Propriétaires et promoteurs nous ouvrent les portes de demeures d’exception, offertes sur le marché de la revente.

C’était à l’origine une maison modèle destinée à attirer les foules à Boucherville. Mais la résidence de style mid-century n’a pas détrôné le bungalow de banlieue. Cette œuvre, commandée à l’architecte québécois de renom Roger D’Astous, au début des années 60, demeure absolument unique.

« C’est vraiment toute une pièce d’architecture. Il n’y en aura pas deux comme ça », souligne Maude Chamberland. Baptisée « La maison de demain », la résidence consiste en un étage déposé en porte-à-faux sur un cube en moellons de dimensions plus restreintes. À l’intérieur, au centre de l’espace, trône un escalier suspendu en teck et en aluminium, dominé par un grand puits de lumière et aux côtés duquel se trouve un jardin intérieur qui s’élève jusqu’au plafond.

Maude Chamberland et son mari, Nicolas Fournier, passionnés d’architecture et du style mid-century, avaient repéré cette maison bien avant d’y emménager. « Pendant trois ans, on a cogné à la porte chaque année pour demander aux propriétaires s’ils étaient prêts à vendre, raconte Maude Chamberland. Ils nous disaient : “Pas avant 10 ans.” » Le couple s’est installé à quelques rues de là, dans une résidence inspirée de la maison « Châtelaine », créée pour Expo 67 par l’architecte Gustavo da Roza.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La propriétaire, Maude Chamberland

Puis, les plans des propriétaires ont changé, bousculant ainsi ceux du couple qui venait d’accueillir son deuxième enfant. « On avait tout fait pour l’avoir et Nicolas, c’était le rêve de sa vie. Finalement, on a décidé d’embarquer dans le projet », raconte Maude.

« Un diamant brut »

En poussant la massive porte orangée de la demeure, on s’attend à un conte de fées. La vie dans cette maison à l’ambiance californienne, avec son jardin intérieur, sa piscine creusée et son style rétro, ne peut qu’être parfaite.

« Cette maison est un diamant brut. C’est la plus belle maison que j’ai vue, dans son unicité. Mais c’est un diamant brut qui a été un peu laissé à l’abandon. Elle a manqué d’amour. »

PHOTO TIRÉE DE CENTRIS

La cour, la piscine et les aires de vie de la maison ont été disposées de façon à en maximiser l’ensoleillement.

Beaucoup d’amour.

Lorsqu’ils y ont emménagé en janvier dernier, les nouveaux propriétaires ont pris connaissance de l’ampleur de la tâche. « On pensait que la maison serait fonctionnelle. On s’attendait à avoir des travaux, mais on s’était dit qu’on les ferait sur plusieurs années. » Or, peu de choses avaient changé depuis les années 60. Le système de chauffage était à refaire, de même que la plomberie, l’électricité, la cuisine, les salles de bains et la toiture. Maude et Nicolas sont entrepreneurs généraux. Avec leur entreprise, Habitations FC, ils font des « flips » à Boucherville. Ça tombe bien, pensez-vous. Mais non. « On fait ça à longueur de semaine, rénover, dit Maude, qui est également sur le point d’obtenir son permis de courtière immobilière résidentielle. Et en plus, les fins de semaine et les soirs, on fait ça. On est épuisés tous les deux. »

Alors, après six mois seulement dans leur nouvelle maison, Maude et Nicolas ont décidé de s’en départir. Ils ne s’en cachent pas, il reste encore quelques travaux à faire. Certains étaient d’ailleurs en cours au moment de notre visite. Et l’entretien est exigeant. Par exemple, les énormes poutres apparentes en cèdre lamellé-collé et les plafonds en dallage ondulé de bois, qui confèrent tant de cachet à la maison, devraient être huilés régulièrement pour leur préservation.

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« La cour intérieure, c’est un coup de cœur, déclare Maude Chamberland. Avec les enfants, je trouve ça le fun. On a toujours l’impression d’être dehors, de respirer. C’est un vrai jardin. On l’arrose trois fois par semaine. »

Les matériaux qui composent cette maison ont pour plusieurs été fournis gracieusement par diverses entreprises, le bâtiment devant aussi servir d’inspiration quant à l’utilisation de nouveaux matériaux et techniques. Selon Maude Chamberland, il serait irréaliste de penser pouvoir construire une telle maison de nos jours à des coûts qui ne soient pas astronomiques.

Parce que la maison est unique, elle espère que ceux qui reprendront le flambeau auront eux aussi le souci de la préserver. « On avait le défi de ne pas la dénaturer. On espère que les prochains vont en respecter l’essence. Il n’y en a pas beaucoup, des maisons comme celle-là, il faut les préserver. C’était ça, notre défi [en la rénovant], de respecter l’esprit, tout en amenant ça en 2019. »

Une offre d’achat vient d’être acceptée pour cette propriété.

PHOTO TIRÉE DE CENTRIS

L’espace du patio est vaste. Les propriétaires envisageaient d’y aménager un espace cinéma ou un lounge.

Qui est Roger D’Astous ?

Architecte montréalais réputé, Roger D’Astous a connu ses heures de gloire dans les années 60 et 70. Émule de Frank Lloyd Wright auprès duquel il a étudié pendant un an, Roger D’Astous a signé plusieurs édifices, églises modernes et maisons de la région montréalaise. C’est à lui que l’on doit le design du Château Champlain, de la station de métro Beaubien et des pyramides du Village olympique (qu’il a conçues avec l’architecte Luc Durand). Le scandale financier qui a frappé ce projet l’a entraîné dans un long feuilleton judiciaire qui a entaché sa réputation et l’a fait peu à peu sombrer dans l’anonymat. Il est mort en 1998. En 2016, le cinéaste Étienne Desrosiers lui a consacré un documentaire afin de faire découvrir l’homme et ses projets.

La propriété en bref

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Les propriétaires sont des puristes, passionnés du style mid-century. Ils possèdent plusieurs pièces iconiques (aucune copie, précisent-ils), telles qu’un canapé Togo (sur la photo), un fauteuil Eames et une table Tulip.

Prix demandé : 1 129 000 $

Année de construction : 1961

Superficie du bâtiment : 3400 pi2

Superficie du terrain : 16 000 pi2

Évaluation municipale (2019) : 626 800 $

Impôt foncier (2019) : 4173 $

Taxe scolaire (2018) : 989 $

Description : Maison sur deux niveaux avec un vaste hall d’entrée et un patio au rez-de-chaussée, plancher d’ardoise chauffant et jardin intérieur. Aire de vie à l’étage avec cuisine rénovée. Quatre chambres et deux salles de bains, dont une rénovée. Piscine creusée, cabanon et garage double.

Courtier : Simon Viger, équipe Marc-André Bourdon, RE/MAX Signature

Consultez la fiche de la propriété : https://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~boucherville/10780206