Une transaction immobilière peut impliquer de nombreux professionnels, dont le rôle n'est pas toujours bien connu. Rencontres.

L'expert

Hugues Poirier, photographe immobilier

Il est photographe depuis 20 ans, spécialiste en immobilier depuis 5 ans.

On dit souvent qu'on achète avec les yeux et qu'une image vaut 1000 mots. Le secteur immobilier ne fait pas exception à cette règle et est même plus souvent la norme que l'exception, surtout que 85 % des futurs acheteurs magasinent d'abord sur des plateformes internet comme Centris. Le travail d'Hugues Poirier, photographe depuis plus de 20 ans et spécialiste en immobilier depuis 5 ans, est justement de donner un effet «wow» à votre demeure... tout en respectant la réalité.

Pourquoi avoir recours à un photographe?

Ce sont les courtiers immobiliers qui ont recours aux services du photographe immobilier. Leur but est qu'il prenne des images qui feront vendre. Pourquoi les courtiers ne s'acquittent-ils pas eux-mêmes de cette tâche? «Ce n'est pas parce qu'il est plus facile que jamais de prendre des photos que le résultat sera nécessairement à la hauteur. Il y a des notions de lumière, de cadrage, d'angle qu'il faut prendre en compte. C'est le bon vieux classique de chacun son métier», affirme Hugues Poirier. Le photographe ne choisit donc pas les gens chez qui il ira prendre des images. «Je reçois un texto avec les coordonnées. Je contacte les gens pour prendre rendez-vous et leur donne mes recommandations. Je vais toujours chez eux de jour pour donner une idée de l'éclairage ambiant. En entrant, je sais où je m'en vais et quels seront les problèmes. Il me faut une heure sur place et, ensuite, environ 1 h 30 min pour le travail de correction à l'ordinateur.»

Sur le terrain

Hugues Poirier est catégorique, son travail n'est pas de faire des photos de magazine, mais bien de présenter une demeure pour que les gens puissent s'y projeter et s'imaginer y vivre. «Si on faisait des photos de magazine, on axerait sur des éléments précis comme un lavabo, la décoration, mais le but est de présenter le maximum d'espace, de maximiser les angles. Ce qu'on veut voir, c'est la grandeur des pièces, le plancher et non les petits détails.»

Dans sa pratique, le photographe raconte qu'il peut classer les clients en deux catégories, les ordonnés et les bordéliques. «Il y a des gens qui n'ont rien rangé avant que j'arrive. Mes photos ne doivent pas montrer comment vous vivez, mais comment les gens peuvent vivre chez vous.» S'il lui arrive de déplacer des choses comme des plantes ou des armoires qui obstruent la vue, Hugues Poirier ne veut pas qu'on le considère comme un déménageur. «Ce n'est pas à moi de tout déplacer dans une maison ou de faire le ménage.» Malgré tout, il admet qu'il lui est déjà arrivé d'aider une cliente à bout. «C'était le bordel total. On est allés chercher des boîtes et nous lui avons donné un coup de main.»

Évidemment, le professionnel doit user de diplomatie lorsqu'il doit demander d'enlever les signes religieux et des éléments plus personnels. «C'est délicat, il ne faut pas gêner le client, mais en même temps, cela peut offusquer certains possibles acheteurs.»

Conseils de pros

Un photographe ne peut pas changer les divisions d'une demeure et doit faire avec les saisons. «Un abri Tempo, ce n'est pas beau, mais on ne va pas demander de l'enlever. Il y a des choses avec lesquelles on doit vivre.» Ce que le professionnel recommande toutefois avant son arrivée est, par exemple, de retirer les tapis d'entrée, de dégager les comptoirs et les planchers, de faire les lits, d'ouvrir les rideaux, de retirer les images et les articles personnels. En gros, d'épurer et de désencombrer la maison afin de la rendre la plus neutre possible. «Mettez ça propre et beau. On ne veut pas voir de murs sales, de sauce à spaghetti sur un dosseret, ni de bol de céréales sur la table. La pire distraction, la boîte de mouchoirs! Si vous avez trop de choses, pourquoi ne pas entreposer le tout quelque temps? On doit pouvoir circuler facilement. Parfois, le home staging peut être une avenue payante», explique le photographe. Pour réchauffer l'ambiance, le professionnel suggère de porter une attention à l'éclairage et de s'assurer qu'il y a des ampoules dans chaque lampe et plafonnier, et d'allumer ceux-ci.

Combien ça coûte?

Étant donné que ce sont les courtiers immobiliers qui recourent aux services d'un photographe professionnel, ce sont eux qui paient la facture. Les honoraires se calculent en fonction du nombre d'images. Ceux-ci varient d'un professionnel à l'autre et selon les frais de correction. Hugues Poirier estime à 100 $ le coût pour 24 images, un tarif qui peut grimper jusqu'à 200 $ pour plus de 35 images.

De bonnes photos aident à vendre, mais ce n'est pas une garantie. Dans ce pays de quatre saisons, Hugues Poirier souligne que si les images ont été prises en hiver ou en été et que cette saison est terminée, il y a de fortes chances qu'il doive se déplacer de nouveau pour prendre des images plus actuelles.