Qui aurait cru que, dans notre climat au Québec, on pourrait vivre au fil de l’eau à longueur d’année ? C’est pourtant le tour de force qu’a réussi cette famille près de Thetford Mines, dont le quotidien tourne autour du lac l’été et de leur formidable piscine intérieure l’hiver.

De l’eau partout

Tout a commencé par un dégât d’eau. Une mauvaise nouvelle qui a donné le ton à un projet remarquable du cabinet Bourgeois Lechasseur, de Québec : une belle grande maison « tout à l’image des clients », raconte l’architecte Olivier Bourgeois.

Nathalie et Nicolas ont acheté, en 2011, une petite maison sur un terrain qui borde le lac Saint-François, à Adstock. « On a vécu dedans, mais on avait comme projet de se reconstruire un jour. Elle était petite, mal isolée et, avec une grande famille, on ne pouvait pas la garder trop longtemps », explique Nathalie, qui habite avec son conjoint et leurs trois enfants âgés de 15 mois à 6 ans.

Ils n’étaient pas pressés de passer à l’action, mais les circonstances ont forcé l’accélération du projet. « À un moment donné, quand on est partis en voyage, la toilette du deuxième a fendu. Soit qu’on reconstruisait à neuf, soit qu’on se lançait dans le projet », résume Nathalie.

En pente vers le lac

La nouvelle demeure est immensément plus grande que l’ancienne. Mais les propriétaires ont demandé aux architectes de conserver une trace de la première maison. Ils ont donc décidé de garder les fondations, dont on peut toujours deviner les contours puisqu’ils ont installé la terrasse principale dessus. Et en dessous, on trouve ce qu’ils appellent les « catacombes » de la maison : un immense espace de rangement.

L’un des concepts du projet était de déposer la terrasse sur les fondations de l’ancienne maison, puis de construire la nouvelle résidence en arrière.

Olivier Bourgeois, architecte, copropriétaire de la firme avec Régis Lechasseur

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

À l’arrivée, la construction semble moins imposante puisqu’on se trouve dans le haut du terrain.

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La terrasse est déposée sur les fondations de l’ancienne maison.

Résultat : le terrain est presque aussi grand qu’avant, ce qui était important pour les clients. « C’est super avec des enfants, des amis, parce qu’on vit beaucoup dehors l’été », poursuit Nathalie.

Sans compter que la maison vient se déposer en escalier, en épousant doucement la pente du terrain. Elle débute en haut, où se trouvent l’entrée et le garage, puis elle descend par paliers jusqu’au terrain, puis au lac.

Le lac est tranquille, puisque sur la rive d’en face, on est dans le parc national de Frontenac. « Il est super, ce lac-là, et il n’y a pas beaucoup de bateaux », affirme Nathalie.

Une petite plage est aménagée pour que les enfants se baignent, mais toute la famille pratique aussi une panoplie de sports aquatiques, dont du ski nautique, de la planche à voile ou encore de la planche nautique (wakeboard). L’été, tous les prétextes sont bons pour être au bord du lac… ou, encore mieux, dedans.

Une piscine pour les jours froids

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Intégrer une piscine intérieure à même une maison représente un petit défi technique, selon l’architecte Olivier Bourgeois.

Si l’été au Québec passe rapidement, il en va autrement de l’hiver, qui peut s’étirer longtemps. Mais pas pour les occupants de cette maison où, pendant la saison froide, il y a un autre terrain de jeu : la piscine intérieure.

Longue de 15 m, elle fait le bonheur des enfants, mais aussi de leur maman, une ancienne nageuse de compétition qui aime bien y faire des longueurs. « Il y a des gens qui se servent plus de leur piscine l’été, mais nous, c’est l’inverse », constate la principale intéressée.

Avoir cette grande piscine dans la maison s’est avéré un petit défi technique pour les architectes, souligne Olivier Bourgeois.

Souvent, les piscines intérieures sont dans un bâtiment à part, ou toujours un peu en annexe. Mais nous, on voulait vraiment l’intégrer dans le cœur du projet, qu’elle passe en plein milieu de la maison, au sous-sol.

Olivier Bourgeois, architecte, copropriétaire de la firme avec Régis Lechasseur.

D’ailleurs, au rez-de-chaussée, une fenêtre donne sur la piscine, un petit clin d’œil à ce qui se passe en contrebas.

« Il fallait quand même s’assurer que la pièce soit vraiment indépendante du reste de la maison », enchaîne l’architecte. Lorsqu’elle est inutilisée, la piscine est recouverte d’une toile, sur laquelle on peut même marcher. « Tout le monde pense que le but premier de la toile est sécuritaire, mais c’est aussi de couper l’humidité », souligne Nathalie, en précisant qu’il s’agit, ironiquement, de la pièce la plus sèche de la maison !

