Plusieurs craignaient un coup de frein brutal, mais c'est plutôt une accélération qui a marqué le marché immobilier québécois depuis le début de l'année. Les ventes ont grimpé dans presque toutes les grandes villes de la province - avec un bond impressionnant de 19 % à Gatineau - et elles ont même explosé de 50 % dans quelques petites municipalités, comme Sept-Îles et Mont-Tremblant. Explications.

CATASTROPHE ÉVITÉE

La Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) l'admet d'emblée : les résultats du premier trimestre sont « bien au-delà » de ses attentes. La FCIQ a craint le pire lorsqu'Ottawa a resserré les règles de prêts hypothécaires, l'automne dernier. Cette mesure a touché les acheteurs détenant une mise de fonds inférieure à 20 %, qui représentent une frange importante du marché au Québec. Les effets appréhendés semblent toutefois avoir été moins importants que prévu, puisque la province a affiché sa meilleure performance des cinq dernières années au premier trimestre. Le nombre de transactions a grimpé de 6 %, tandis que le prix des maisons unifamiliales a progressé de 3 %, indique la FCIQ dans son plus récent bilan.

« La hausse d'activité enregistrée au premier trimestre s'explique surtout par le dynamisme des acheteurs expérimentés, qui sont moins touchés par les nouvelles règles hypothécaires. La plupart ont accumulé au fil des ans une mise de fonds suffisante pour ne pas avoir besoin de recourir à l'assurance prêt hypothécaire », explique Paul Cardinal, directeur de l'analyse de marché à la FCIQ.

Le marché québécois au 1er trimestre

• 21 494 (+ 6 %): Nombre de transactions

• 240 000 $ (+ 3 %): Prix médian d'une maison unifamiliale

• 222 000 $ (+ 3 %): Prix médian d'une copropriété

• 355 000 $ (- 2 %): Prix médian d'un plex de 2 à 5 logements

• 75 156 (- 9 %): Nombre de propriétés à vendre sur Centris

• 5,99 milliards: Valeur totale des ventes immobilières

TOUS AZIMUTS

L'embellie du marché s'est manifestée aux quatre coins du Québec. Les plus grandes villes de la province ont presque toutes vu leurs ventes augmenter, notamment Gatineau (+ 19 %), Saguenay (+ 7 %), Montréal (+ 6 %), Québec (+ 5 %) et Sherbrooke (+ 4 %). Seule Trois-Rivières a enregistré une baisse (- 3 %). Le condo, bête noire du marché québécois depuis quelques années, a même surpassé les autres types de propriétés, avec un nombre de transactions en hausse de 13 %. Encore plus surprenant, quelques petites villes ont affiché une progression des ventes fulgurante : 

• Sept-Îles + 55 %

• Mont-Tremblant + 47 %

• Saint-Georges + 47 %

• Rivière-du-Loup + 36 %

• Rouyn-Noranda + 31 %

• Joliette + 21 %

• Saint-Sauveur + 21 %

LA CLÉ : L'EMPLOI...

Si le marché immobilier québécois n'a rien à voir avec celui de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique (où les prix grimpent dans les deux chiffres), sa croissance semble reposer sur des bases solides. Paul Cardinal souligne l'excellente tenue du marché de l'emploi, « qui ne dérougit pas ». On compte 92 200 postes de plus qu'à pareille date l'an dernier au Québec, tandis que le taux de chômage est descendu à 6,3 %, un creux historique. « De plus, après avoir fléchi en novembre, décembre et janvier derniers, la confiance des consommateurs québécois a rebondi en février et en mars. La combinaison de ces deux facteurs a pu avoir un impact sur le plan des ventes résidentielles et de la croissance des prix. »

... ET LES NOUVEAUX ARRIVANTS

En parallèle, le nombre de résidents non permanents a « explosé » à près de 11 000 l'an dernier, soit un sommet depuis 1988, a observé Paul Cardinal en se basant sur des chiffres de l'Institut de la statistique du Québec. « En tenant compte de ces résidents non permanents, le solde migratoire a crû de 65 % (45 608 en 2016 par rapport à 27 610 en 2015), ce qui a amené un plus grand nombre d'acheteurs potentiels sur le marché de la revente. »