Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

De leur propre aveu, Diane et Daniel n’ont pas ressenti de coup de cœur immédiat devant leur bungalow typique des années 1960. La façade banale ne laissait pas présager l’endroit merveilleux que le couple allait découvrir, une fois la porte poussée.

« Le soleil entrait de partout dans la salle à manger », se souvient Diane Legros, encore sous le charme du moment, dix ans plus tard. « Les trois murs sont vitrés. La salle est ensoleillée à n’importe quel moment de la journée. Quand j’ai vu ça, je me suis aussitôt dit : ‟On est chez nous.” »

À l’époque, cette pimpante quinquagénaire venait de vendre sa maison du quartier Rosemont pour aller vivre avec son nouveau conjoint à Belœil. Elle a adoré sa coquette shoebox, où elle a vécu avec sa fille pendant 13 ans, pour son confort et son intimité. Cette maisonnette avait cependant un terrible défaut : la lumière naturelle s’y faisait terriblement rare. À son grand regret, Diane avait même dû se départir des plantes d’intérieur qu’elle chérissait depuis des années.

« Ce fut une grande perte pour moi. Ma violette africaine m’avait été donnée par mon ancienne belle-mère à l’époque de mes années d’université à Sherbrooke. Mes plantes m’avaient toujours suivi à chaque déménagement, à chaque étape de ma vie. Elles faisaient partie de mon histoire », raconte cette gestionnaire de projets en édition scolaire.

« C’est pourquoi je voulais vivre dorénavant dans la lumière. C’était mon premier critère de recherche de maison. Tout ce soleil m’a permis de relancer ma culture de plantes », poursuit-elle.

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Fleurs et plantes abondent sur les bords des fenêtes de la salle à manger.

Le résultat est grandiose. Aujourd’hui, sa salle à manger s’apparente à un véritable jardin intérieur. Sur les rebords des grandes fenêtres, les magnifiques orchidées, spathiphyllums, anthurium et géraniums de Diane côtoient les crassulas, cactus, hibiscus et bégonia maculata de son amoureux. En effet, ce dernier s’est aussi découvert un amour pour la plante verte.

« J’arrose ses plantes, il arrose les miennes. Les enfants nous trouvent bien drôles », dit Diane en riant.

La fenestration généreuse ne nourrit pas seulement toute cette nature bienfaitrice. Elle offre aussi aux convives une vue imparable sur un bucolique écrin de verdure. La grande cour arrière, ceinturée de hautes haies, est rehaussée de grands sapins. Trois potagers procurent des légumes frais pendant la chaude saison.

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Diane Legros

Quand on s’assoit dans cette pièce, quelle que soit la saison, on a l’impression d’être dehors.

Diane Legros

L’inspiration entre quatre murs

Cette maison ensoleillée possède un autre espace chouchou : une pièce de musique pour Daniel Picard, bassiste amateur et inspecteur professionnel de structures métalliques. Ce qui ne devait être, au départ, qu’une salle de répétition est devenu au fil du temps un espace d’exploration artistique.

« Quand j’y mets les pieds, j’ai l’impression de refermer la porte derrière moi, même si je la laisse ouverte. Cette pièce m’apaise et m’inspire », confie l’homme de 58 ans au centre de la petite chambre aux murs couverts de vieux instruments de musique, surtout à cordes, tous dénichés à l’encan.

Joue-t-il de ces instruments ? Non, répond le collectionneur, surtout séduit par l’histoire et l’esthétisme de ces pièces d’antiquité plutôt que par leur utilité.

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La pièce de musique pour Daniel Picard compte plusieurs objets de collection.

« J’ai acheté un banjo à un homme qui m’a donné des frissons quand il m’a raconté ce qu’il a vécu avec cet instrument. Les clés de nacre, jaunies par le temps, parlent d’elles-mêmes. Elles représentent l’âme de l’instrument », souligne-t-il.

L’esprit de tous ces instruments, beaux et silencieux, se fait transcendant. Il distille une ambiance zen, peut-être monastique, qui inspire à Daniel une curiosité artistique. C’est ainsi qu’il a ressenti l’envie de se mettre à l’étude de l’écriture musicale, lui qui n’avait toujours joué de la musique qu’à l’oreille.

Puis, sans chercher pourquoi, il s’est acheté un sitar en mal d’amour, toujours à l’encan, avec l’intention de lui redonner toute sa grâce. Un luthier, déniché en Inde sur l’internet, lui a servi de mentor. Les pièces nécessaires à la réparation lui ont coûté des centaines de dollars.

En joue-t-il ? Non, répond encore Daniel. Mais peu importe. À ses yeux, tout l’intérêt de l’objet se trouve dans l’expérience qu’il inspire.

C’est dans le même élan artistique, sans retenue, qu’il a ressenti l’envie de tâter de la sculpture. N’est-il pas un spécialiste en structure ? C’est ainsi qu’à l’un des murs de sa pièce préférée se trouve une basse électrique explosée, chaque morceau semblant tenir dans les airs, détaché de la caisse et du manche.

« La musique, Daniel la vit comme des mathématiques. Une série de notes va le faire frissonner », confie Diane.

« Beaucoup de mon inspiration provient de la musique », confirme son amoureux, grand amateur de Rush. « Cette pièce est pour moi une salle d’apprentissage. Elle est toujours en évolution. Quand j’y suis, mon esprit se calme. C’est ici que je deviens disponible à découvrir et à apprendre. »

Vous avez également une pièce chouchou dont l’histoire mérite d’être racontée ? Écrivez à notre collaborateur. alaroche.pro@outlook.com