C’est là que les présidents américains se préparent avant d’entrer à la Maison-Blanche, qu’ils reçoivent leurs hôtes de marque, ou que l’un d’entre eux a été la cible d’une tentative d’assassinat : Blair House, magnifique maison chargée d’histoire, qui a accueilli cette semaine le président français Emmanuel Macron et sa femme Brigitte pour leur visite d’État à Washington.

Comme Charles de Gaulle, Élisabeth II ou l’empereur du Japon avant lui, le couple présidentiel français a pris cette semaine ses quartiers dans cette vaste demeure installée en face de la Maison-Blanche, au cœur de la capitale fédérale.

Derrière sa façade claire à l’apparence simple, Blair House chapeaute en réalité quatre bâtiments contigus pour former un complexe de 6500 m⁠2 – soit davantage que la Maison-Blanche elle-même – doté de 119 pièces aux décorations somptueuses destinées à l’accueil des dignitaires étrangers et aux échanges diplomatiques.

Découvrez l’intérieur de la maison (en anglais)

À l’arrière, un discret jardin permet de prendre l’air loin de la foule des touristes.

Ses murs ont vu défiler des nuits de négociations sur le conflit israélo-palestinien, des sommets des ministres des Finances du G7 à répétition et, selon le récit de Bill Clinton, les difficultés avec l’alcool du président russe Boris Eltsine, retrouvé un jour dehors en caleçon hélant un taxi et le lendemain pris pour un intrus ivre dans les caves de la résidence.

Jouant sur l’homonymie, le premier ministre britannique Tony Blair avait, lui, déclaré s’y sentir « un peu comme chez [lui] », lors d’un séjour en 1998.

Fusils et cigare

En plus de l’accueil des dirigeants étrangers, la tradition veut que le président désigné y réside à la veille de son installation à la Maison-Blanche, de l’autre côté du square Lafayette.

Début janvier 2009, petite controverse : Barack Obama, venu de Chicago, souhaite s’installer au plus tôt à Blair House avant son investiture, faute d’un logement pour sa famille et lui dans la capitale. Mais l’administration Bush ne lui donne les clés qu’à partir du 15, soit cinq jours avant la cérémonie solennelle. La raison avancée – la visite d’un ancien premier ministre australien venu recevoir une décoration – ne convainc alors pas une partie de la presse américaine.

Bien que n’offrant pas des conditions de sécurité exceptionnelles, Blair House a été occupée par le président Harry Truman et sa famille pendant pratiquement toute la durée de son mandat de 1948 à 1952, pour permettre une restauration d’ampleur de la Maison-Blanche.

C’est là que, le 1er novembre 1950, deux indépendantistes portoricains tentent, sans succès, de l’assassiner en pénétrant de force dans l’habitation armés de fusils. L’un des assaillants ainsi qu’un policier sont tués.

Une sécurité qui a encore était déficiente quand, en septembre 2000, un intrus était parvenu à s’introduire jusque dans la chambre où demeurait le premier ministre indien, alors en visite, mais non présent au moment des faits.

Édifiée en 1824, Blair House est rapidement cédée à Francis Preston Blair, copropriétaire du Globe et proche du président Andrew Jackson, qui en fait un salon recherché de l’élite de Washington.

Franklin D. Roosevelt fait racheter la résidence en 1942 pour loger ses homologues de passage, lassé d’un Winston Churchill dormant à la Maison-Blanche qui, cigare à la main, cherchait à le réveiller à 3 h du matin pour faire la conversation.