Vous venez d’apprendre que votre maison est raccordée au réseau de distribution d’eau municipal par une conduite de plomb ? Nous avons sondé des firmes d’excavation et de plomberie pour faire le point.

« Le téléphone ne dérougit pas ! La question du plomb dans les conduites d’eau, ça fait paniquer pas mal de monde », constate Annie Desormiers, copropriétaire de la firme Desormiers Excavation. La semaine dernière, alors que son frère Stéphane effectuait des travaux de creusage dans un quartier montréalais, le propriétaire d’une maison est venu le voir pour lui demander d’aller vérifier la conduite d’eau. « Il lui a dit, tout énervé : “Venez voir, venez voir si mes tuyaux sont en fer ou en plomb !”, raconte-t-elle. Il y a chez ces gens un sentiment d’urgence depuis que la mairesse [Valérie] Plante a annoncé qu’elle allait remplacer les [vieilles] conduites d’eau. »

Annie Desormiers ne cache pas, toutefois, que leur remplacement peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y paraît.

Je dis à mes clients que je calcule « la misère » quand je vais les voir pour évaluer les travaux. Parfois, il faut même relocaliser la plomberie. Mais, généralement, ça se passe sans trop de mauvaises surprises.

Annie Desormiers, copropriétaire de la firme Desormiers Excavation

Marc Collin, à la tête de Plomberie-Excavation Chronos, reçoit lui aussi, depuis peu, de très nombreux appels de clients qui souhaitent faire « changer la ligne d’eau » en plomb. « Avant la sortie publique de la mairesse de Montréal, c’était un appel ou deux par semaine. Là, ça peut aller jusqu’à six appels par jour. C’est certain que les gens sont plus sensibilisés. Ils veulent savoir comment s’y prendre pour se conformer. » Selon lui, les clients inquiets sont, la plupart du temps, des propriétaires résidentiels qui veulent avoir « une deuxième opinion ». « Auparavant, dit-il, ils en ont discuté avec l’entrepreneur chargé de creuser les conduites pour la Ville de Montréal. »

Il ajoute : « On a également des clients qui ont mis en vente leur propriété et qui se font dire par l’inspecteur en bâtiment que l’entrée d’eau est au plomb. Ils procèdent [aux travaux] pour être en règle. »

La facture à payer, pour un tel remplacement, variera selon la complexité du travail à effectuer. Si on peut régler le problème en tirant une nouvelle ligne d’eau sans trop excaver, ça peut coûter de 1500 à 2000 $. Mais, en moyenne, on déboursera entre 3500 et 4000 $

Marc Collin, de Plomberie-Excavation Chronos

Pas un surplus de travail 

De son côté, le plombier Stéphane Jacques, qui dirige sa propre entreprise, ne s’attend pas à un surplus de travail, en dépit des intentions de la Ville de Montréal de changer le plomb par le cuivre ou le plastique. « Ça va se faire sur une longue période de temps, prévoit-il. La Ville va laisser le temps aux propriétaires pour faire la transition, et nous, les plombiers, on va se partager le travail. »

Il concède que les plombiers ne sont pas ceux qui vont faire le plus d’argent dans cette opération de remplacement. « La partie plomberie, à l’intérieur de la propriété, précise-t-il, c’est seulement deux heures d’ouvrage, à deux plombiers, pour le raccordement. On parle d’une dépense [relativement] minime [à comparer avec les coûts d’excavation qui demandent de la machinerie]. »

Le mot de la fin appartient au plombier Gaston Fortin, actif dans la région de Québec. « Une entrée d’eau qui pète et qui coule, on ne répare pas ça ! On la change, encore plus si elle est en plomb ! » Jusqu’à présent, il estime en avoir changé une dizaine par année, tout au plus, sur une centaine. Il faudra voir si la médiatisation de cette question de santé publique modifiera cette statistique…