Le bonheur tranquille de Mireille Saurette Léger, 87 ans, qui a vendu son condo pour aller vivre dans le duplex de son fils et de sa belle-fille

Voici l’histoire d’une arrière-grand-maman de 87 ans qui vivait seule dans son condo depuis la mort de son mari. Un beau matin, son fils et sa belle-fille lui ont fait une proposition qui allait changer sa vie et rompre son isolement.

« On lui a dit : “On te propose de venir habiter avec nous, dans le haut de notre duplex. Prends le temps d’y penser.” Elle a dit oui dès le lendemain ! », racontent Jean-Marc Léger et sa conjointe, France Des Roches.

C’était en octobre 2019. Quelques mois avant le début de la pandémie et les mesures de confinement. « C’est la meilleure décision qu’on a prise sans savoir ce qui s’en venait », reconnaît Jean-Marc après coup.

Cela fait 18 mois que Mireille Saurette Léger vit sous le même toit que ses anges gardiens ; elle dans son logement, eux, dans le leur.

Il faut comprendre que ce n’est qu’en juin 2020 qu’elle a emménagé dans sa nouvelle demeure, le temps de vendre son condo et de permettre aux locataires de faire leurs boîtes. « Il fallait respecter la loi [sur la Régie du logement] et donner un préavis de six mois à mes locataires, précise Jean-Marc. Tout s’est fait sans aucune difficulté et ma mère a pu venir s’installer dans son nouvel environnement. »

C’est lui qui s’est chargé de trouver un acheteur pour son condo situé dans une tour, dans le secteur Bois-de-Boulogne. « Trois jours ont suffi, dit le courtier immobilier. On a tiré avantage de la vigueur du marché. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jean-Marc Léger a fait quelques modifications à son duplex, dont l’installation d’une chaise électrique sur rails à l’intérieur.

Une fois la transaction conclue, il a apporté des modifications à son duplex pour faciliter la mobilité de la nouvelle occupante des lieux. « On a fait installer une chaise électrique sur rails dans l’escalier intérieur, dit-il. Ce faisant, ma mère n’a plus qu’à actionner une télécommande pour monter ou pour descendre la quinzaine de marches. Tout est très sécuritaire. »

Il a également fait l’acquisition d’une thermopompe pour tempérer l’appartement durant les chaudes journées d’été.

On a dépensé quelques milliers de dollars pour rendre son logement plus facile d’accès et plus confortable à vivre. C’est une très petite somme, compte tenu des avantages que cela lui procure.

Jean-Marc Léger, à propos du logement de sa mère

Il ajoute : « On a fait un bon usage de notre duplex. Si ça peut donner des idées à d’autres que nous qui seraient tentés de cohabiter avec leurs parents, c’est tant mieux ! »

Parce qu’il croit à la cohabitation parents-enfants, au concept des maisons intergénérations, au moment où plusieurs s’interrogent sur la façon dont on traite les aînés, souvent laissés à eux-mêmes, qui n’ont pour seule option que de trouver un petit meublé dans une résidence anonyme.

La vie qui passe

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Une famille réunie pour Noël. Entourant Mirelle Saurette Léger, de gauche à droite : sa petite-fille Marie-Christine, son arrière-petite-fille Daphnée, son fils Jean-Marc Léger, sa petite-fille Élizabeth et son arrière-petit-fils Thierry.

Mais là n’est pas le propos. Ce soir, en cette veille de Noël, Mireille Saurette Léger se mettra chic pour aller célébrer chez son fils et sa belle-fille. Elle retrouvera avec bonheur ses deux petites-filles, Marie-Christine, 38 ans, et Élizabeth, 34 ans.

Elle aura droit aux sourires taquins de ses deux arrière-petits-enfants : Daphnée, 7 ans, et Thierry, 6 ans, les enfants d’Élizabeth et de son conjoint, Jérôme.

Les membres des quatre générations seront ainsi réunis autour d’une table qui sera assurément bien garnie. Il y aura un grand absent : Pierre Léger, le mari de Mireille, mort en 2014.

« J’ai tout de même de la chance, confie Mireille, un brin d’émotion dans la voix. On s’occupe bien de moi, on me gâte, je suis entourée d’amour tous les jours. Je n’ai aucune raison de me plaindre de mon sort. »

C’est d’ailleurs Marie-Christine, sa petite-fille, qui a tenu à monter son sapin de Noël. « Elle m’a dit : “C’est moi qui s’en occupe !” Je l’ai laissée faire. Je ne pouvais dire non à une telle proposition ! », raconte l’octogénaire.

Mme Saurette Léger avoue qu’elle n’a pas le temps de s’ennuyer dans sa « nouvelle vie ». Il y a deux semaines, elle a même vu un lutin débarquer chez son fils et sa belle-fille, un sapin sous le bras, qu’il a lui-même monté et décoré sous les yeux émerveillés de Daphnée et de Thierry.

Des moments uniques

Il ne fait pas de doute, confirme Jean-Marc Léger, que sa maman Mireille vit des moments heureux au quotidien. Des moments uniques qui vont rester à tout jamais gravés dans sa mémoire. Il évoque tous ces soupers en famille avec sa mère ; tous ces fous rires, cette belle proximité entre une mère et un fils.

« On se voit tous les jours, parfois même deux ou trois fois par jour, évalue-t-il sommairement. Je prends le café avec elle tous les matins. Je lui apporte son journal. Je lui fais un résumé de l’actualité. On a beaucoup de plaisir ensemble. »

Je ne veux surtout pas être envahissante. Je tiens à respecter leur intimité. Le soir, je les laisse tranquilles. Dans mon esprit, c’est encore un tout jeune couple !

Mireille Saurette Léger

Ça fait rire France, qui vit avec Jean-Marc depuis… 41 ans. « Envahissante ? Je dirais même qu’elle ne l’est pas assez », dit-elle sur un ton léger.

Elle entretient une belle relation avec sa belle-mère. Et c’est réciproque. C’est France qui lui cuisine de bons repas chauds. C’est encore elle qui amène sa belle-maman chez le médecin quand Jean-Marc est retenu par son travail.

Une pandémie moins lourde

Chose certaine, la doyenne qui a déjà travaillé chez Sears apprécie le fait de s’être retrouvée dans cette « bulle familiale » en temps de pandémie. Cela lui a permis de voir tout son monde sans trop de contraintes et d’échanger des sourires francs avec ceux qu’elle aime.

« Mais je dois vous dire que j’ai bien hâte de recommencer à sortir de chez moi pour aller bouquiner pendant des heures avec Marie-Christine. J’ai hâte, aussi, d’aller au resto et de marcher dans la rue Fleury. J’apprécie tout de la vie. Je suis heureuse. »

Le mot de la fin appartient à son fils Jean-Marc.

« Elle a pris soin de nous. À nous de prendre soin d’elle. »

Il n’y a rien à rajouter.