Pour mettre fin à la situation « bordélique » qui dure « depuis trop longtemps » dans la copropriété au Québec, le prochain gouvernement devra passer à l'action « rapidement », a lancé cette semaine Me Yves Joli-Coeur, secrétaire général du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ), après avoir assisté à un débat électoral sur l'habitation auquel ont participé les représentants des quatre formations politiques.

« Ça fait trop longtemps qu'on attend une loi et qu'il ne se passe rien, a-t-il confié à La Presse.

« Chose certaine, a-t-il ajouté, il nous faut une loi sur la copropriété qui viendra corriger des problèmes sérieux et il ne faut pas penser que ce qui a été présenté par [la ministre responsable de l'Habitation] Lise Thériault, c'est la pilule magique. »

Questionnée à ce sujet par La Presse, la députée sortante d'Anjou-Louis-Riel considère avoir « fait le travail » en déposant le projet de loi 401 visant à réformer, entre autres, la copropriété, bien qu'elle constate que son « oeuvre » reste « inachevée », puisque le projet de loi est mort au feuilleton lors de la dernière session parlementaire.

« Il va falloir passer à l'action, c'est certain, pour protéger les acheteurs de condos, souvent des jeunes, qui en sont à leur première acquisition. On pourrait obliger les vendeurs à fournir à l'acheteur un carnet d'entretien de l'immeuble », dit-elle.

Les enjeux touchant la copropriété vont de la gouvernance aux fonds de prévoyance, à la gestion des immeubles et au règlement des litiges entre copropriétaires.

TROP DE TEMPS POUR AGIR

Quoi qu'il en soit, la péquiste Carole Poirier, députée sortante d'Hochelaga-Maisonneuve, n'en démord pas. Le gouvernement [Couillard], dit-elle, a mis « trop de temps » pour agir et pour mettre en place « des règles claires » afin de mieux encadrer la copropriété.

« Quatre ans pour avoir une loi... Ça fait trop longtemps qu'on l'attend », a-t-elle déploré, faisant allusion à l'inaction du gouvernement et aux critiques formulées par ceux qui réclament une réforme en profondeur.

Mario Laframboise, député sortant de Blainville à la CAQ, concède qu'il y a des « problèmes majeurs » qu'il faut aborder de front et qu'il « ne faut pas attendre dans trois ans » pour les résoudre. « Nous pensons qu'il faudra confier à un tribunal administratif le mandat de régler les litiges », a-t-il évoqué.

Simon Charron, candidat de Québec solidaire dans Sainte-Rose, a convenu qu'il est de plus en plus difficile d'accéder à la propriété. Il a surtout mis l'accent sur les logements sociaux pour répondre aux besoins criants qui se font sentir un peu partout au Québec.

UN « VRAI » MINISTÈRE

Par ailleurs, dans l'attente d'une véritable réforme de l'habitation, la ministre « sans portefeuille » Lise Thériault a dit souhaiter que le prochain gouvernement favorise la création d'un « vrai ministère de l'Habitation » disposant des crédits nécessaires pour « faire avancer les dossiers ».

Elle a pris les devants en déclarant à La Presse : « C'est sûr que j'aurais le goût [d'être nommée à la tête d'un nouveau ministère], mais j'irai là où le premier ministre me dira d'aller. »

Carole Poirier, du Parti québécois, considère, elle aussi, qu'il faut donner du poids à ce domaine - qui génère une activité économique annuelle de 29 milliards.

« Il y aura [dans un gouvernement péquiste] un ministre en titre de l'Habitation, on l'a déjà annoncé », a rappelé la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, tout en insistant sur l'importance d'une « stratégie favorisant l'accès à la propriété ».

Même son de cloche du député de la Coalition avenir Québec, Mario Laframboise, qui ne cache pas, toutefois, que son chef, François Legault, souhaite réduire la taille du prochain gouvernement.

« Je veux un ministère de la Construction et de l'Habitation, mais qu'est-ce que M. Legault va faire ? Est-ce que mon voeu sera réalisé ? »

À un peu plus d'une semaine du scrutin, tout reste encore possible.