Fresque

Attenante à la piscine, il y a une salle de bains dont la douche est recouverte d’une mosaïque hors du commun. Nathalie a trouvé cette fresque en surfant sur l’internet : il s’agit de l’œuvre d’un couple d’Italiens ayant gagné un concours de mosaïque. La livraison et l’installation n’ont pas été simples, mais les propriétaires n’ont pas regretté leur acquisition. « Je la trouve super belle, et ça marche bien avec la piscine à côté. »

De surcroît, les deux pommeaux permettent à tout le monde de se doucher en même temps. « C’est comme une deuxième partie de plaisir : il y a la piscine, puis la douche ! », lance Nathalie en riant.

Salle de jeux

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Des squelettes, des alligators, des tortues, les propriétaires ont eu un coup de cœur pour les motifs de cette fresque, qu’ils ont fait importer d’Italie.

Le reste du sous-sol est consacré à la salle de jeux des enfants, qui est le théâtre de plusieurs séances de bricolage, de déguisements ou même de tours de patins à roues alignées !

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Le sous-sol est la salle de jeux des enfants. Dans le coin, on trouve une petite cuisine d’été, avec un réfrigérateur bleu aux accents rétro.

On y trouve aussi une cuisine d’été, qui donne sur le terrain. Dans le réfrigérateur bleu, les parents entreposent leurs bières et les enfants, leurs popsicles. La dalle de béton du plancher est très pratique à cet égard, puisque les enfants peuvent rentrer les pieds mouillés sans que ce soit compliqué à nettoyer.

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Tout le long de la piscine, de petites fenêtres en hauteur donnent sur la salle de jeux du sous-sol. Au bout, on trouve aussi une fenêtre vers l’extérieur, qui apporte de la lumière.

L’escalier qui lie tout

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Le grand escalier zigzague d’un étage à l’autre dans le grand espace ouvert.

Mais ce n’est pas fini. Au-delà du sous-sol, la maison s’étend sur deux étages supplémentaires : le rez-de-chaussée, où on trouve les espaces de vie ainsi que la chambre principale, et l’étage, réservé aux chambres des enfants.

Le tout est relié par un majestueux escalier aux parois de verre, qui zigzague d’un étage à l’autre. À l’extrémité de la maison, il y a quand même une autre volée de marches, qui sert davantage de raccourci, surtout pour aller de la chambre des adultes à celles des enfants.

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Ayant beaucoup voyagé à certaines époques de leur vie, les clients ont demandé aux architectes d’intégrer des souvenirs de voyages à leur design.

Partout, les teintes de la résidence restent plutôt neutres : beaucoup de bois, de noir, de blanc, de verre. Mais dans chaque recoin, la maison est remplie de surprises colorées, ce qui lui donne son « petit côté funky », note l’architecte.

Par exemple, Nathalie et Nicolas possèdent une porte indienne et… une toilette mexicaine, que Nathalie a reçue en cadeau ! Les architectes ont réussi à intégrer ces éléments hors du commun à leur design.

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Derrière la porte indienne est caché un immense garde-manger, où les propriétaires rangent leurs provisions pour ne pas devoir aller en ville tous les jours.

Bois et acier

Quant à la structure, elle est hybride, composée de colonnes d’acier et de poutrelles de bois. L’essence utilisée, le cèdre de l’Ouest, donne de la chaleur au projet, estime Olivier Bourgeois. « Ça fait référence à certains chalets, dans les Rocheuses, par exemple, où le bois est très présent. »

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Ayant beaucoup voyagé à certaines époques de leur vie, les clients ont demandé aux architectes d’intégrer des souvenirs de voyages à leur design.

Beau et… fonctionnel

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Le bois est présent un peu partout dans la maison, dans la structure d’abord, mais aussi dans les revêtements.

Puisqu’ils sont cinq à vivre dans la maison, il était important que l’espace soit fonctionnel. Surtout qu’ils adorent recevoir de nombreux amis. « Quand on faisait les plans, oui, on pensait au beau, mais on s’imaginait vraiment vivre dedans, aussi. La maison, clairement, est hyper fonctionnelle », soutient la propriétaire.

Cuisine en U pour faciliter le service, grand garde-manger caché (derrière la porte indienne, justement), casiers pour tout le monde, chute à linge : tout a été pensé. Au sous-sol, également, se trouve un espace de « transit », où beaucoup d’équipement sportif est entreposé, pour chaque saison. Parce que, en hiver, toute la famille fait aussi du ski, au mont Adstock, qui se trouve à proximité. Là-bas, comme au lac, tout le monde se connaît.

« C’est un beau style de vie », conclut Nathalie. En effet, hiver comme été, impossible de s’y ennuyer.