La variation moyenne de valeur des immeubles inscrits au rôle d’évaluation foncière dans l’île de Montréal s’établit à 13,7 % pour la période 2020-2022. Cette croissance marquée reflète bien ce qui se passe dans le dynamique marché de la région.

Le nouveau rôle foncier traduit essentiellement ce qui se passe dans le secteur de l’immobilier à Montréal : les prix montent, il est donc normal que les valeurs foncières augmentent aussi. 

« L’administration municipale prend acte des prix sur le marché, qui est lié à l’activité économique du pays et de la région », explique Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). 

« La création de ménages est bonne et elle est soutenue par l’immigration à Montréal, qui est un point de chute important pour les nouveaux arrivants. »

« Aussi, enchaîne M. Brant, les taux d’intérêt restent bas, ce qui représente un élan monumental pour l’industrie immobilière, avec un impact significatif sur les prix. Les gens continuent de préférer l’investissement immobilier par rapport à d’autres types de placements. »

Charles Brant ne voit donc pas de ralentissement immobilier à court terme, d’autant plus que le niveau d’emplois est très haut, « ce qui donne de la sécurité et de la confiance aux acheteurs », soutient-il.

Par ailleurs, l’impact de l’augmentation du rôle d’évaluation foncière sera modéré chez les propriétaires, car la hausse moyenne des taxes sera limitée à 2 % pour le secteur résidentiel l’an prochain, a assuré l’administration municipale.

Accès difficile

Reste que l’accès à la propriété continue d’être difficile. « Avec un bon emploi, on peut emprunter à des taux d’intérêt très bas, les dépenses hypothécaires demeurent raisonnables par rapport au prix payé, estime Charles Brant. Mais quand les prix augmentent, le problème est de recueillir les sommes nécessaires pour verser la mise de fonds. Les gens mettent plus de temps à faire des économies et demeurent plus longtemps locataires. On assiste donc à une hausse du bassin de locataires, qui vont se loger de plus en plus à l’extérieur des quartiers centraux. »

La hausse du prix des résidences est encore plus marquée dans les zones centrales — en plus d’un ajustement remarqué dans la plupart des villes défusionnées de l’Ouest-de-l’Île. 

« On observe un important embourgeoisement des quartiers centraux de la ville, ce qui pousse les classes moyennes un peu plus loin. »

« On le voit, les prix des maisons de banlieue font du rattrapage par rapport à Montréal, mais ça reste plus abordable — en fait, il y a seulement les coûts de transport qui sont plus chers, explique l’économiste de l’APCIQ.

« Mais comme les infrastructures de transports en commun se modernisent, les gens peuvent miser sur la périphérie, d’autant plus que l’on vise à densifier les banlieues. Bref, la couronne de Montréal est encore une échappatoire, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer. »