Un immeuble en copropriété dans L’Île-des-Sœurs se distingue en devenant le premier, au Québec, à pouvoir alimenter jusqu’à 120 voitures électriques. Cinq bornes ont été installées jusqu’à présent, aux frais des utilisateurs. L’infrastructure sera en mesure de répondre à la demande au fur et à mesure qu’elle progressera.

Les copropriétaires de la phase V des Verrières sur le fleuve ont fait un geste pour l’environnement. Ils ont aussi rendu leur édifice plus attrayant pour des acheteurs potentiels, assurés d’avoir accès à leur propre borne de recharge, fait remarquer Jan Towarnicki, directeur général d’AutoGestion Verrières (phases I à V).

« Nous sommes les premiers à offrir cette possibilité à autant de gens, indique-t-il. L’immeuble a 30 ans et est en meilleure position que bien des édifices neufs à cet égard. C’est signe que le conseil d’administration a très bien géré son actif immobilier. »

Il y a 10 ans, explique-t-il, le conseil (toujours présidé par Patrick Kenniff) a décidé d’investir dans des programmes d’économie d’énergie. Ceux-ci ont permis de réduire, dans les cinq bâtiments, les frais occasionnés par le chauffage des espaces communs et la climatisation des appartements. Des systèmes de récupération de la chaleur de l’air vicié (provenant, par exemple, des hottes de cuisine) ont été installés, ainsi que des variateurs de vitesse sur les pompes de climatisation, ce qui génère des économies annuelles de 250 000 $ (dont environ 60 000 $ pour Verrières V) dont profitent aujourd’hui les copropriétaires.

Ces mêmes économies d’énergie s’avèrent dorénavant fort utiles : elles permettent de dégager la quantité de kilowattheures nécessaire pour alimenter jusqu’à 120 voitures.

« Au départ, le but était d’économiser de l’argent. Le surplus de kilowattheures était abstrait. Maintenant, il permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. »

Processus ardu

Désirant anticiper l’avenir, le conseil d’administration des Verrières sur le fleuve a créé un groupe d’étude avec des représentants des cinq bâtiments du complexe. Les premiers à donner leur accord ont été les copropriétaires des 193 unités de Verrières V, dont environ 70 ont manifesté l’intention d’acheter un véhicule électrique dans un avenir plus ou moins rapproché. Or, il a fallu mettre beaucoup d’efforts pour obtenir la double majorité requise lors d’une assemblée spéciale pendant l’été 2018.

« Les gens qui ne sont pas intéressés ne se donnent pas la peine de lire l’information distribuée, déplore M. Towarnicki, qui est également le président du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ). Il y a eu des réunions, des bénévoles ont fait beaucoup de porte-à-porte pour expliquer le fonctionnement des bornes et assurer que le syndicat ne paierait rien. Ç’a été long, il a fallu collecter des procurations pour que 75 % des copropriétaires soient présents ou représentés. Heureusement, le projet de loi 16 prévoit une simplification du calcul des voix pour amender la déclaration de copropriété. »

L’équipe du réseau de recharge Flo a accompagné le conseil d’administration du complexe tout au long du processus, entamé en 2017. Le réseau relève d’AddÉnergie, l’entreprise québécoise qui conçoit et fabrique les bornes de recharge intelligentes de niveau 2 mises en place.

Selon Pascal Fridmann, directeur régional chez Flo pour l’est du Canada, le complexe pourra servir d’exemple, même si chaque copropriété est différente et a une capacité énergétique particulière.

« On fait du sur-mesure », précise-t-il.

Et le marché évolue. « On est de plus en plus consultés, constate-t-il. C’est très positif pour l’avenir. »

Verrières V est l’un des premiers immeubles en copropriété desservis par le réseau, l’un des plus importants du Canada. Le système est basé sur un mode utilisateur-payeur. « Il satisfait ceux qui ont un véhicule électrique sans gêner ceux qui ne sont pas intéressés », fait remarquer M. Fridmann.

C’est le même principe qu’un abonnement au téléphone ou à la câblodistribution, explique Jan Towarnicki. Les copropriétaires ont leur borne de recharge dans leur propre espace de stationnement. Les appareils seront installés au gré de la demande et seules les personnes concernées sont facturées.

Selon le président de la RGCQ, les promoteurs et les constructeurs de tours d’habitation devraient être obligés de prévoir un plus grand nombre de bornes de recharge. « Il faudrait que les panneaux électriques en tiennent compte dès l’élaboration des plans, dit-il. Il faut que cela se fasse si on veut favoriser l’électrification du transport. »