Partout au Québec, des groupes caressent le même rêve : créer un milieu de vie où régneraient la solidarité et le respect, et où les habitations seraient abordables.

La Confédération québécoise des coopératives d'habitation ainsi que des fédérations qui en sont membres travaillent depuis plus de cinq ans pour mettre sur pied un programme innovateur, qui permettrait l'éclosion de coopératives de propriétaires. Un premier projet pourrait bientôt voir le jour, à Sherbrooke.

L'idée a commencé à germer en 2012, au cours de l'Année internationale des coopératives. « L'Organisation des Nations unies a souligné le rôle des coopératives d'habitation en tant qu'acteurs pour un monde meilleur », indique Guillaume Brien, directeur général de la Fédération des coopératives d'habitation de l'Estrie.

« En faisant des recherches, on a réalisé que dans d'autres pays, les coopératives d'habitation représentent plus de 20 % de tout ce qui est offert sur le marché, comparativement à 2 % au Québec. »

- Guillaume Brien

« Ici, on connaît surtout des coopératives d'habitation locatives, mais on a vu ailleurs des formules de condos-coop, avec les mêmes valeurs et la même volonté de penser au prochain. »

Un déclic s'est fait. Le besoin de faciliter l'accès à la propriété ne fait plus de doute, dans un contexte où le prix des habitations augmente à un rythme beaucoup plus élevé que les salaires.

Mais beaucoup de détails devaient être considérés avant qu'un premier projet ne se concrétise. Il fallait trouver une formule qui s'inscrirait dans l'esprit coopératif et permettrait à divers types de clientèle d'acheter une propriété à un prix de 25 à 30 % inférieur à celui du marché, sans donner lieu à la spéculation. Il fallait en effet s'assurer que les habitations demeurent aussi abordables pour les acheteurs suivants, qui désireraient à leur tour s'impliquer et contribuer à rendre leur milieu de vie agréable.

Conclusion : les membres de telles coopératives achèteront l'usufruit, soit le droit de profiter de leur habitation et d'en tirer des revenus, mais non d'en disposer. Lors de la revente à la coopérative (toujours propriétaire de l'immeuble), les membres effectueront un certain profit, lié essentiellement à l'appréciation de la valeur de l'habitation au fil des ans, puisque celle-ci devra encore se vendre à un prix de 25 à 30 % moins cher que celui du marché.

UN PREMIER PROJET-PILOTE

Le Fonds coop accès proprio (FCAP) a été créé. L'an dernier, un premier partenaire financier a levé la main, Fondaction, avec une somme de 5 millions. Le gouvernement du Québec s'est engagé à verser la même somme. Les dernières ficelles restent à attacher, mais un premier projet-pilote devrait bientôt aller de l'avant, croit Jocelyne Rouleau, directrice générale de la Confédération québécoise des coopératives d'habitation.

Il s'agit de l'un des trois projets de coopératives de propriétaires à Sherbrooke et dans les environs. Havre des pins ressemble à un projet de copropriété standard, explique Mme Rouleau. « On pourra réaliser une véritable étude de marché et faire des comparaisons », précise-t-elle.

Dans la première phase, deux immeubles comptant 24 logements chacun seront construits. Les prix devraient varier entre 120 000 $ et 180 000 $ selon la superficie, l'étage, l'achat ou non d'une place de stationnement, etc. Des charges mensuelles devront aussi être prévues afin d'assurer l'entretien à court et à long terme.

Les deux autres projets de coop sont plus originaux : la Coopérative des prés, à Waterville, comptera 15 logements répartis dans 4 bâtiments, qui viseront les certifications LEED et Novoclimat, et seront entourés de verdure. Le Petit Quartier, à Sherbrooke, rassemblera de son côté 73 minimaisons dans un environnement créé sur mesure pour favoriser l'entraide et le bon voisinage.

Pour en savoir davantage sur le Petit Quartier (et les deux autres projets pilotés par la Fédération des coopératives d'habitation de l'Estrie), une minimaison de 480 pi2 (16 pi sur 30 pi) pourra être visitée ce week-end au salon Expo Habitat de l'Estrie, à Sherbrooke.

Des projets de coopératives de propriétaires se préparent aussi notamment à Québec (projet du presbytère Saint-Roch) et en Montérégie.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES D’HABITATION DE L’ESTRIE

La Coopérative des prés, à Waterville, comptera 15 unités réparties dans 4 bâtiments, qui viseront les certifications LEED et Novoclimat, et seront entourés de verdure.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES COOPÉRATIVES D’HABITATION DE L’ESTRIE

Le Petit Quartier, à Sherbrooke, rassemblera 73 minimaisons dans un environnement créé sur mesure pour favoriser l'entraide et le bon voisinage.