Josée Dumesnil a laissé parler son cœur, il y a 10 ans, quand elle a acheté le squelette d’une ancienne écurie déménagé à côté d’un petit lac, dans les Cantons-de-l’Est. Elle s’est armée de courage pour voir à l’agrandissement et à la transformation du bâtiment, dont elle a planifié le moindre détail, mettant aussi la main à la pâte. Se sentant bien chez elle, après quelques semaines de confinement, elle a eu le goût d’ouvrir les portes de sa maison aussi originale que son propre parcours. Visite.

Née à Montréal, Mme Dumesnil a vécu une grande partie de sa vie aux États-Unis. Nourrissant une affection particulière pour les Cantons-de-l’Est, qui remonte à son enfance, elle y a acheté une première propriété, en l’an 2000, en songeant à sa lointaine retraite. Un été, en vacances dans sa maison de campagne, le hasard a voulu qu’elle croise le chemin d’un vieil ami qu’elle avait connu à Key West. Ils sont restés en contact.

Sheridan Crumlish, octogénaire américain épris du Québec, avait acheté une immense propriété dans les Cantons-de-l’Est et y séjournait chaque année. C’est lui qui a fait déplacer la vieille écurie près du plan d’eau, sur de nouvelles fondations en béton. La maladie a contrecarré ses plans. Il est mort sans pouvoir mener à terme son projet.

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Josée Dumesnil a laissé parler son cœur, il y a 10 ans, quand elle a acheté le squelette d’une ancienne écurie. Elle lui a donné une nouvelle vie.

« Sa succession a liquidé la propriété, explique Mme Dumesnil. En 2009, j’ai décidé d’en acheter une partie, celle où se trouvait l’ancienne écurie datant de 1840. Le terrain, de neuf acres, comprend un petit lac et un étang. La réfection complète du bâtiment s’est échelonnée sur une période approximative de trois ans, avec cinq ouvriers. J’ai pensé à tout. »

Elle avait confiance. « C’était ma 14e maison, révèle-t-elle. J’ai acheté et vendu des maisons depuis l’âge de 20 ans. Mais c’était un peu fou. »

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Le squelette de l’ancien bâtiment de ferme a été déplacé près d’un plan d’eau. Il est méconnaissable.

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À l’achat de la propriété, en 2009, la structure de l’ancien bâtiment de ferme avait été installée sur une nouvelle dalle de béton. Voici ce dont avait l’air l’ancienne écurie.

Ses connaissances, elle les tient en partie de sa mère, qui a été décoratrice et a fait ses Beaux-Arts. Au fil des ans, ses aptitudes se sont affinées et son œil s’est aiguisé en évoluant dans l’univers de personnes fortunées et célèbres. Habitant (entre autres) à New York, Palm Beach et Key West, elle en a profité pour nourrir son âme de beauté et d’art en arpentant les musées. Elle a aussi donné libre cours à sa passion pour la brocante.

« J’ai été chef privée pour des familles riches et connues, dans de magnifiques domaines », dévoile-t-elle.

Chez elle, son intérieur est décoré d’une collection d’objets, de meubles originaux mid-century et d’antiquités dénichés tout au long de sa vie.

Le mélange d’une structure patrimoniale à un décor éclectique confère à la maison un cachet unique. Le résultat est surprenant.

Josée Dumesnil

Un énorme défi

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La réfection complète du bâtiment s’est échelonnée sur une période approximative de trois ans.
Voici l’entrée principale, au milieu du bâtiment original.

L’ancienne écurie était d’abord située à environ 150 pi d’où elle se trouve maintenant. À l’achat de la propriété, la structure de l’ancien bâtiment de ferme avait été transportée sur une nouvelle dalle de béton. En bois de grange, elle mesurait 30 pi sur 30. Il n’y avait rien à l’intérieur. Mais il y avait un accès à de l’eau et l’électricité.

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En entrant, la vue sur la nature accueille les visiteurs. Josée Dumesnil a planifié avec soin l’emplacement des fenêtres.

« La maison a été créée à partir de cette base, précise Josée Dumesnil. La fondation en béton avait été coulée en fonction de l’ajout de deux ailes, qui abritent maintenant la cuisine et une salle de séjour. »

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Josée Dumesnil profite de la vue sur le lac, entourée d’objets, de meubles originaux mid-century et d’antiquités,
qu’elle a réunis tout au long de sa vie. 

Son rêve, avoue-t-elle, aurait été d’avoir une maison moderne. Elle a emprunté un autre chemin. « Je sentais que cela valait la peine de faire ce projet, raconte-t-elle. Je me suis dit que cela ne prendrait pas de temps, mais il a fallu que je travaille avec le bâtiment. Je ne sais pas ce qui m’a pris ! »

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Les poutres de l’ancienne écurie, sablées et nettoyées, ont été mises en valeur.
La cuisine se trouve dans le bâtiment original.

Les poutres ont été sablées et nettoyées pour être mises en valeur. « Une affaire de fou, qui a nécessité l’emploi de grandes machines », se souvient-elle.

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Les travaux loin derrière elle, la propriétaire se sent bien chez elle, entourée de ses trouvailles.

Les travaux loin derrière elle, elle se sent bien dans la demeure de 3400 pi2, sur trois niveaux bien éclairés, grâce au terrain en pente. Elle profite de la vue sur le petit lac et sur la nature, qu’elle soit au rez-de-jardin, au rez-de-chaussée ou à l’étage, où elle a choisi de n’aménager que deux chambres spacieuses sous le haut toit pentu. Elle y a installé son bureau.

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L’espace, au rez-de-jardin, est très ouvert. Une porte-fenêtre donne accès au lac.

Ce qui lui donne le plus de satisfaction ? Elle profite du fruit de ses efforts. « C’est ma création, ma collection, mon goût. Il y a des objets et des meubles qui me viennent de mes grands-parents, d’autres que ma mère a achetés dans les années 50. Et il y a toutes mes trouvailles, que j’ai bien choisies. »

Sa maison, croit-elle, a une âme. La sienne.