Le comédien Luc Senay et la réalisatrice Janie Gaumond-Brunet n’ont plus de domicile fixe. Le couple a troqué sa résidence à flanc de montagne, à Shefford, pour une luxueuse fourgonnette Mercedes-Benz. C’est désormais sur la route qu’ils vivront et travailleront à longueur d’année.

Les deux artistes de la télévision ont pris cette décision audacieuse en 2020 après avoir vécu à bord d’une petite caravane de type Safari Condo pendant quelques étés. « Je m’en suis servi comme loge pour les tournages des Pays d’en haut et de Cinquième rang. C’était aussi le bureau de production de Janie. On s’y sentait hyper à l’aise », raconte l’acteur de 64 ans.

PHOTO FOURNIE PAR LUC SENAY ET JANIE GAUMOND-BRUNET

Luc Senay au volant de sa fourgonnette Mercedes-Benz

Ce bonheur de vivre à l’extérieur, avec le strict minimum, rendait difficile chaque retour à la maison. « Nous étions tellement malheureux. Ça ne pouvait pas durer », confie Mme Gaumond-Brunet, en évoquant l’entretien continuel et les rénovations onéreuses de leur résidence de style californien, construite sur un terrain boisé de trois acres.

Se sentant à la croisée des chemins, le couple a alors échafaudé de nouveaux projets professionnels, puis a commandé une nouvelle caravane avant de planter la pancarte DuProprio devant sa maison.

Sentiment d’urgence

L’idée de tout vendre et de partir allait à l’encontre de toute logique, reconnaît Janie Gaumond-Brunet, qui dit avoir dû expliquer maintes fois leur décision auprès de leurs amis et de leurs conseillers financiers. Mais la perte rapprochée de trois amis de leur âge, coup sur coup, les a convaincus de l’urgence de profiter de la vie autrement.

Réussir un nouveau départ de la sorte exige tout de même une bonne dose de préparation. Comment peut-on passer d’une maison remplie de biens accumulés pendant 22 ans de vie commune à un véhicule récréatif d’à peine 22 pi de longueur, doté de seulement deux petites garde-robes ?

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L’ancienne maison du couple, à Shefford

La réponse se décline en plusieurs étapes, répondent-ils. La première est de faire son deuil d’une maison pleine de souvenirs. Pour y parvenir, le couple s’est offert le luxe de choisir le prochain propriétaire de sa résidence.

C’était important pour nous. On aurait pu faire une surenchère et empocher au moins 125 000 $ de plus. Mais on a préféré trouver le meilleur acheteur qui saurait prendre soin de cette demeure qu’on a aimée, malgré tout.

Luc Senay, à propos de la vente de sa maison

Dans l’esprit du couple, cette maison demeurera en effet un lieu de bonheur, mais aussi de recueillement. « La mère de Janie est venue passer ses derniers jours chez nous. Elle est décédée, puis elle a été exposée dans la maison. Un jardin a été créé en son nom sur le terrain. Or, sans qu’on le lui demande, l’acheteur s’est engagé à conserver ce jardin. Pour nous, l’important, c’était ça », dit Luc Senay.

Difficile liquidation

Une fois la maison vendue, il fallait s’attaquer rapidement à la lente et difficile liquidation des meubles, outils, souvenirs et autres objets qui encombraient armoires, placards et sous-sol.

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Luc Senay lors d’une des nombreuses ventes-débarras

« On a fait des ventes de garage, mis des annonces sur l’internet, fait des dons autour de nous… Mais tout le monde a déjà tout ce qu’il lui faut. Finalement, c’est aussi difficile de se séparer de ses affaires que de se les procurer », constate Janie Gaumond-Brunet.

Se départir de cadeaux très personnels peut s’avérer une affaire délicate, note la femme de 59 ans. « Dans ce cas-ci, Luc et moi avons décidé d’offrir à nos amis l’occasion de reprendre leurs cadeaux s’ils sont toujours importants pour eux. »

Le plus difficile demeure les œuvres d’art. « On ne peut pas vendre ça dans une vente de garage ou au marché aux puces. Si on n’est pas capable de les vendre d’ici le mois de mai, on se trouvera une garde-robe jusqu’à ce qu’on s’en défasse », dit Luc Senay.

De ce long processus de dépossession est né un sentiment de libération et de détachement.

Cette accumulation ne sert à rien. On n’apportera rien de tout ça quand on quittera ce monde. Aussi bien s’en défaire nous-mêmes plutôt que de laisser cette tâche pénible à notre succession.

Luc Senay

Cette dépossession s’est faite sans aucune nostalgie pour Luc Senay, « sauf peut-être pour une couple de t-shirts ».

Les albums photos et les vieilles cassettes VHS, remplis de souvenirs et d’émissions télé, ont néanmoins été consciencieusement numérisés pour être conservés sur des disques durs.

Nouveaux projets

Aussitôt les clés de leur caravane en poche, les deux nouveaux nomades ont pris la route vers la Californie pour tourner quelques pilotes en vue de proposer une série documentaire aux diffuseurs québécois et internationaux.

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Janie Gaumond-Brunet dans son « bureau »

« Janie peut travailler de n’importe où », indique Luc Senay, de retour au Québec jusqu’en mars pour une tournée théâtrale.

Sa conjointe entrevoit avec bonheur toutes les possibilités que lui offre son rutilant studio sur roues. « Depuis 15 ans, j’étais trop accaparée par la maison pour pouvoir créer à mon goût. J’en suis délestée, se réjouit-elle, bien installée en Floride. Je suis maintenant libérée. Jamais je ne retournerai dans une maison. »

Luc Senay et Janie Gaumond-Brunet seront conférenciers au Salon du VR le 4 mars.