Alexis Lorthiois et sa conjointe Erin Morrison ont payé 500 000 $ pour une shoebox dans Rosemont… pour s’en débarrasser et reconstruire une maison unifamiliale. Une aventure qui n’a pas été de tout repos.

Payer un demi-million pour un bungalow inhabité de type shoebox dans le quartier Rosemont pour le démolir en vue de construire une maison unifamiliale de plus de 700 000 $.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La cuisine est tout ce qu'il y a de plus moderne.

Voilà dans quelle aventure s’est embarqué le couple Lorthiois-Morrison au cours de la dernière année. Un projet audacieux qui aura coûté, au bout du compte, près de 1,3 million de dollars.

« Nous étions prêts et nous sommes très satisfaits de notre décision, raconte après coup Alexis Lorthiois, 39 ans. On a une grande maison [d’une superficie de 3000 pi2]. On vit dans un beau quartier où vont grandir nos trois jeunes enfants. »

Il ne manque pas de rappeler, cependant, que les nombreuses étapes qui ont mené à la réalisation de ce projet immobilier lui ont parfois donné des maux de tête.

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Le couple Erin Morrison et Alexis Lorthiois, accompagné de ses trois enfants

« Or, chaque fois qu’un problème se posait, on se disait qu’il y avait une solution ! », philosophe le conjoint d’Erin Morrison.

D’abord : l’obtention du permis de démolition pour cette maison de 750 pi2 de la rue Chabot qu’ils avaient acquise du promoteur-entrepreneur Simon Gareau.

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Vue du haut de l’escalier

« Ça n’a pas été facile et ça aurait pu ne pas se concrétiser, concède celui qui est directeur d’une firme informatique à Montréal. À vrai dire, nous avons soumis nos plans à l’arrondissement [de Rosemont–La Petite-Patrie] peu avant l’imposition d’un moratoire. » Le moratoire, imposé en mai 2018, a bloqué la démolition de ces petites maisons datant du début du XXe siècle pour préserver le patrimoine.

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a depuis adopté à l’unanimité un projet de règlement en février 2019 pour protéger les « shoebox ».

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La maison de type shoebox qui a été démolie pour faire place à une nouvelle unifamiliale.

Discipliner les promoteurs

Simon Gareau, qui se définit comme un entrepreneur « écoresponsable », est le premier à admettre qu’il vaut mieux discipliner les promoteurs immobiliers qui seraient tentés de tout démolir sans discernement.

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Vue de la chambre du bambin

« Il y a eu du laisser-aller par le passé, sur le plan immobilier, convient-il. Il fallait que les arrondissements à Montréal fassent quelque chose de concret pour mettre fin à certaines situations chaotiques. »

Il ne cache pas, toutefois, que ces nouvelles exigences « posent un nouveau défi » pour les entrepreneurs — ou les particuliers — qui souhaitent se lancer dans un projet de rénovation de grande envergure impliquant la démolition partielle d’un bâtiment.

PHOTO FOURNIE PAR SIMON GAREAU

Des problèmes survenus au cours de la démolition du bungalow et durant les travaux d’excavation ont engendré d’importants retards.

« C’est beaucoup plus coûteux d’intégrer le bâtiment existant, estime-t-il, et ça demande de retourner plus souvent à sa table à dessin ! »

Une roche sous la maison !

Obtenir un permis, c’est bien, mais ça ne règle pas tout. Le chantier a réservé au couple son lot de surprises. Et il faut avoir les reins solides — et une confortable marge de manœuvre financière — pour réaliser un tel projet d’autoconstruction.

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« Ce n’est pas pour tout le monde, reconnaît Alexis Lorthiois. Il faut savoir gérer le stress et accepter que des problèmes surviennent en cours de route. Et c’est important que le couple soit solide et partage la même vision. »

Des problèmes survenus au cours de la démolition du bungalow et durant les travaux d’excavation ont ainsi engendré d’importants retards.

En fait, après que l’achat de la maison de la rue Chabot eut été officialisé en octobre 2018, les travaux ont débuté un mois plus tard que prévu, en novembre. Et c’est là que la véritable aventure a commencé… avec son lot d’imprévus.

« Pendant la démolition et l’excavation, raconte Alexis, on est tombés sur une roche à trois pieds de profondeur en longueur sur tout le terrain ! Il a fallu forer 800 trous pour affaiblir le roc et casser la roche à l’aide d’un marteau-piqueur. On avait prévu trois jours pour l’excavation. On a mis trois semaines à tout compléter et les coûts pour cette opération ont explosé, passant de 15 000 à 45 000 $ ! »

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Une fillette du couple s’amuse à sauter dans ce grand lit.

Résultat : en raison de ces délais, la maison a été construite en plein hiver dans des conditions climatiques plus exigeantes pour les charpentiers et les divers corps de métier.

« On a dû installer des chaufferettes pour les travailleurs, on a dû s’ajuster », se souvient-il.

Il estime que le projet a souffert d’un dépassement de coûts d’environ 10 %, attribuable aux travaux d’excavation, notamment, et à des améliorations notables apportées au bâtiment, entre autres un cadre en acier pour augmenter la fenestration.

Un entrepreneur accompagnateur

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Le bambin du couple grimpe vers les chambres.

Il faut comprendre que tout au long de ce processus, le couple s’est fait accompagner et conseiller par le promoteur-entrepreneur Simon Gareau, qui lui avait vendu le bungalow à démolir.

« On a acheté avec la condition qu’il allait obtenir le permis [de démolition]. Il n’était pas question de se lancer dans la rénovation de ce shoebox ! », affirme Alexis Lorthiois.

C’est ce même entrepreneur qui a rasé la petite maison avant de se charger de la construction de l’unifamiliale.

« La démarche [pour l’obtention du permis] a été complexe et compliquée, reconnaît Simon Gareau. On nous a demandé de fournir une étude patrimoniale d’une vingtaine de pages et un rapport d’ingénieur. C’était pourtant une maison sans aucune valeur architecturale, qui avait été rénovée tout de travers. »

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Vue de la salle de bains

« On avait une relation de confiance et de collaboration avec notre maître de chantier, et cela a fait toute la différence entre un projet réussi et un projet avec beaucoup de frustrations », souligne Alexis Lorthiois.

Enfin terminé !

Chose certaine, le couple Lorthiois-Morrison apprécie sa nouvelle vie dans cette nouvelle demeure avec un revêtement de briques et une fenestration abondante qui laisse pénétrer la lumière du jour.

« Si c’était à refaire, on emprunterait le même chemin, résume Alexis. On a une maison neuve, on a acheté la paix ! On espère vivre ici pendant de nombreuses années avec nos enfants ! »