Si la façade du 7915 est semblable à celles des autres immeubles qui bordent la rue Saint-Denis, dans Villeray, dès qu’on franchit la porte, on comprend à quel point l’endroit est unique. On y découvre un univers de luxe et de lumière, conçu sur mesure pour les besoins d’une passionnée d’art.

« Je peins depuis l’âge de 9 ans. Je suis dans les arts depuis toujours et je ne peux pas — je ne veux pas — m’en sortir non plus ! Même si je déménage à la campagne, il y aura autant de tableaux parce que c’est ce qui me fait vibrer. C’est ma folie, ma passion », raconte l’artiste qui habite ces lieux aux airs de galerie d’art.

Colette Richelieu a déjà eu plusieurs vies. D’abord propriétaire d’un salon de beauté et d’une boutique de prêt-à-porter pendant 25 ans, elle s’est ensuite exilée à la campagne pour pratiquer l’art-thérapie et peindre. Son projet de semi-retraite a finalement échoué : la ville a eu tôt fait de la rattraper. Le travail aussi, d’ailleurs. « J’ai vécu ma retraite suffisamment pour savoir ce que c’est. Assez, aussi, pour savoir que ce n’est pas pour moi. J’ai besoin de projets, dit-elle. Je ne suis pas tuable ! »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Colette Richelieu

De retour à Montréal, la citadine a commencé à organiser des événements pour exposer ses propres tableaux. Jusqu’à ce qu’elle entende parler d’une galerie d’art à vendre. Une semaine plus tard, elle en devenait propriétaire et commençait une nouvelle carrière en tant que galeriste et conseillère en œuvres d’art. C’était il y a bientôt 20 ans. La Galerie Richelieu représente maintenant 80 artistes.

S’entourer de beauté

Il y a une dizaine d’années, Colette Richelieu a commencé à lorgner l’immeuble adjacent à son commerce afin d’en faire son domicile. La bâtisse comportait un espace commercial de 1000 pi2 au rez-de-chaussée et un cinq- pièces à l’étage. À l’arrière, de vieux garages tombaient en ruine. Elle a opté pour une remise à neuf complète : tout y a passé pour donner place à un vaste domicile de plus de 4500 pi2, incluant un espace commercial qui a pignon sur la rue Saint-Denis. C’est cet ensemble qu’elle souhaite vendre aujourd’hui.

Autodidacte et artiste dans l’âme, elle a dessiné les plans de cette maison et dirigé elle-même les travaux. Son décor est aéré et lumineux, pour combler ses besoins d’espace et accrocher ses œuvres d’art. 

« C’est un cocon qui est différent, mais qui pourrait devenir mille et une choses. Il pourrait convenir à un professionnel qui voudrait installer ses bureaux à l’avant et vivre dans l’espace arrière et à l’étage, par exemple. » 

Le terrain voisin, vendu avec l’immeuble, est actuellement occupé par le stationnement et est constructible. On pourrait aussi y imaginer un jardin et une grande terrasse.

On pénètre dans la maison par l’espace commercial ou par une porte discrète qui mène à l’étage et donne sur la rue. On peut encore emprunter le stationnement pour accéder directement au salon de réception qui fait parfois office de salle d’exposition. Dans cet espace, les clients peuvent visualiser les œuvres dans un décor de maison. La pièce est surmontée d’un immense puits de lumière qui met en valeur les tableaux exposés. « On me disait que ce n’était pas possible de mettre un aussi grand puits de lumière. J’en ai fait installer quatre ! », raconte celle que rien n’arrête.

Un somptueux escalier que la propriétaire a voulu large et confortable, avec ses marches basses, est la pièce maîtresse de la maison. En l’empruntant, on découvre la salle à manger et la chambre principale, installées sur la mezzanine, et l’aire de vie commune qui peut être isolée, au besoin, derrière des portes givrées. Du rez-de-chaussée, on descend un autre escalier qui mène à la grande salle familiale située au sous-sol.

La cuisine, dotée d’un grand îlot en quartz auquel se greffe une table en granit, offre une surface généreuse pour cuisiner. Pourtant… « En 10 ans, elle n’a servi qu’une fois pour faire cuire une tourtière prête à manger », confesse la galeriste, visiblement plus à l’aise parmi ses tableaux que devant son four à induction, comme en font foi les étiquettes encore collées sur plusieurs accessoires de cuisine.

Se nourrir de passions

« La galerie est devenue ma maison, et la maison est devenue ma galerie, dit-elle. Je travaille sept jours sur sept depuis plus de 20 ans et je n’ai pas pris de vacances depuis. » Quand on évoque son âge, elle répond qu’elle a celui que les retraités ont. Mais la retraite… Pour faire quoi ? « La chose que j’aime, c’est être dans les arts. Quand je rentre dans ma galerie le matin et que le soleil passe à travers, je me dis que je suis au paradis. »

Cette occupation lui laisse cependant peu de temps pour d’autres passions, comme sa peinture. Elle aimerait maintenant reprendre ses pinceaux au moins une ou deux journées par semaine. Le seul moyen de le faire, estime-t-elle, est de s’éloigner suffisamment pour ne plus être tentée. « J’ai vraiment pensé pouvoir opérer la galerie et peindre, mais j’ai compris que je ne suis pas assez sage pour départir les deux. Je ne suis pas capable de dire non à mes artistes. »

Mais elle croit, dit-elle, en sa destinée. « Si je vends, j’irai faire autre chose. Si je ne vends pas, c’est que je n’étais pas due. Je ne suis pas malheureuse. Moi, je vis de création, de nouveauté et de beauté. Dans cette galerie, je suis entourée de tout ce que j’aime. »

Colette Richelieu a déjà eu plusieurs vies. Elle en connaîtra sûrement d’autres.

La propriété en bref 

Prix demandé : 2 395 000 $ 

Année de construction : 1923

Terrain : 2453 pi2 (bâti) + 2050 pi2 (vacant)

Inclusions : Un espace commercial qui sert de galerie d’art (40 % de l’immeuble) et un espace résidentiel (60 %). Comprend une chambre à coucher, 2 salles de bains, 2 salles d’eau, une cuisine équipée d’électroménagers haut de gamme, 2 foyers au gaz et un lot vacant présentement utilisé comme stationnement.

Impôt foncier (2018) : 19 366 $

Taxe scolaire (2019) : 1695 $

Courtière : Marie-Yvonne Paint, 514 933-5888

Consultez la fiche de la propriété : https://mypaint.ca/listings/rue-st-denis-villeray-saint-michel-parc-extension-montreal-h2r2g2/