Un nuage de mécontentement plane au-dessus de la tête de bien des courtiers. Irrités par des publicités qu'ils estiment négatives pour leur profession, ils souhaitent notamment que la Fédération des chambres immobilière du Québec (FCIQ) mette en place des actions concrètes pour redorer le blason de leur métier.

La campagne publicitaire qui a mis le feu aux poudres est celle de l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ). Visible entre autres dans le métro de Montréal, elle pose la question: «Votre courtier immobilier agit-il en toute conformité et intégrité?»

«Cette publicité est hargneuse à notre endroit, croit Steve Léveillée, courtier immobilier pour KW Prestige. On comprend le rôle de protection du public de l'OACIQ, mais là, on remet carrément en doute les courtiers.»

De son côté, l'OACIQ se porte à la défense de sa campagne. «Cette campagne publicitaire a été conçue afin de faire connaître au public l'OACIQ et son rôle de régulateur dans le domaine du courtage immobilier et hypothécaire. L'objectif de nos interventions est donc d'attirer l'attention du public et de l'inviter à consulter notre site web pour y découvrir les protections qui lui sont offertes par la loi. En aucun cas, l'intention n'était de mettre en doute le rôle du courtier», précise Marie-Pierre Laflamme, conseillère aux communications à l'OACIQ.

Patrick Juanéda, président de la FCIQ, estime que la publicité de l'OACIQ est néanmoins maladroite.

«Le rôle de l'OACIQ est de protéger le public et on est d'accord avec cela, mais leur campagne de promotion a été malhabile. Elle a été mal reçue par les courtiers et nous le leur avons signifié.»

Le président est toutefois conscient qu'il ne s'agit pas de la seule publicité controversée au sein de l'industrie. Une récente campagne, conçue pour la FCIQ et baptisée «L'immobilier n'est pas un jeu d'enfant», attire elle aussi son lot de critiques.

Aux yeux de Steve Léveillée et de deux de ses collègues, Luc Vaillancourt, courtier pour Via Capital Laval, et Claude Turgeon, courtier dans la région de Québec, cette campagne est en effet infantile et n'atteint pas sa cible.

«On aimerait une campagne qui représente plus le travail du courtier et sa valeur. On est dans la vie des gens pas uniquement lors de l'achat ou de la vente, mais aussi lorsqu'un dégât d'eau survient, par exemple. Nous sommes les premières personnes toujours au front et c'est ce que l'on veut qui soit représenté, soit une meilleure image de la profession. Il faut sortir la machine marketing», affirme Claude Turgeon, approuvé par ses collègues.

M. Juanéda réplique que cette campagne est en fin de vie, mais qu'elle a atteint l'objectif visé, soit de faire comprendre aux futurs acheteurs et vendeurs qu'on ne peut pas s'improviser courtier immobilier. «Il y a eu un comité qui a travaillé à l'élaboration de cette image, dont les deux tiers étaient formés de courtiers qui sont sur le terrain. Une autre campagne est à prévoir et les commentaires des membres seront évidemment pris en compte.»

Vers une fusion des chambres

Autre sujet de mécontentement, le manque d'unité au sein de la profession. Au Québec, chaque région compte sa propre chambre immobilière. D'un endroit à un autre, les services offerts aux membres ne sont donc pas toujours les mêmes. Une fusion des chambres accroîtrait le pouvoir du groupe, croient les trois courtiers que nous avons rencontrés. «Nous sommes 14 000 courtiers dans la province. Ensemble, on pourrait élargir notre force d'impact pour pouvoir mettre sur pied des programmes d'aide, de services, d'assurances. Établir des ententes de service, etc.», estiment MM. Léveillée, Vaillancourt et Turgeon.

La chambre immobilière du Grand Montréal, la chambre immobilière de Québec et la chambre immobilière des Laurentides ont d'ailleurs informé le conseil d'administration de la FCIQ de leur volonté de proposer un nouveau modèle associatif provincial visant à regrouper tous les courtiers immobiliers du Québec.

«La proposition est là. Au bout du compte, ce sont les courtiers qui doivent prendre cette décision. Une consultation des membres s'avère nécessaire afin que leurs préoccupations soient entendues. Il faut analyser la situation dans son ensemble. La position de l'organisation sera annoncée prochainement», explique Patrick Juanéda.