Considéré comme l’un des plus beaux joyaux séculaires de Stanstead, le domaine Lee Farm a marqué l’histoire de ce village frontalier et celle du Canada. Michelle Richard et Rémi Dumont ont consacré 18 années de leur vie à lui redonner tout son lustre.
La construction du domaine a débuté en 1810 sous l’égide de Jedediah Lee, un loyaliste immigré du Connecticut. Plusieurs personnalités marquantes se sont succédé dans cette demeure au style colonial et géorgien de la famille Lee-Ball, dont Lady Henrietta Banting (née Ball), femme du co-inventeur de l’insuline, Sir Frederick Banting. Ses multiples engagements auront valu à cette femme médecin le plus grand respect au sein de sa communauté, et au-delà des frontières. En rachetant le domaine à son oncle en 1951, elle entreprend des travaux de rénovation majeurs qui insufflent charme et distinction au lieu.
La villa est restée dans la même famille pendant 165 ans. Quand Michelle Richard et Rémi Dumont l’achètent en juin 2003, ils décident de la chérir pour lui redonner patiemment sa splendeur d’antan, tout en améliorant son confort. « J’étais dans la Marine royale canadienne et mon épouse était dans le domaine de la santé dans l’armée. On avait plus de 20 ans de carrière et on commençait à réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour la retraite. On a eu l’idée d’avoir un gîte, parce qu’on est habitués à rencontrer beaucoup de gens, à parler de différents sujets, et que ma femme est une très bonne cuisinière ! », relate Rémi Dumont.
Le couple sillonne alors le Québec pour trouver un lieu et s’éprend du domaine Lee Farm. « On s’est dit que c’était l’endroit parfait pour élever nos quatre enfants, parce que la maison était tellement grande que les clients ne s’apercevraient même pas qu’on avait une grande famille. Ils pouvaient avoir leur intimité et nous, la nôtre. On avait notre propre salon, notre propre cuisine, notre salle de bains et trois chambres à coucher. C’était vraiment la maison idéale… mais elle avait besoin de beaucoup d’amour », poursuit-il.
Restaurer la résidence, une pièce à la fois
Quand ils achètent ce domaine, Michelle Richard prend sa retraite, mais son mari continue de travailler dans l’armée pendant 10 ans. « C’était important que j’aie un coup de cœur, parce qu’il fallait quelque chose qui me comblerait en restant à la maison après 27 ans dans le corps médical dans l’armée. Il y avait beaucoup à faire, alors je n’ai jamais eu le temps de m’ennuyer de mon ancienne carrière et j’ai aussi pu mieux profiter de notre petit dernier de trois ans et demi », raconte-t-elle.
Le couple découvre après l’acquisition de la résidence qu’elle n’est pas isolée pour l’hiver. Il entreprend donc des rénovations importantes afin de l’assainir et de maximiser son confort, puis remplace d’anciennes cheminées ouvertes peu sécuritaires par des poêles au bois à combustion lente. « On a cherché les modèles de style le plus antique possible », se souvient le militaire.
Pièce après pièce, la maison relève plusieurs années de négligence, mais rien n’est laissé au hasard pour qu’elle conserve son cachet d’autrefois. Le tapis collé sur le plancher est retiré, laissant apparaître un parquet que les propriétaires restaurent. Des moulures, des poutres sont ajoutées et Michelle choisit de charmants papiers peints pour habiller les murs. « On s’est imprégnés de chaque pièce et on y a mis tout notre cœur pour les décorer », dit-elle. Des salles de bains ont été ajoutées dans les cinq chambres d’hôtes. L’habitation avait déjà été transformée en gîte quand ils en ont pris possession, mais il était plus modeste (trois Soleils) et le travail de Michelle et Rémi leur a permis de se voir attribuer cinq Soleils.
Outre les rénovations intérieures, les maîtres des lieux ont décapé toute la façade de la villa pendant sept étés. « Il y avait 200 ans de peinture et on a vu plusieurs couleurs au fil du décapage du bois, qu’on a fait à la main pour que le résultat soit beau et durable », précise Michelle Richard.
La propriété jouit aussi d’un écrin végétal inspiré des jardins à l’anglaise. Des sculptures commandées au fil des années par les maîtres des lieux animent cet espace verdoyant. Les premières ont été érigées à la suite d’une conversation hasardeuse, alors que le couple se questionnait sur la fragilité des branches d’un arbre malade risquant de tomber sur des clients. Maurice Harvey, un sculpteur de Saint-Jean-Port-Joli qui séjournait chez eux lors d’un symposium de granit, leur a proposé de récupérer le bois pour en faire des œuvres d’art. « J’ai fait faire la dame pour la fête de Michelle et plus tard, c’est elle qui m’a fait la surprise de m’offrir celle de l’homme », confie Rémi Dumont. Ces sculptures marquent ainsi l’empreinte du couple dans la propriété.
Invitation au voyage
Les quatre enfants de la maisonnée ont bien grandi, certains vivent dans l’Ouest canadien, sans compte que Michelle et Rémi viennent de devenir grands-parents. « On a décidé de mettre en vente parce qu’on voudrait voyager, pouvoir partir plus loin et plus longtemps. On est rendus là dans notre vie. Ça va être un immense deuil pour nous de laisser cette maison, parce que notre cœur est partout. On voudrait que la mission historique se poursuive ici, car cette propriété signifie énormément pour les gens de la région. On aimerait juste trouver les personnes qui auront le même coup de cœur que nous », espère Michelle Richard.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 1 150 000 $
Évaluation municipale : 376 200 $
Année de construction : 1810
Superficie du terrain : 217 800 pi2
Dimensions de la maison : environ 120 pi x 39 pi (irrégulières)
Taxe foncière : 4554 $
Taxe scolaire : 381 $
Courtier immobilier : Sacha De Santis, courtier immobilier RE/MAX d’Abord