Être fondateur d’une entreprise de location et de vente de vans aménagées pour les grandes escapades n’implique pas nécessairement de négliger son domicile fixe. Le propriétaire de cette maison à LaSalle a mis autant de cœur à l’ouvrage dans la restauration totale de ses murs montréalais que dans ses fourgons à vocation nomade.
Même s’il a passé le plus clair de sa jeune vingtaine dans une Ford Econoline, David Vachon ne jure pas seulement que par la route. Cet ancien entrepreneur général et bâtisseur de projets, qui a entre autres fondé VanLife MTL en 2017, a mis son expertise de rénovateur et d’ébéniste au service de la renaissance de cette demeure, fièrement dressée entre le fleuve Saint-Laurent et le canal de Lachine.
La cabane de ses rêves ? Pas tant qu’elle était sur le papier. En toute honnêteté, il confesse d’emblée que l’intention initiale était d’effectuer un achat-revente (flip).
J’avais acheté cette maison en reprise de finance, complètement délabrée, en 2013. Le jour, je travaillais en construction, et les soirs et week-ends, je venais travailler sur la maison.
David Vachon
Au fil de plus de deux ans de rénovation extrême, pendant que murs et planchers étaient restaurés, l’idée du flip, elle, s’est effritée : le nouveau visage des lieux et les mois de travail investis ont créé un attachement avec la bâtisse, que M. Vachon a finalement conservée comme domicile permanent.
« Ce fut davantage qu’une simple rénovation, on a quasiment tout reconstruit à neuf », précise-t-il. Toitures, planchers, dalles, électricité, plomberie, isolation, extensions… tout ou presque y est passé. Incluant un rehaussement, qui a permis de rééquilibrer les étages et d’adjoindre une tour de verre côté cour. « Beaucoup de monde creuse dans le sous-sol pour gagner de l’espace. Moi, je voulais gagner de la hauteur et de la luminosité. On a arraché tous les planchers, reconsolidé la structure, relevé les étages et le toit. Au final, la maison a été rehaussée de 50 pouces », explique celui qui a lui-même mené le chantier, avec l’aide de collaborateurs. Même traitement pour l’enveloppe extérieure, revêtue d’une nouvelle peau de briques, redressée et reétanchéifiée. « C’est comme si on avait construit une cabane par-dessus la maison », explique le propriétaire. Le tout a été isolé à l’uréthane et équipé de planchers chauffants hydroniques.
La seconde vie de boiseries
Ayant évidé l’ancienne coquille, David Vachon a pu jouer avec les volumes et les matières à son goût. Illustration éloquente : l’impressionnante cage d’escalier entièrement vitrée, assortie de deux paliers constituant autant d’oasis lumineuses. Celui du rez-de-chaussée, fort convivial, se donne des airs de véranda et d’extension de la cour ; celui de l’étage se veut plus contemplatif, idéal pour une sieste dominicale, coiffé d’un plafond cathédrale asymétrique en bois.
Outre cette cheminée de verre, la belle intégration des boiseries retient l’attention, particulièrement au sein du salon et de la cuisine (poutres, îlot, marches d’escalier flottantes, mobilier, etc.), leur conférant un côté à la fois moderne et rustique. La réussite de ces aménagements s’explique facilement : le propriétaire ayant œuvré dans une entreprise d’ébénisterie et d’aménagement-décoration, il a pu récupérer des prototypes de meubles et des matériaux de bois invendables et inutilisables pour leur donner une seconde vie et les intégrer du plus bel effet. « On recyclait tout ce qu’on ne pouvait pas installer chez les clients ou qui était brisé. Ce qui est le fun avec le vieux bois, c’est qu’il ne peut ne pas s’abîmer : il l’est déjà ! », lance-t-il.
Cure de jouvence
Si la superficie n’est pas gigantesque, la répartition de l’espace a été bien pensée et optimisée. Pouvait-il en aller autrement pour ce professionnel du véhicule récréatif ? « La maison n’étant pas trop grande, elle nécessite peu d’entretien. Elle est assez bien divisée et très fonctionnelle », souligne-t-il. À l’étage trône la chambre principale, conçue au départ sur un modèle d’aire ouverte avec garde-robe et salle de bains… jusqu’à ce qu’un heureux évènement change un peu la donne : une petite chambre d’enfant a été rajoutée dans le décor, avec l’ajout de deux cloisons.
Au sous-sol, on trouve une autre chambre, destinée aux visiteurs, ainsi qu’une salle de détente, à laquelle on accède par une porte de bois coulissante. Le tout a été modulé en fonction des besoins des occupants et reste, bien entendu, malléable en vue de nouvelles vocations.
La cour a aussi eu droit à sa cure de jouvence, avec l’installation d’une très vaste terrasse et d’un spa. Le cabanon ? Entièrement refait, des toits aux murs, là aussi avec du bois de grange récupéré. « Il était trop magané pour faire des tables, c’est donc du bois de grange… qui est retourné sur une grange », fait remarquer M. Vachon.
Mini-révolutions d’habitation
L’immense succès remporté par VanLife MTL, qui aménage, loue et vend des vans, n’a pas tari la soif d’entrepreneuriat de David Vachon, bien au contraire. Ce passionné de nautisme a certes été échaudé par la fermeture de la marina locale, mais s’il se sépare de sa maison urbaine, c’est surtout pour mieux se rapprocher des racines de ses nouveaux projets, dont celui qu’il souhaite faire pousser sur les terres des Cantons-de-l’Est. « On essaie de démarrer un nouveau genre de bed and breakfast, dans les environs de Sutton, avec des produits locaux, des cabanes dans un arbre, un spa, etc. », dévoile-t-il.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, puisque son équipe travaille fort à décliner la modularité de VanLife sur d’autres plans, tels des minimaisons sur l’eau ou des cabanons d’appoint mobiles, isolés et aménagés, pouvant servir de bureau de télétravail temporaire, par exemple. « On veut révolutionner le container en créant des espaces modulaires 100 % faits au Québec et équipés de la technologie autonome », explique-t-il. Bref, en attendant de s’installer ailleurs, il songe à faire loger les autres à toutes les enseignes. À suivre.
La propriété en bref
Prix de vente : 1 249 000 $
Année de construction : 1951 Année de la rénovation : 2014
Évaluation municipale 2021 : 582 300 $
Taxes (foncière et scolaire) 2021 : 4957 $
Pièces : 14, dont 3 chambres et 2 salles de bains
Superficie du terrain : 464,5 m²
Courtiers : Valérie Léger et Matthieu Le Moëligou, Sutton