Près d’un siècle et demi sépare la construction originelle de la nouvelle aile de cette maison définie par une cohérence tout en contraste. Histoire d’un lieu où patrimoine historique et architecture contemporaine se rejoignent pour accorder un nouveau souffle à la propriété.

Propriétaires de cette demeure érigée à Bolton-Ouest en 1876, Janic Gosselin et son conjoint, l’homme d’affaires et photographe Jacques-André Dupont, ont des goûts quelque peu divergents… « Quand il est arrivé avec cette maison-là, j’ai trouvé le terrain magnifique, mais on était loin de la maison moderne dont je rêvais », dit d’emblée Janic Gosselin, qui a donné son accord à l’achat à condition de trouver une solution pour actualiser la résidence.

Elle voulait moderniser l’espace salon-salle à manger, changer les fenêtres pour créer un mur de vitres, modifier l’escalier. Elle a donc communiqué avec l’architecte Renée d’Amours pour lui faire part de ses souhaits. « Je me suis dit que ça pourrait être intéressant, mais quand j’ai visité la maison, j’ai constaté qu’elle était vraiment bien et je trouvais criminel de défaire quelque chose qui avait une valeur. Il y avait déjà une cohérence, un rythme particulier notamment dans l’intégration des fenêtres », raconte l’architecte en ajoutant qu’elle essaie toujours de répondre aux besoins des clients, mais en préservant l’architecture dans la mesure où le lieu est suffisamment bien conservé.

« Renée m’a expliqué que ce serait préférable de donner un vrai coup de modernité plutôt que de s’éparpiller un peu partout », précise Janic Gosselin.

Transition parfaite

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Janic Gosselin dit « vivre plus la nature » dans ce nouvel espace 
où la famille aime s’installer toutes les fins de semaine. La vue est grandiose 
et offre un décor différent chaque jour.

Pour l’architecte, il valait mieux être radical en démolissant une pièce qui n’avait pas de valeur particulière, ce qui était le cas d’un ajout relativement récent attenant à la cuisine. L’endroit s’avérait d’ailleurs idéal pour faire le lien, puisque Mme Gosselin lui avait déjà insufflé une touche contemporaine : « Les anciens propriétaires avaient fait énormément de rénovations, mais j’ai refait la cuisine. C’était important pour moi d’ajouter de la modernité dans cette pièce-là tout en conservant un esprit champêtre. Aussi, Renée m’a suggéré de remplacer l’armoire blanche du fond par une autre en acier noir afin qu’elle serve de transition entre l’agrandissement et la partie ancienne. »

Un lien artisanal

La nouvelle aile de la maison s’imprime en beauté avec l’extérieur et avec l’intérieur de la partie ancienne grâce à une cohérence notamment du côté des matériaux et de la réalisation.

« Je voulais qu’il y ait un côté artisanal, car ce qui donne une âme aux vieilles maisons, c’est la main de l’homme, qui a travaillé chaque poutre, chaque planche. C’est ce qui donne du cachet et de la chaleur », explique Renée d’Amours, architecte.

« Dans la rallonge, même si ce sont des lignes droites très épurées, le revêtement extérieur est en aluminium plié manuellement, ce qui change le rythme, contrairement à ce qui est fabriqué industriellement. Chaque morceau est utilisé, on ne jette rien, alors que dans l’industriel, c’est du standard et tout se répète à l’identique », explique Renée d’Amours.

Autre aspect fondamental pour réussir un projet audacieux d’une telle envergure, selon elle : la dualité entre les proportions. Celles de l’agrandissement et de l’existant se répondent. La maison est assez massive et c’est aussi le cas de la rallonge ; la galerie allège la première et le verre, la seconde. Les couleurs s’opposent aussi sans heurter l’œil pour autant. « Je pense que ce qui fait qu’un projet est beau est dû aux proportions. Peu importe le style, c’est l’équilibre entre les volumes qui crée l’esthétisme », croit l’architecte.