande terrasse ensoleillée permet de profiter de la nature.

  • Place aux grands volumes, avec des plafonds hauts et des passages un peu surdimensionnés.

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    Place aux grands volumes, avec des plafonds hauts et des passages un peu surdimensionnés.

  • Les aires ouvertes permettent de mettre en valeur les grands volumes.

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    Les aires ouvertes permettent de mettre en valeur les grands volumes.

  • Les baies vitrées sont nombreuses aux quatre coins de la maison.

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    Les baies vitrées sont nombreuses aux quatre coins de la maison.

  • Toujours agréable, cette sensation d’être à l’extérieur tout en étant attablé à l’intérieur

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    Toujours agréable, cette sensation d’être à l’extérieur tout en étant attablé à l’intérieur

  • La cuisine, joliment décorée, en arrière-plan

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    La cuisine, joliment décorée, en arrière-plan

  • Dans cette chambre, on voit très bien les tuiles mexicaines au sol, qui donnent un cachet particulier aux lieux.

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    Dans cette chambre, on voit très bien les tuiles mexicaines au sol, qui donnent un cachet particulier aux lieux.

  • L’ancienne chambre du fils du propriétaire, où se trouve une armoire encastrée en bois d’érable massif

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    L’ancienne chambre du fils du propriétaire, où se trouve une armoire encastrée en bois d’érable massif

  • L’une des salles familiales, équipée d’un foyer

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    L’une des salles familiales, équipée d’un foyer

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Attache ta tuque

Outre la nécessité de « rhabiller » cette méridionale des Laurentides, il a fallu aussi l’apprêter pour la saison froide. Sur une couche de base solide (les murs de béton se targuent d’une épaisseur de plus de 40 cm, sur laquelle nombre d’ouvriers se sont cassé les dents ; ou plutôt, ont brisé les mèches de leur perceuse), un éventail d’améliorations ont été apportées : remplacement de toutes les portes, fenêtres et portes-fenêtres, désormais équipées de vitres triples, et refonte totale des 18 puits de lumière, ramenés à 9 unités à la grandeur doublée, permettant de couvrir la même surface.

Protégé par cette nouvelle coquille, l’aménagement intérieur n’est pas en reste, les 16 pièces ayant été méticuleusement entretenues et drapées ; un exemple parmi tant d’autres, les anciennes chambres de Julien et Étienne, fils de M. Mercille, ont été converties, l’une d’elles accueillant une impressionnante bibliothèque encastrée en érable massif. Notons que tous les travaux menés dans la dernière décennie ont été réalisés sous la houlette de la designer Lorna Gordon.

La sève du Sud

Autant le bâtiment présente des airs du Sud, autant son environnement naturel s’avère résolument septentrional, puisqu’il a été érigé au cœur d’une vaste et ancienne érablière, où sont toujours implantés de nombreux spécimens centenaires, en parfaite santé, ou encore un superbe tilleul canadien. Les futurs propriétaires pourraient d’ailleurs très bien parachever l’un des (rares) projets inaccomplis de M. Mercille, en mettant sur pied des installations de récolte et production de sirop d’érable.

À moins qu’ils ne préfèrent s’atteler à cet autre dessein en suspens, l’aménagement d’un bassin aquatique grâce au ruisseau prenant sa source sur le terrain. Qui plus est, la pollution visuelle est fortement réduite.

L’aspect champêtre est accentué par l’absence de fils électriques et de communication, puisque le réseau passe par l’arrière-lot.

Raynald Mercille, propriétaire

Les investissements extérieurs ont également figuré au menu, avec un réaménagement paysager complet effectué il y a six ans, mettant en valeur murets en pierre taillée, éclairage souterrain et zones d’irrigation.

Après 26 ans d’une relation florissante avec sa maison dorlotée, le temps d’une séparation des chemins a fini par se pointer, précipité par le départ des enfants du propriétaire. Peut-être inspiré par cette idylle californienne, ce dernier a répondu aux sirènes de l’exode pour s’implanter plus au sud. La Floride ? Le Mexique ? N’exagérons rien : en guise de nouveaux tropiques, un condo neuf de Mirabel fera amplement l’affaire. En attendant le jour du déménagement, la belle de Saint-Sauveur guette son prochain épouseur pour lui réchauffer le cœur.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 1 595 000 $

Année de construction : 1988

Pièces : 16, dont 3 chambres, 2 salles de bains et 2 salles d’eau ; 2 étages, sous-sol aménagé

Dimensions du bâtiment : 27 m sur 11 m

Superficie du terrain : 12 352 m⁠2

Évaluation municipale : 589 200 $

Impôt foncier : 3975 $ (2023)

Taxe scolaire : 531 $ (2022)

Frais communs annuels : 650 $

Dépense énergétique annuelle : 7426 $

Courtière : Marie-Claire Rémillard (Profusion Immobilier)