Geneviève Bélanger et son mari, Jean-Sébastien Plouffe, sont passés de propriétaires d’une maison qu’ils avaient construite à Repentigny à locataires à Montréal, avec leurs trois grands garçons. Ils ont vendu une des deux voitures, se déplacent à pied ou en vélo et ont même annulé leur carte Costco ! Portrait d’une famille qui s’éclate à Montréal.

Lorsque le couple a annoncé à ses trois fils élevés en banlieue qu’il souhaitait déménager la famille à Montréal, la nouvelle a été accueillie avec un enthousiasme fou. Et depuis un an, malgré le fait que plusieurs des activités qui font le charme de la métropole soient à l’arrêt, l’enthousiasme ne fait que grandir.

Le plus jeune, âgé de 18 ans, terminait sa première année au cégep à L’Assomption. Il n’a eu aucune hésitation à faire le saut au Collège de Maisonneuve. Sa scolarité s’est, du reste, faite à distance, à partir de l’appartement que ses parents ont déniché dans Hochelaga.

Le fils du milieu travaille en informatique. Il a aménagé un bureau dans sa chambre. L’aîné s’apprête pour sa part à déménager à Rimouski pour étudier à l’Institut maritime du Québec.

Entrepreneure en finance, Geneviève Bélanger venait pour sa part de déplacer ses bureaux en ville, au printemps 2020. Sa trentaine d’employés, tous en télétravail en ce moment, sont dispersés un peu partout dans le Grand Montréal. Ils ne profitent pas des nouvelles installations pour l’instant. Geneviève et Jean-Sébastien, qui travaillent ensemble, non plus. Ils ont converti une partie de la grande chambre principale en bureau.

Une vie désencombrée

Née à Sept-Îles, Geneviève a déménagé très souvent dans sa vie. « Mes parents se sont beaucoup promenés », confirme celle qui est arrivée à Montréal à 13 ans. C’est le désir d’un environnement plus calme et plus « familial » que celui du boulevard Henri-Bourassa, dans Ahuntsic, qui a mené le couple à s’installer d’abord dans les Laurentides, puis à Repentigny.

Presque 20 ans plus tard, outre le fait que plus grand-chose ne les rattachait à la banlieue, c’est l’attrait d’un style de vie plus simple, moins motorisé, plus varié sur le plan alimentaire – la famille au complet est végane – et culturel qui est à la base du choix de retourner en ville.

Le déménagement nous a permis de désencombrer nos vies. On est partis de trois étages à un. Il a fallu simplifier les choses. On avait vraiment trop de stock !

Geneviève Bélanger

« On a trouvé un appartement de 1500 pi2 au-dessus d’une épicerie de quartier, avec un solarium et quatre chambres à coucher, ajoute-t-elle. On paie un peu plus cher que la moyenne du quartier, mais on n’a pas de voisins au-dessus ni sur les côtés. On n’a pas de gazon à tondre et très peu de neige à pelleter ! On est vraiment bien ici. C’est comme un petit village. »

L’été dernier, Geneviève a convaincu une bonne copine de faire le saut elle aussi. « Je lui disais : “Allez ! On ira prendre des cafés et manger des croissants, se promener dans les parcs.” Elle est en télétravail aussi, mais si un jour elle retourne au bureau, ce sera au centre-ville. Ça avait du sens pour elle de se rapprocher. » L’amie en question habite maintenant à 15 minutes de marche des Bélanger-Plouffe. La sœur de Geneviève, quant à elle, se trouve à 5 km.

Le bon choix

Ce ne sont pas tous les amis, connaissances, voisins du couple qui ont eu cet élan d’enthousiasme face à leur déménagement. « Au début, on se sentait un peu comme des extraterrestres. J’ai même une amie qui me disait qu’elle faisait une crise de panique chaque fois que je lui parlais de la ville. »

Mais ces réactions n’ont aucunement teinté le désir de vie urbaine de la famille. « La pandémie était commencée. Ça ne nous a pas arrêtés. On a vendu la maison en deux jours, à une famille avec trois enfants. On a vite trouvé l’appartement et notre déménagement s’est fait au mois de mai. »

Depuis, c’est marche, vélo, Jardin botanique, Musée des beaux-arts, repas pour emporter hebdomadaires dans un des nombreux restaurants véganes de Montréal. « Tant que les trois gars vont être à la maison, on va rester ici. On n’a pas de chalet. On est trop nomades pour ça. On a loué un VR l’été dernier pour se promener au Québec. En ce moment, les gens veulent acheter à tout prix. Pas nous. On est rendus ailleurs. On aime l’idée de n’être attachés nulle part », dit la déménageuse en série, fort heureuse de son plus récent déplacement.