Dimanche matin, 11 h. Vous recevez un texto de votre courtier. Des visiteurs vont se pointer dans un peu plus de deux heures. Le ménage n'est pas fait, les planchers sont sales. Vite, il faut agir... sous peine d'avoir une offre moins alléchante.

Si votre propriété est à vendre, vous n'êtes pas le seul à avoir des palpitations le jour d'une visite organisée à la dernière minute.

Des questions se mettent alors à fuser de toutes parts : les visiteurs vont-ils passer la remarque à votre courtier que la maison manque d'amour ? Que les espaces de rangement débordent ? Que les fenêtres n'ont pas été passées au Windex depuis des mois ?

« C'est certain que les acheteurs vont se montrer plus hésitants si c'est le bordel dans la maison ou le condo, soulève Nathalie Audet, de RE/MAX Alliance, rue Beaubien, dans le quartier Rosemont. Ils vont davantage négocier le prix, surtout ceux qui sont plus sensibles à la propreté. »

Récemment, elle a vu un acheteur d'une « très belle propriété de 1 million » faire demi-tour « parce que ça sentait mauvais en entrant dans la maison » !

« Je dis à mes vendeurs de se mettre dans la peau des acheteurs. Personne n'aime sentir l'odeur de la cigarette dans une maison. On achète avec ses cinq sens. Le coup d'oeil est important. La propreté vient en premier lieu. »

- Nathalie Audet

La première impression

Chose certaine, nombreux sont les acheteurs potentiels qui se fient à leur première impression dès qu'ils entrent dans une propriété. S'ils constatent que c'est « négligé », ils vont se demander si ça cache d'autres problèmes plus sérieux.

« Un vendeur peut perdre une vente, à la limite perdre quelques milliers de dollars, si sa maison est embourbée, si l'acheteur a du mal à imaginer la véritable grandeur des pièces de la maison », observe Eddy Gervais, courtier RE/MAX à Blainville, au nord de Montréal.

Selon son expérience du marché, les acheteurs veulent avoir un coup de coeur quasi immédiat en visitant la propriété convoitée. « Ils n'aiment pas voir de la vaisselle sur le comptoir et des planchers noircis par l'usure », dit-il pour faire image.

En règle générale, cependant, ses clients-vendeurs se ramassent et font le ménage pour recevoir la « visite ». « On voit qu'ils font des efforts pour rendre la propriété accueillante, ajoute-t-il. On devine qu'ils sont influencés par toutes ces émissions de télé sur l'immobilier. »

Une vision des choses que partage Marc-André Bourdon, qui fait de l'immobilier depuis 30 ans. « On répète à nos clients de faire des efforts pour désencombrer la propriété », dit le courtier RE/MAX actif dans le secteur de Boucherville.

Son bureau de courtage a même une employée à temps plein qui voit à ce que les maisons inscrites soient attrayantes ! « C'est une foule de petits détails qui font la différence, souligne-t-il. Ça permet de vendre plus vite, plus cher, si on prend le temps d'enlever les tapis qui recouvrent le plancher de bois franc, si on rafraîchit les murs avec de la peinture, un beau blanc-gris, par exemple. »

Ah, la propreté !

Jeannette Trudeau-Piccini reconnaît pour sa part que la question touchant la propreté des lieux est « un sujet délicat », mais tout de même incontournable. « On ne peut pas dire au client : "Votre maison n'est pas propre !", mais on peut suggérer que ce serait bien de faire le ménage, de laver les fenêtres... »

« C'est tellement important, fait-elle valoir. Ça joue sur le prix d'acquisition. Il arrive que les acheteurs nous en fassent la remarque, dans un sens ou dans l'autre. Ils veulent une maison clés en main ! »

Cela fait 40 ans qu'elle est dans le métier. Selon elle, les acheteurs sont « beaucoup plus exigeants qu'avant parce qu'ils ont accès à beaucoup plus d'informations [en naviguant] sur les sites web des firmes immobilières ».

On ne se contente plus de « magasiner » une maison devant son ordinateur ; on « entre » désormais dans les pièces de la maison.