Trouver la maison idéale, dotée d’une caractéristique précise, rare et non négociable, peut s’apparenter à une quête du Saint-Graal. Pas facile de trouver une demeure capable d’accueillir un bureau digne d’un presbytère ou une grande table de réfectoire. Quatre propriétaires racontent leur épopée immobilière.

La recherche de maison d’Amélie Tremblay est une double histoire d’amour. Après avoir rencontré son amoureux au Manitoba en 2019, et après de nombreux allers-retours Montréal-Winnipeg, cette spécialiste en relations publiques s’est mise en tête de trouver la résidence parfaite pour le convaincre de venir la rejoindre.

« Je lui ai demandé ce que ça lui prenait pour s’en venir au Québec. Comme il est préparateur de voitures pour le cinéma, il m’a répondu : “un garage” », raconte la jeune femme qui, de son propre aveu, n’a aucun intérêt pour la chose automobile. « Je ne conduisais même pas quand je l’ai rencontré. »

Après avoir envoyé à Winnipeg quelques fiches MLS de duplex montréalais, elle a vite compris qu’un simple espace bas et étroit avec une grande porte ne séduirait jamais son copain. « Il me disait : ‟Je ne pourrai pas travailler là-dedans. C’est trop petit” », poursuit Mme Tremblay. Elle a alors étendu sa recherche à l’extérieur de Montréal. Premier critère : un garage digne de ce nom.

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Amelie Tremblay et Ryan Givoli

« Pendant deux mois, nous avons visité des maisons qui ne convenaient pas. Mais quand nous sommes arrivés à Rawdon, j’ai vu la face de mon chum tomber dès qu’il a vu le garage. J’ai su tout de suite qu’il s’en viendrait au Québec », relate-t-elle en riant.

Amélie et Ryan sont aujourd’hui propriétaires d’une grande maison dans Lanaudière, mais aussi, et surtout, d’un garage double, isolé, avec plafond haut et plancher chauffant. Et ils se sont mariés l’été dernier.

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Marie-Paule Lebel

Un legs familial

Marie-Paule Lebel, elle, a sillonné les routes et villages autour de Sherbrooke pendant un an pour dénicher une maison capable d’accueillir le magnifique bureau de notaire de son grand-oncle Stanislas. Cet immense secrétaire tout en chêne, surmonté d’une bibliothèque vitrée, datant du début du XXe siècle, lui rappelle sa jeunesse heureuse à Valcourt, en Estrie.

« Mon grand-oncle habitait avec nous. Lorsque ma mère a vendu la maison en 1969, ma sœur France a d’abord récupéré le secrétaire, mais elle n’avait pas l’espace nécessaire pour placer la bibliothèque dessus. Elle me l’a donc donné », raconte-t-elle.

En effet, les dimensions du mastodonte – de presque 3 m de haut – commandent une pièce à sa mesure. Mme Lebel et son mari Jacques avaient ainsi dû faire abaisser une partie du rez-de-chaussée de leur maison neuve à Sherbrooke, dans les années 1980, pour faire de ce meuble d’exception le point d’attraction de la salle familiale.

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Le bureau de Marie-Paule Lebel

Des circonstances de la vie ont cependant obligé un déménagement. C’est à ce moment que la longue quête a commencé. « J’ai passé des mois à me promener de North Hatley à Stoke, partout autour de Sherbrooke, pour trouver l’endroit où mettre le bureau », raconte Marie-Paule Lebel.

Ses recherches l’ont amenée dans le Canton de Hatley, là où son magnifique secrétaire trône dans une grande maison de campagne depuis maintenant 32 ans. « C’est sa place. Il n’ira pas ailleurs », dit-elle avec satisfaction.

Une affaire de son

La musique est un élément essentiel à la vie d’Yves Trottier, si bien que sa maison idéale devait, avant toute chose, pouvoir recevoir sa chaîne audio de grande valeur.

« Je ne voulais pas une salle d’écoute où je n’irais jamais. Il me fallait un rez-de-chaussée à aires ouvertes pour que je puisse écouter ma musique, quoi que je fasse dans la maison », explique ce gérant d’épicerie à Kiamika, dans les Laurentides.

Il ne lui fallait pas seulement une résidence à aires ouvertes. Sa future demeure devait aussi offrir une pièce symétrique pour positionner les puissants haut-parleurs, pesant 90 kg chacun, de manière optimale. « Dans mon ancienne maison, le mur de gauche était trop loin. Ça sonnait bizarre. Là, les murs sont exactement là où il le faut », poursuit l’amateur de hard rock.

« Je ne suis pas sûr qu’une femme triperait de voir mes appareils prendre autant de place, avec tous mes vinyles accrochés au mur et des fils qui courent sur le plancher. Mais au prix qu’ils me coûtent, je veux les voir, mes fils ! », dit le célibataire en riant.

Si sa recherche de domicile ne fut l’affaire que de quelques semaines, M. Trottier a tout de même dû faire des concessions au chapitre du prestige de la résidence. « C’est pas mal moins luxueux qu’avant, mais ça fait mon affaire. J’ai 61 ans, je travaille depuis l’âge de 16 ans, et avec cette maison, je pourrai prendre ma retraite en écoutant ma musique comme je le veux. »

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Sylvain Cousineau et Maxence Élie et leur grande table de réception

Table et divan

Maxence Élie et Sylvain Cousineau ont aussi dû s’armer de patience pour dénicher un condo suffisamment grand pour accueillir leur divan à cinq places, leur cellier de présentation et leur grande table de réception. Comme le couple aime recevoir ses invités en tout confort, ces meubles hors normes lui sont indispensables.

« Cela faisait 25 ans que mon conjoint possédait cette table. Il ne voulait pas s’en départir », explique M. Cousineau, qui habitait au cœur de Montréal avant qu’apparaisse en 2019 un besoin de déménager. Une longue recherche s’est alors amorcée dans les quartiers autour du centre-ville de la métropole.

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Sylvain Cousineau et Maxence Élie et leur divan à cinq places

« Nous avons visité plein de projets de condos neufs qu’on aurait pu diviser à notre goût de manière à donner tout l’espace nécessaire à nos meubles, raconte M. Cousineau, lui-même architecte. Mais avec la pandémie, les délais de livraison d’un condo se comptaient tout à coup en années. On s’est donc tourné du côté des immeubles existants, avec un cachet classique ou contemporain. »

Le couple a finalement trouvé l’écrin parfait pour ses meubles dans l’immeuble Le Château, rue Sherbrooke Ouest. Achevé en 1926, ce bâtiment aux allures de palais français et de forteresse écossaise avait été commandé par Pamphile Réal du Tremblay, propriétaire de La Presse à l’époque. « Nos meubles peuvent respirer », conclut M. Cousineau.