Cogir Immobilier et l’agence Lemay s’aventuraient en terrain inconnu, en 2016, lorsqu’ils ont mis la santé et le bien-être des futurs locataires du complexe Humaniti Montréal au cœur de leurs priorités. Six ans plus tard, la portion résidentielle locative de la tour de 39 étages, située au centre-ville de Montréal, est la première au Canada à obtenir la certification WELL, atteignant le niveau Argent.

« Il faut être patients, travailler en équipe et tous s’aligner pour atteindre un objectif comme ça », indique Hugo Lafrance, directeur des stratégies durables à l’agence d’architecture Lemay. « On innove en étant premiers, mais il y a aussi un certain risque. Tant les professionnels que le client doivent être convaincus que le jeu en vaut la chandelle. Même une fois qu’on est convaincus des bénéfices, il faut trouver les solutions, gérer l’échéancier, gérer le coût, gérer le risque, puis se mobiliser pour essayer que cela fonctionne. »

D’entrée de jeu, le projet était ambitieux, puisque Humaniti Montréal, en forme de H, comporte plusieurs volets. Le complexe, construit de biais avec le Palais des congrès de Montréal, comprend 314 appartements locatifs (du 3e au 25étage), des copropriétés (du 26e au 39étage), des bureaux, un hôtel de l’enseigne Autograph par Marriott et des commerces au rez-de-chaussée. Seuls les logements locatifs ont obtenu la certification WELL, le 3 février, devenant le premier projet résidentiel au Canada à détenir l’exigeante homologation. Toutes les composantes du complexe visent par ailleurs la certification Leadership in Energy and Environmental Design (LEED).

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le complexe Humaniti Montréal est construit de biais avec le Palais des congrès de Montréal.

La norme WELL, pilotée par l’organisme International WELL Building Institute, encourage l’adoption de pratiques exemplaires dans sept catégories : l’air, l’eau, la nutrition, la luminosité, la forme physique, le confort et l’esprit. Concrètement, les diverses stratégies adoptées visent à améliorer (entre autres) l’humeur, le sommeil, le confort et la condition physique des futurs occupants.

« Le but était de se distinguer et d’offrir des appartements locatifs avec une valeur ajoutée », souligne Hugo Lafrance, qui figure parmi les premiers membres de la faculté WELL au Canada et qui est le troisième à avoir obtenu le titre de LEED Fellow au Québec.

« C’était difficile d’appliquer la certification WELL à un gros projet comme cela, comportant plusieurs entités, parce que l’accent est mis sur l’occupant, plutôt que sur le bâtiment, précise-t-il. Les appartements locatifs étant une entité définie en soi, la portée de la certification WELL s’est limitée à eux, tandis que la certification LEED a été visée pour l’ensemble du complexe. »

Seulement deux autres au Québec

Au Québec, dans le secteur résidentiel, seuls deux autres complexes locatifs sont en attente d’une certification WELL. Il s’agit du Mu et du Huppé, construits presque simultanément à Québec, par l’entreprise Immostar. À l’échelle du Canada, une douzaine seulement de projets résidentiels (y compris les trois au Québec) sont enregistrés à la certification WELL. En tout, au Québec, 29 projets sont enregistrés à la certification WELL (dont les 3 projets résidentiels). La plupart d’entre eux sont des bureaux.

L’agence Lemay travaille actuellement sur certains projets visant la certification WELL, mais aucun ne comporte un volet résidentiel, souligne M. Lafrance.

« Le marché se questionne, constate-t-il. Je pense que bien des promoteurs attendent de voir comment les choses vont se passer. C’est assez complexe actuellement de gérer un budget de construction. La gestion du risque impose une certaine réserve. Mais on a démontré, avec Humaniti Montréal, que c’est faisable, que c’est gérable et que c’est pertinent dans le marché. »

Dans le secteur résidentiel, des promoteurs se tournent plutôt vers la certification LEED, note-t-il. « Quand tu fais une certification comme WELL, tu t’intéresses à la santé et au bien-être, mais tu n’es pas en train de gérer l’environnement ni les changements climatiques. Tu mets l’accent sur un enjeu, alors que la certification LEED permet justement de gérer ces trois enjeux. LEED reste une certification assez holistique. »

Consultez le site de WELL (en anglais) Lisez l’article « Complexe Humaniti : logements de bonheur »