Dans le Vieux-Longueuil, un coquet bungalow a beaucoup évolué depuis sa construction, en 1956. Or, même s’il a changé trois fois de propriétaires, il est demeuré entre les mains de la même famille.
Chaque génération a fait sa marque. Thérèse Brodeur et Jean Hardy, les tout premiers propriétaires, ont emménagé avec leurs quatre enfants, à la fin de 1956. Leur fille Denise avait alors 12 ans. Elle a pris la relève avec son tout nouveau mari, André Normandin, à l’automne 1969. Dans les années 80, ceux-ci ont abattu quelques murs, ajouté une porte-fenêtre, puis ont complètement rénové la cuisine. En 2017, leur fille unique, Élyse Normandin, et son conjoint Martin Lobbe ont à leur tour pris possession du bungalow. Ils lui ont fait subir une nouvelle ronde de travaux avant d’emménager avec leurs deux enfants, Marie et Jean-Thomas.
« La maison était très fonctionnelle, souligne Martin Lobbe. Il fallait surtout remodeler l’entrée, qui nous énervait. La famille avait l’habitude d’entrer sur le côté et on tombait presque dans l’escalier. La porte à l’avant est devenue la porte principale. »
De beaux moments
La rencontre avait été organisée de façon à profiter de la présence de Marie et de Jean-Thomas, la quatrième génération à habiter sous le même toit. C’était avant que le quotidien des petits et des grands soit bouleversé par la pandémie. Parmi les beaux moments remémorés, le plus spécial demeure sans contredit le mariage de Denise Hardy et André Normandin, le 20 septembre 1969. « On s’est mariés dans le salon », révèle la septuagénaire.
« On avait trouvé un prêtre audacieux, renchérit son mari. Le party s’est poursuivi dans le sous-sol, où il y avait un grand buffet. Mon beau-père, qui était veuf, se mariait quelque temps après et il voulait vendre la maison. Il nous a offert de bonnes conditions. »
Pour le 50e anniversaire de mariage de ses parents, l’automne dernier, Élyse a organisé à son tour une grande fête dans la maison. Les grands cartons avec d’anciennes photos de famille, qu’elle avait patiemment assemblées pour l’occasion, ornent toujours les murs du couloir menant à la cuisine. « C’étaient pratiquement les mêmes personnes qui étaient réunies, au même endroit ! », fait-elle remarquer.
Élyse révèle, au cours de l’entretien, qu’elle s’y est prise deux ans à l’avance pour convaincre Martin de la valeur de la maison. Quand ses parents ont été prêts à la vendre, elle avait depuis longtemps préparé le terrain.
C’est sûr que j’avais un attachement sentimental. Mais j’y avais vécu toute ma jeunesse et j’étais en mesure d’apprécier son côté pratique.
Élyse Normandin
« Elle est tellement bien située, on peut tout faire à pied. Le lieu était parfait pour nous. »
Deux de ses amis, dans les environs, ont aussi acheté la maison de leurs parents. « C’est un beau secteur du Vieux-Longueuil, précise-t-elle. Les maisons coûtent cher. La seule façon pour les premiers acheteurs de s’installer ici, c’est d’acheter la maison familiale. Nous habitions ailleurs à Longueuil. L’idée me trottait en tête de revenir ici. »
Elle a respecté le rythme de Martin et ne lui a rien imposé. Pour donner du poids à ses arguments, elle a préparé un fichier Excel, où elle a indiqué la distance par rapport à ses parents, le travail (à Montréal pour tous les deux), l’aréna (Martin joue au hockey), les minutes de marche pour se rendre à la station de métro. L’école se trouve au bout de la rue.
Martin hésitait, parce qu’il ne se trouvait pas à sa place dans ce quartier devenu désert. « Il n’y avait personne dans la rue, se souvient-il. Mais j’ai vu le changement s’opérer, une famille à la fois. Il y a maintenant une belle ambiance. L’été, la rue appartient aux enfants. On a une vie de quartier super le fun. »
D’importants travaux
Martin est heureux aujourd’hui. « Le grand avantage, c’est qu’on a pu rester dans l’autre demeure pendant les sept mois qu’ont duré les rénovations, précise-t-il. On a eu les deux maisons pendant un an. »
Élyse, comme ses parents avant elle, n’a pas hésité à faire les travaux qui s’imposaient, pour que la maison réponde à leurs besoins. La pièce (son ancienne chambre d’enfant), à la droite du vestibule, a été transformée en partie en un grand vestiaire, où sont dorénavant rangés bottes et manteaux. Adossée, à l’arrière, se trouve une vaste penderie de style walk-in, ouverte sur le couloir, de biais avec la chambre principale. La cuisine a aussi été refaite. Et une nouvelle fenêtre a été percée dans un mur du salon.
« Quand on vivait ici, on se disait qu’il devrait y avoir une fenêtre à cet endroit, mais on ne l’a jamais fait, indique André Normandin. Cela fait une belle différence. »
Sa femme et lui ont déménagé non loin. Ils ont tourné la page. « J’apprécie ce qu’ils ont fait, indique M. Normandin. Je vivrais dedans. Mais on ne s’ennuie pas de notre ancienne maison, qui était devenue trop grande. »
Pendant que Marie s’installe au piano électrique pour jouer, Jean-Thomas s’est tout naturellement assis pour lire dans un fauteuil près d’une fenêtre, dans le salon. Tous le remarquent. M. Normandin en particulier. C’était la place où il aimait s’installer, il n’y a pas si longtemps…